Ghazir Al-Leil (torrents de nuit, 1993)
Ghazir Al-Leil, photo de Khaled Goweily, est le premier spectacle de comédie populaire à être joué par Al-Warcha sous une tente, en 1993. Ce qui a permis à la compagnie de faire une tournée dans différents gouvernorats d’Egypte, et à Paris en 1996, à l’Institut du monde arabe. Cette année-là, la photo de la pièce de théâtre Ghazir Al-Leil, affichée sur une énorme banderole, a servi d’annonce publicitaire couvrant toute l’aventure d’Al-Warcha et son parcours artistique. D’ailleurs, Ghazir Al-Leil est une adaptation du chef-d’oeuvre Hassan et Naïma. Mossaad, joué par Sayed Ragab, incarne le rôle de l’ami rival de Hassan. Mossaad est un personnage peureux et incapable d’affronter avec courage l’amour de sa bien-aimée Leila, la fille du roi de la mer. Dans Ghazir Al-Leil, un parfait échange entre les acteurs d’Al-Warcha et les joueurs de l’ombre s’intensifie.
Filage de vies (1998)
C’est à la maison Al-Harrawi à Al-Azhar que Hassan Al-Géretli a monté la pièce Ghazl Al-Aamar (filage de vies). Sur la photo de Khaled Goweily, le protagoniste de la pièce, Hamdi Al-Touni, apparaît dans le rôle du sultan Hassan, avec Sayed Ragab, Mohamad Abdel-Azim, Vania, Salib Sufi, Mona Lotfi et Asmaa Abdallah. Tous sont vêtus d’habits de la Haute-Egypte rappelant ceux du chef-d’oeuvre La Momie de Chadi Abdel-Salam. « Au début je n’étais pas convaincu de mettre sur scène Filage de vies à la maison Harrawi qui comporte plusieurs niveaux, vu que la pièce a besoin d’un espace libre de déplacement entre acteurs et public. Il m’a fallu tout d’abord le temps d’expérimenter. D’ailleurs, les fenêtres, les terrasses et les entrées de Harrawi m’ont beaucoup servi », déclare Géretli.
Jeux de bâton, Mallawi (1996)
Prise dans un petit village de Minya, bordée par le Nil, en pleine verdure, précisément au centre Mallawi des arts du bâton, la photo de Nabil Boutros met l’accent sur deux villageois de Mallawi en djellaba blanche qui rivalisent au jeu du bâton. Cette photo a servi d’affiche publicitaire pour la promotion du spectacle Jeux de combat au bâton, Mallawi, donné en 1996, par Al-Warcha, à l’IMA, en France. Dans un parfait duo et faisant preuve d’une rivalité dynamique, à travers cet art martial égyptien, les joueurs de bâton de Mallawi rejoignent Al-Warcha. La compagnie s’intéresse à former les acteurs aux arts populaires et est inlassablement en quête d’éventuels partenaires en province. « Au gouvernorat de Minya à 250 km du Caire, nous accueillons des enfants et des jeunes à Mallawi, et nous les incitons à danser et à jouer au bâton. C’est une expérience unique de formation aux arts traditionnels dont l’objectif est d’assurer la relève, de garantir un avenir professionnel à ces jeunes et de préserver l’art du jeu de bâton », affirme Géretli.
Dayeren Dayer (1990)
Sur la photo, les deux protagonistes de Dayeren Dayer (tournant), photo de Khaled Goweily, Ahmad Kamal dans le rôle de Dayer, et Hanan Youssef dans le rôle de Hosniya, jouent dans l’un des chefs-d’oeuvre d’Al-Warcha, ayant créé une forte intimité avec le public, lors de sa première représentation en 1990, à l’Opéra du Caire. Tragédie comique sur le pouvoir, inspirée de Macbeth, avec Dayeren Dayer, Al-Warcha se lance dans l’arabisation des différentes pièces européennes comme Ubu d’Alfred Jarry. Le but est de créer des pièces dans cette perspective de l’imaginaire et du réel. Un tournant s’opère. La matière populaire dans le spectacle Dayeren Dayer rejoint en quelque sorte non seulement l’esprit de Jarry, populaire et frondeur, mais aussi le sentiment d’avoir trouvé la voie d’un art populaire et exigeant qui renoue avec les plus anciennes traditions du théâtre à l’égyptienne avec une esthétique résolument contemporaine. D’où la contribution d’Al-Warcha avec des joueurs d’ombres dont Hassan Khanouffa et Ahmad Al-Komi, maîtres incontestés de cet art « négligé » depuis les années cinquante.
Les Nuits d’Al-Warcha (2013)
En plein air, sous une tente posée à l’envers, face au soleil, et à l’abri des bruits de la capitale égyptienne, les artistes d’Al-Warcha se retrouvent, prennent place en cercle, chantent et jouent. C’est l’une des photos de Layali Al-Warcha (les nuits d’Al-Warcha) prise par le photographe Roger Anis, dans un petit village de Béni-Soueif. « Ce qui m’a intéressé davantage à prendre en photo, ce sont les quatre gamins d’un petit village de Béni-Soueif, installés sur leurs ânes, comme s’ils avaient réservé une loge à l’Opéra. En état de curiosité et d’admiration, ils s’étonnent d’avoir un tel spectacle dans leur petite ville », déclare Roger Anis. Il s’agit d’une soirée urbaine où l’on raconte des contes populaires, des sketchs, des spectacles de guignols, des chansons de music-hall cairotes, des jeux de bâton, de la musique populaire, des épopées médiévales, des chansons nubiennes, des chants soufis, etc.
Sayed Al-Dawi (1993)
Dans la cour de l’Institut français, se trouve Sayed Al-Dawi (1933-2016), l’un des derniers poètes de La Geste hilalienne. « Al-Dawi est pour Al-Warcha non seulement un formateur mais aussi un grand maître, un artiste dévoué lequel portait sur son dos un large trésor ancestral et cultuel égyptien qu’est La Geste hilalienne », exprime Géretli qui a fait connaissance avec Al-Dawi dans un café situé rue Qasr Al-Aïni, en 1993. A partir de cette date, La Geste hilalienne de la tradition orale a fait partie intégrale des spectacles d’Al-Warcha, récitée et chantée dans Les Nuits d’Al-Warcha.
Al-Warcha
à la révolution (2011)
Présenter une danse de bâton de Mallawi sur la place Tahrir, au centre-ville cairote pendant les 18 jours de la révolution du 25 janvier (photo de Roger Anis), c’est rappeler l’histoire de la formation par Al-Warcha des jeunes artistes amateurs et indépendants — du Delta jusqu’en Haute-Egypte — qui ont trouvé leur expression et équilibre au moment de la révolution. « Le lien d’Al-Warcha avec la politique a commencé en 1987 lorsqu’elle est apparue comme une troupe indépendante libre travaillant sur la culture populaire, la langue vernaculaire, la vie quotidienne, la révolution, les guerres, la Syrie, les marginaux, le rapport entre les classes sociales, la survie et les vents tournants des rues du Caire », affirme Géretli .
Jusqu’au 8 avril, de 10h à 21h (sauf vendredi et samedi).
Rue Falaki, centre-ville.
Lien court: