Abla se plaît à faire jouxter plusieurs disciplines.
(Photo: Bassam Al-Zoghby)
Deux tableaux, grand format, exposés au Palais des arts, se complètent. Les couleurs gaies et les lettres arabes se chevauchent. On reconnaît tout de suite le style de l’artiste-peintre Mohamad Abla qui s’éloigne, cette fois-ci, de la thématique des foules et de la ville, pour évoquer plutôt l’alphabet arabe. Son oeuvre ne se base pas sur l’art de la calligraphie, proprement dit, mais plutôt sur
Al-Hurufiya (une discipline qui mise sur la forme de la lettre, sa disposition dans le tableau et sa relation avec le reste de l’alphabet arabe). «
Je ne suis pas vraiment convaincu de ce que l’on s’accorde à appeler Al-Hurufiya
. Mes deux tableaux cherchent plutôt la beauté et la valeur de la lettre arabe. Donc, je mise sur la beauté de l’écriture arabe et son esthétique », souligne le peintre.
Il y utilise le style d’écriture manuelle du thuluth. Toutes les lettres gardent la même taille et reflètent un certain mouvement. « Ceux qui visitent l’exposition peuvent saisir la beauté des formes et du mouvement, même s’ils n’arrivent pas à trouver le signifié ou peinent à déchiffrer le mot. J’ai voulu m’éloigner de la recherche du sens et la connotation des mots. J’ai voulu être libre et libérer aussi la lettre », estime le peintre qui n’a jamais exposé des oeuvres calligraphiques auparavant.
En effectuant des études en beaux-arts, Abla s’est déjà penché sur la calligraphie et a participé à plusieurs ateliers de formation. A partir de 2007, il a commencé à s’y intéresser de nouveau. Son travail vise plutôt le côté sacré de la calligraphie attachée à la religion musulmane. « Après ma participation à ce Forum de calligraphie, j’ai décidé de m’y plonger davantage », précise Abla qui a eu recours à différents styles et techniques : calligraphie, marbrure, peinture et collage. Les lettres écrites en thuluth résultent d’un atelier de travail avec le calligraphe traditionnel Hussein Abdel-Boddy. Les lettres ont été dessinées sur du papier blanc, ensuite, l’artiste a eu recours à la coloration ou la technique de la marbrure (encres flottantes dans un bassin d’eau pour colorer). Puis, les lettres sont coupées et collées sur la toile, créant des formes en mouvement. « Il ne faut jamais se limiter aux formes classiques », estime le peintre, toujours avide de nouvelles aventures artistiques .
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