(Photo : Yassine Meddeb Hamrouni)
La 12e édition du festival Hay (vivant) — mot utilisé pour glorifier Dieu — est déjà lancée. Ce festival qui célèbre les nuits ramadanesques au théâtre Al-Guéneina, dans le parc d’Al-Azhar, est dominé cette année par une vive présence maghrébine. Deux premiers concerts ont déjà marqué cette édition du festival, devenu au fil des ans un rendez-vous incontournable du mois du carême musulman.
Déjà, la semaine dernière, la surprise du festival fut un concert animé par la star libyenne Nasser Al-Mizdawi. « La Libye est un pays riche de par sa musique et son folklore. On a longtemps attendu, avant de découvrir ce coin de l’Afrique et vu les circonstances politiques très particulières du pays, il était toujours difficile d’accueillir des artistes libyens. Maintenant, il était temps d’inviter Al-Mizdawi pour se produire en Egypte », explique May Moustapha, directrice de la société Al-Guéneina, chargée de la programmation. Al-Mizdawi est réputé pour ses paroles, ses compositions et son jeu ensorcelant sur la guitare, depuis les années 1970. Dans les années 1980 et 1990, il a contribué à l’adaptation de plusieurs chansons rock dans le monde arabe et a été l’un des principaux acteurs de la nouvelle vague musicale arabe, celle du Jeel. Il a signé les paroles de quelques-unes des chansons de Amr Diab, de Hamid Al-Chaéri et d’autres. Sans perdre son charme, il continue à jouer et à se produire partout dans le monde, mêlant rock occidental et rythmes libyens.
Mélange de langues et de genres
De la musique alternative tunisienne avec Hayder Hamdi. (Photo : Yassine Meddeb Hamrouni)
Le concert de la troupe du Cheikh Sidi Bémole, toujours durant les premiers jours du Ramadan, a transporté le public en Algérie. Cette troupe, qui a été créée en 1992 à Paris, par Hocine Boukella, compositeur, musicien, dessinateur et caricaturiste, et qui chante également du rock. Sidi Bémole s’inspire de diverses musiques traditionnelles algériennes : berbère, chaabi, gnawa, melhoun, afin de développer le Gourbi Rock (Gourbi signifie cabane d’Afrique du Nord, souvent une habitation rudimentaire et en désordre). Les textes chantés en arabe, kabyle ou français baignent dans le sarcasme et témoignent de l’engagement du groupe pour les causes humaines, notamment la peine de mort en Algérie et dans le monde. Un concert engagé qui a réussi à dessiner le sourire sur les lèvres de l’audience.
« A travers Hay, nous accordons plus d’intérêt aux pays du Maghreb et de l’Afrique du Nord. On essaye de présenter des concerts de qualité, à identité différente par rapport à ceux qui se donnent partout dans les théâtres et les centres musicaux indépendants ou même gouvernementaux. Nous ciblons plutôt des artistes qui se produisent rarement ou pour la première fois sur nos planches », insiste May Moustapha.
Deux autres concerts sont prévus au courant de cette semaine, celui de la jeune star tunisienne Hayder Hamdi (le 11 juin) et la Marocaine Malika Zarra (le 14 juin). Hayder Hamdi fait partie des musiciens qui ont contribué à la création d’une scène alternative en Tunisie. Les chansons de son ancien groupe musical Barbaroots y étaient pour beaucoup. Son récent album Fikra (une idée), sorti il y a deux ans en français, associe le reggae à des percussions folkloriques tunisiennes, les mélodies orientales du qanoun (cithare orientale) à des airs afrobeat. Hayder promet donc au public cairote de parcourir les frontières et de visiter la Tunisie autrement, par l’intermédiaire de sa musique révolutionnaire.
La star marocaine Malika Zarra. (Photo : Yassine Meddeb Hamrouni)
Malika Zarra, pour sa part, va clôturer le programme Hay par des chansons marocaines, également rebelles et engagées. Auteur, compositeur, interprète, résidante à New York, elle s’impose dans les milieux du jazz et de la musique du monde. Zarra chante souvent en berbère, en arabe, en français et en anglais. Le timbre de sa voix et ses sonorités originales puisent dans la tradition marocaine, offrant à l’audience un dialogue artistique entre l’Orient et l’Occident.
En outre, le festival s’intéresse, dès sa création, à propulser au devant de la scène quelques talents en herbe. « Nous cherchons à introduire surtout des jeunes artistes égyptiens indépendants. C’est pourquoi les concerts sont souvent à Double Bill. On a accueilli la première semaine, par exemple, des troupes musicales comme Dokkan et Loopéria, qui ont fait apparition au cours des deux dernières années sur la scène égyptienne. Nous comptons présenter la chanteuse Chahira Kamal au grand public. Ses chansons ressemblent beaucoup à sa propre expérience de jeune femme interprète », ajoute May Moustapha.
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