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Chanter encore et toujours

May Sélim, Lundi, 03 juillet 2017

Le dramaturge Mahmoud Gamal et le metteur en scène Tamer Karam remettent l'éternel conflit entre le bien et le mal sur le tapis, dans Yawm An Qatalou Al-Ghénaa (le jour où l’on a tué le chant). La musique donne le ton au spectacle.

Chanter encore et toujours
La nouvelle Arche de Noé transporte les citoyens vers une terre de paix. (Photo :Bassam Al-Zoghby)

La voix rauque du comédien Nabil Al-Halafaoui nous plonge dans un conte qui se déroule dans un espace-temps indéfini. Il raconte l’histoire de deux frères, Mada et Silba, en quête de la vérité, et qui symbolisent le bien et le mal. Chacun d’eux cherche le salut, le bon chemin. Mada est un rêveur qui croit en la force du chant. Et Silba est plutôt de nature tyrannique. Il rejette l’amour, le chant et le droit à la pensée. Il impose ses règles aux habitants de la ville, comme s’il était le représentant de Dieu sur terre. C’est l’intrigue de la pièce de théâtre Yawm An Qatalou Al-Ghénaa (le jour où l’on a tué le chant), écrite par Mahmoud Gamal et mise en scène par Tamer Karam, actuellement sur les planches du théâtre Al-Talia.

Le bien et le mal
En fait, la pièce résume l’histoire de la vie sur terre et le conflit éternel entre le bien et le mal. Le dramaturge Mahmoud Gamal a écrit son texte en arabe classique, un peu dans le style des mythes gréco-romains. Les personnages empruntent également leurs traits de caractère dans les textes mythiques d’autrefois ou même dans l’histoire des religions. Ainsi on trouve le roi tyrannique qui se prend pour le messager de Dieu, le tueur qui sème la peur partout et le frère débonnaire qui rêve de construire un navire pour sauver ses compatriotes, à l’instar de l’Arche de Noé, etc.

L’histoire se situe, en plein désert, dans une société rudimentaire et fictive. Le temps n’est jamais déterminé, même si les habits trahissent un passé lointain. Une manière de rendre la pièce plus abstraite et de faire allusion au monde actuel.

Encore une fois, Tamer Karam opte dans sa mise en scène pour la forme musicale. Et ce, après avoir tenté le genre avec réussite, en signant Ici Antigone, l’an dernier. Après les entraînements nécessaires, toute l’équipe, sur les planches, chante correctement et capte l’attention des spectateurs. Ils le font avec brio, interprétant les compositions d’Ahmad Nabil et les paroles de Mahmoud Gamal, parsemées d’images métaphoriques et de messages universels. Même si le chant est interdit, les personnages sur scène ne cessent de fredonner le refrain « Le matin, le soleil se lève … », ou encore « Le navire est notre bouée de sauvetage ». Bref, le chant, dans ce monde plein de peur et de frustration, semble être le seul espoir. Il annonce le changement, précède les révolutions, semble-t-on affirmer.

Même si la pièce tombe dans le piège d’un message trop direct et trop idéal, elle ne perd jamais son attrait grâce à des scènes rapides et vives. Cela revient à la chorégraphie élaborée de Amr Al-Batrick, traduisant les scènes d’amour, les combats à l’épée, la construction du navire, la prière aveuglée dans le temple, etc. S’ajoute à cela le décor de Mohamad Saad qui nous transporte d’un milieu primitif et désertique à un temple gigantesque, etc.

La scène finale, celle du navire qui porte les habitants vers une nouvelle terre de paix et d’amour, est forte d’une scénographie assez riche. Le metteur en scène se sert des accessoires et de la disposition des comédiens, à différents niveaux, pour créer un navire gigantesque concrétisant l’espoir de tous à fuir la tyrannie. Les comédiens rament, chantent et regardent l’horizon. C’est la nouvelle Arche de Noé .

A partir du deuxième jour de la fête du petit Baïram, tous les soirs à 21h (relâche le mardi) sur les planches de la grande salle de Zaki Tolayamat, théâtre Al-Talia, place Ataba, centre-ville.

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