
Bouchra préparait le Festival de Gouna, durant la dernière édition de Cannes.
En marge des activités cannoises, trois initiatives cinématographiques arabes essayaient de trouver leur chemin. Les responsables de trois festivals arabes : Les Journées Cinématographiques de Carthage (JCC), le Festival international du film d’Amman et celui d’Al-Gouna, tentaient de gagner du terrain et d’ouvrir de nouveaux horizons. Commençons par le plus juvénile et le plus proche : le Festival de film de Gouna, dont la première édition est prévue du 22 au 29 septembre prochain sous le slogan Cinéma pour l’humanité. Se voulant une nouvelle vitrine pour cinéma en Egypte, l’événement est soutenu par des hommes d’affaires égyptiens et des sponsors corporatifs, dans le but de créer une nouvelle plate-forme, permettant aux cinéastes d’exprimer leurs idées et de s’engager avec des experts de l’industrie et des représentants des médias.
Il s’agit d’une initiative lancée par l’homme d’affaires égyptien Naguib Sawirès et l’actrice et productrice Bouchra, en collaboration avec un groupe de jeunes cinéastes et cinéphiles dont le réalisateur Amir Ramsès, le producteur Kamal Zadah avec Amr Mansi, organisateur d’événements, et le spécialiste iraqien des médias, Intichal Al-Tamimi. Le festival est créé essentiellement par les jeunes et pour les jeunes, d’où cette déclaration faite par Sawirès, lors d’une réception organisée à l’occasion de l’annonce de cette nouvelle manifestation à la dernière édition du Festival de Cannes : « Nos efforts porteront sur la mise en valeur du travail de cette nouvelle génération et de ces jeunes créateurs dans le domaine du cinéma égyptien et arabe ». Aspirant à ce que ce festival ait un impact positif sur la société et repositionne l’Egypte sur l’échiquier international, la direction du festival lui a choisi pour thème Cinéma pour l’humanité, voyant que l’art est capable d’anoblir l’humanité et de jeter la lumière sur ses différents problèmes.
Incubateur pour nouveaux talents
Pas loin de ces buts cinématographiques assez ambitieux, viennent ceux d’un autre festival arabe qui s’apprête à voir le jour : le Festival international du film d’Amman, dont la première édition est prévue entre les 20 et 25 juin 2018, dans la capitale jordanienne. Ayant pour but de devenir « un incubateur industriel important dans la région arabe », le Festival d’Amman, organisé à l’initiative de la Commission royale du cinéma de Jordanie, comprendra des sections compétitives pour les longs métrages narratifs et les documentaires, ainsi que pour les courts métrages dans les deux catégories. Une sélection de premières oeuvres internationales sera également organisée hors compétition, en même temps qu’un panorama dédié à des auteurs acclamés, mettant en lumière leurs débuts et leurs dernières oeuvres.
« Nous lançons ce festival avec le but de faire découvrir, soutenir et encourager des talents jordaniens et arabes prometteurs », a déclaré la princesse Rym Ali, présidente du Festival d’Amman, lors de son lancement à Cannes. « Nous cherchons à développer et à promouvoir le cinéma arabe qui reflète tout ce dont témoigne la région, en espérant que ce festival sera bientôt connu comme un espace cinématographique majeur et un foyer pour de nouveaux talents dans le monde arabe », a-t-elle souligné.
Refondation et retour aux sources
Enfin, c’était le tour de la manifestation la plus mûre de ces trois lueurs d’espoir cinématographiques : les Journées Cinématographiques de Carthage (JCC). Changeant de direction et bien sûr de vision, les responsables de cette manifestation cinématographique arabe, créée il y a 51 ans, ont exprimé leur désir de rebaptiser ces Journées qui auront lieu du 4 au 11 novembre prochain. Le producteur tunisien Néjib Ayed, qui a remplacé en février dernier Brahim Letaief à la tête des Journées cinématographiques de Carthage, ne cache pas son penchant pour un « retour à l’esprit militant des débuts » visant à promouvoir le cinéma d’auteur africain et arabe. Et ce, tout en se lançant dans une approche tricontinentale, prêtant une attention particulière aux cinémas d’Amérique latine et d’Asie. Ainsi, en plus de la traditionnelle compétition et des focus sur l’Algérie et l’Afrique du Sud, la prochaine édition proposera, selon lui, de « mettre particulièrement en évidence les cinématographies très dynamiques de l’Argentine et de la Corée du Sud ».
Le retour aux sources, d’après Ayed, implique aussi le retour à l’avenue Habib Bourguiba, qui sera le coeur du festival. « Plus de Palais de congrès, ni de soirées à la banlieue nord et des voitures esquissant les deux côtés de la capitale », insiste-t-il. D’autres innovations importantes dessinent cette nouvelle identité assez cinéphile : un doublement du montant des prix pour les films distingués par le palmarès, la recréation d’une section documentaire indépendante, tout avec l’organisation de colloques et discussions à destination des professionnels ou des cinéphiles, ainsi que l’apparition de nouveaux ateliers pour secourir les réalisateurs et les producteurs afin de mener à bien leurs projets, en plus d’une compétition à part entière pour les films d’école.
Ces trois nouvelles visions de festivals de cinéma pourront-elles relancer le septième art arabe, ou bien ce sera un superflu de glamour et de festivités souvent creuses ? La réponse est à détecter à travers les prochaines éditions .
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