Projeté dans le cadre de la compétition assez controversée cette année, le film du Hongrois Kornel Mundruczo, La Lune de Jupiter, aborde, sur un ton fantastique, la question dramatique des migrants partout dans le monde. La trame poignante n’a pas manqué de laisser chagrin et choc, tant auprès des festivaliers que des critiques.
Prix de la mise en scène Un Certain Regard à Cannes il y a trois ans pour White Dog (chien blanc), le réalisateur hongrois attaque l’histoire d’Aryan, un jeune migrant syrien qui vient de traverser illégalement la frontière et qui a été jeté dans un camp de réfugiés. Blessé par balles des policiers, il découvre bientôt qu’il a le pouvoir de léviter. Il est aidé par un médecin à s’évader, ce dernier lui conseille de bien exploiter et monnayer ce don ! De quoi rapprocher les deux hommes, poursuivis par le directeur du camp des réfugiés. Film donc ahurissant, mais qui nous interroge sur la place des migrants et l’obsession des différentes sociétés, dressées contre eux.
Donner alors le pouvoir à un jeune pour traverser illégalement la frontière, c’est ainsi que le cinéaste hongrois traite de la crise des réfugiés dans son oeuvre. Une vision assez fantastique, allégorique de ce sujet phare de cette 70e sélection.
Inarritu, virtuel à sa façon !
Question universelle par excellence, cette thématique des migrations sonne aussi chez beaucoup d’autres cinéastes de renom. Le fameux réalisateur mexicain Alejandro González Inarritu, en poussant encore plus loin l’aspect fantastique, vient d’offrir son nouveau film Carne Y Arena (chair et sable) à ce sujet alarmant, mais à sa façon : un film en réalité virtuelle de quelques minutes. A la frontière du documentaire, l’oeuvre de 6,5 minutes de durée a été réalisée avec des migrants, à partir de leurs véritables histoires. Une véritable aventure, digne d’un talentueux Inarritu !
Dans un style plus classique, les festivaliers ont également découvert le documentaire Sea Sorrow (douleur de la mer), de la célèbre cinéaste britannique fêtant ses 80 ans, Vanessa Redgrave.
Essayant de présenter, elle aussi, sa vision quant au problème des réfugiés, la fameuse Dame du cinéma britannique filme son premier métrage en tant que réalisatrice sur les migrants qui fuient leur pays en guerre. Avec la participation d’Emma Thompson et Ralph Fiennes, l’oeuvre projetée en séance spéciale ne laisse pas indifférent.
Sea Sorrow, dont le titre est emprunté à une réplique de La Tempête de Shakespeare, donne largement la parole aux réfugiés, à leurs histoires surprenantes et poignantes, finissant par démontrer, malgré ses maladresses, que ce qui lie une riche Anglaise et un adolescent guinéen est plus fort que ce qui les sépare. Un début assez lourd en sujets et écoles de cinéma.
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