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Des histoires en or

May Sélim , Lundi, 24 avril 2017

Dans sa récente exposition à la galerie Karim Francis, le sculpteur Magued Mikhaël puise dans le folklore et dans l’art de l’Egypte Ancienne, afin de représenter ses propres personnages fictifs. Des oeuvres abstraites révélatrices de l’identité égyptienne.

Des histoires en or
Sayed.

Deux sculptures en bronze brillent dans la galerie Karim Francis au centre-ville. Elles sont couvertes d’une couche dorée éclatante. Elles captent le spectateur et reflètent son image sur des surfaces rondes ou courbées.

Ce sont les oeuvres de Magued Mikhaël qui mène toujours dans sa sculpture une quête identitaire. Mikhaël est très attaché à sa culture égyptienne. Dans ses oeuvres, impossible de ne pas reconnaître les sym­boles et les formes du folklore égyptien et les motifs empruntés à la sculpture de la civilisa­tion pharaonique. « La sculpture de l’Ancien Egyptien me fascine. J’aime puiser dans l’art des ancêtres afin de découvrir un langage propre à nous les Egyptiens. La sculpture pharaonique avec ses différentes formes et différents éléments est un trésor inépuisable. Je cherche à en tirer profit et en même temps à créer une oeuvre plus contemporaine », lance le jeune sculpteur Magued Mikhaël qui aime voyager dans le temps. Son oeuvre Al-Aroussa (la mariée) est une femme abs­traite. Mikhaël joue avec sa robe de mariée gonflée ou plutôt volumineuse.

Sans tête, la sculpture représente un cor­sage qui prend la forme d’un lotus, fleur répandue dans la civilisation pharaonique, et dont le reste nous rappelle les robes des mariées dans les foires populaires. Sa mariée est une femme assise sur son fauteuil virtuel près de son mari. « Le thème de la mariée est une forme que j’ai souvent représenté ces dernières années dans mes sculptures en bronze ou en pierre. Malgré l’abstraction de l’oeuvre et ses lignes simples, tout le monde peut facilement la reconnaître ». Zahra est une autre reproduction de la mariée, mais dont la forme est plus dense.

C’est presque une fleur épanouissante. Toujours, un corsage inspiré du lotus et une robe gonflée. Mais cette fois-ci, Zahra est bien dans son cortège entourée de chande­liers. « Ces deux lignes droites et verticales qui cadrent la sculpture symbolisent les petites filles ou les mademoiselles d’honneur qui escortent la mariée avec des chandeliers selon la tradition du cortège populaire en Egypte. Certains trouvent dans l’oeuvre la forme d’un mortier en cuivre. Pourquoi pas ? Mes oeuvres gardent en elles les traits popu­laires de tous les jours. Ce qui m’intéresse est que toute personne puisse communiquer avec elles », souligne le sculpteur. Magued joue avec la forme de sa sculpture et avec l’espace qui l’entoure. Ses oeuvres nous implantent toujours dans un décor virtuel mais souvent conforme à la mémoire collective des Egyptiens.

Des personnages assis sur leurs fauteuils
En fait, la plupart des oeuvres exposées sont des personnages assis sur leurs chaises ou leurs fauteuils. La position assise est bien soulignée. On retrouve alors le maire, la reine, la chaise, l’homme qui prie, etc. Est-ce un jeu politique ? Mikhaël avoue qu’il ne joue pas à la politique. Mais n’em­pêche que dans l’art toute interprétation est possible. Son oeuvre intitulée Sayed repré­sente un homme tranquille et simple assis avec son ancienne djellaba. Les plis mar­qués sur sa djellaba témoignent de ses longs voyages et ses différentes expériences. Sayed se repose sur sa chaise, prend son souffle et contemple le monde qui l’entoure. C’est un homme de notre quotidien. On le fréquente souvent avec indifférence. La sculpture garde des lignes de visage rondes et un menton triangulaire aigu évoquant les statues des rois divins dans la civilisation pharaonique. « La position assise constitue pour moi une posture sacrée dans l’art sculptural de l’Ancien Egyptien. De plus, par référence à la religion chrétienne, sou­vent, on représentait le Christ assis, ou la Sainte Vierge assise. De plus, la couleur dorée donnée à ces oeuvres en bronze accen­tue cette idée de richesse et de sacralisa­tion », explique le sculpteur qui a réussi à nous présenter ses personnages voyageurs dans le temps.

Jusqu’au 4 mai, tous les jours de 16h à 20h sauf le vendredi et le samedi. A la galerie Karim Francis, 1 rue Al-Chérifein, centre-ville.

Tél. : 01006674823.www.karimfrancis.com

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