N’éteins pas le soleil, un drame social à succès.
Le ramadan est par excellence la saison télévisuelle où de nouveaux talents sont découverts, certaines anciennes stars se confirment et où l’on peut juger des sujets marquant les tendances de l’opinion publique. Cette année, quelques grands noms ont disparu, bien qu’ils aient enregistré, précédemment, des chiffres record au niveau de l’audimat. C’est le cas du comédien Mohamad Ramadan, à titre d’exemple, sorti incontestablement gagnant l’an dernier, avec son feuilleton Al-Ostoura (la légende). Ce nouveau héros des classes populaires, touchant l’un des cachets les plus élevés, a choisi de s’éclipser, ne préférant pas peut-être tourner un feuilleton de plus parmi tant d’autres. D’ailleurs, certaines oeuvres ont été écartées du marathon, car n’ayant pas eu le temps de terminer le tournage ou fignoler le montage. Le temps presse, c’est la crise habituelle de tous les ans. Les créateurs mettent leur temps à former des équipes, à fournir les moyens financiers nécessaires, à contacter les responsables des diverses chaînes, et enfin de compte, se trouvent dans une course contre la montre.
Plus d’adaptation littéraire, moins de comédies
La crise économique n’a pas manqué de laisser son effet sur la production, de quoi avoir réduit le nombre des productions qui tablent autour de 31 oeuvres, diffusées sur plusieurs chaînes arabes. La baisse des cours de la livre égyptienne face au dollar a complètement changé la donne de la production et de la distribution. Et ce, malgré des recettes publicitaires colossales.
Depuis le Ramadan de l’an dernier, l’adaptation littéraire semble avoir le vent en poupe, notamment après le succès considérable du feuilleton Afrah Al-Qobba (les noces de Qobba), d’après le roman éponyme de Naguib Mahfouz. Les cinéastes ont voulu investir cet engouement, en projetant Wahet Al-Ghoroub (l’oasis du coucher), d’après le roman du même titre, signé il y a quelques années par Bahaa Taher. Toutefois, il faut signaler que la préparation de ce chef-d’oeuvre date d’un certain temps. La réalisatrice Kamla Abou-Zikri continue à coopérer avec la scénariste Mariam Naoum. Leur touche féminine avait déjà eu beaucoup d’échos, notamment avec le feuilleton Zat, adapté à partir du roman éponyme de Sonallah Ibrahim, qui a défrayé la chronique il y a juste quelques années, toujours durant le Ramadan.
L’Oasis du coucher se déroule sous l’occupation britannique, vers la fin du XIXe siècle. L’oeuvre abonde donc de projections et références politiques, mettant en scène un couple mixte : une femme irlandaise et un officier égyptien qui s’est joint à la révolte de Orabi contre les Anglais. Elle suscite vivement l’intérêt des critiques aussi bien que celui du public ordinaire, louant davantage ses qualités artistiques.
De même, figure La Totfeë Al-Chams (n’éteins pas le soleil), d’après un roman d’Ihsan Abdel-Qoddous, le célèbre écrivain romantique des années 1950-1960, ayant déjà servi de base pour un film et un feuilleton à succès dans les années 1960 et 1970. De quoi prêter sans doute à tant de comparaisons et à tant de défis que doit relever la nouvelle équipe. Mais celle-ci ne s’en tire pas mal, jusqu’ici. Cette version moderne du drame social, mettant en scène une famille nombreuse où tout un chacun trouve son compte. Les dialogues du scénariste Tamer Habib coulent aisément, attirant une belle part du public, notamment parmi les jeunes.
Les comédies qui se taillent habituellement la part du lion, particulièrement à l’heure de la rupture du jeûne, ont nettement régressé cette année. Les quatre oeuvres du genre n’ont pas marqué de véritable succès, à savoir : Harbana Minha (lui échapper bel), Khalsana bi Chiyaka (fini avec élégance), Rayah Al-Madame (réconforte ta femme) et Fil Lala Land. Le public semble préférer au loin les émissions de gag ou de caméra cachée, lui permettant de se défouler davantage.
Et enfin, sur un terrain de jeu à part, se situe le feuilleton La Confrérie II, la deuxième partie du feuilleton diffusé il y a sept ans, sur l’histoire controversée de la mouvance islamique des Frères musulmans. Une oeuvre à suivre absolument, faisant beaucoup de bruits, entre détracteurs et véritables fans. (Voir second article) .
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