L’artiste koweïtienne, Mona Al-Dowaisan, est inlassablement en quête d’un héros capable de sauver le Moyen-Orient. Cela est évident dans sa première exposition en solo, tenue en Egypte, à la galerie Nile Art, sous le titre de Chevalier de l’Orient.
A l’aide de ses peintures, mixed-media, où se côtoient tissus anciens, cuir, collages et pièces de poterie et de métal, elle cherche aussi à donner à l’ensemble un parfum d’antan. « C’est le parfum de l’antiquité », dit Dowaisan, celui qui a marqué la vie des Assyriens, des Sumériens, des Mésopotamiens, des Babyloniens et des Akkadiens.
L’abstraction dépouille la réalité de ses complications.
L’artiste-peintre aime faire appel au passé et l’installer dans le présent. Elle a recours à son « Chevalier de l’Orient », afin de sauver ce monde en danger. Sur les murs de la galerie, ses installations en poterie, incrustées de métal, montrent six casques représentant ses chevaliers, sans tête. Une autre installation, également en poterie, met en relief un chevalier, géant, mais à la taille incomplète. « La poterie et la terre cuite constituent un admirable retour à la nature. C’est aussi une matière de rappeler les artisans sumériens. Ceux-ci communiquaient entre eux, écrivaient leurs histoires sur des plaques d’argile ou sur les peaux d’animaux », précise Mona Al-Dowaisan dont toutes les installations en poterie sont travaillées avec des oxydes naturels, attribuant aux oeuvres un côté vétuste. « Je suis une passionnée de l’Histoire et des cultures anciennes, surtout celles ancrées dans le patrimoine de la Mésopotamie qui s’étend entre le Tigre et l’Euphrate, dans le croissant fertile. Ces peuples sont les plus proches de ma culture koweïtienne. Mes peintures sur tissus ressemblent à des linceuls. Mes installations en poterie reprennent des motifs anciens (écritures amazighs et cunéiformes, dessins géométriques et végétaux : palmiers-dattiers, laine, poils, cuir). Le tout est rassemblé de manière contemporaine et abstraite », explique Dowaisan. Et d’ajouter : « Aujourd’hui, la nation arabe a besoin d’un chevalier, d’un combattant à même de protéger les faibles et les opprimés, avec son épée. Dans les temps anciens, la femme était une déesse, et le chevalier sauvait les déesses. Ce qui n’est pas le cas maintenant, les rôles se sont inversés ».
Un monde puissant et dynamique de griffonnage qui dépeint la société de nos jours, et qui s’impose comme un ensemble cohérent extrêmement structuré, transformé en champs de forces spirituelles. « L’abstraction n’est pas une chose facile, mais avec toutes les couleurs et les lignes utilisées, mon art crée une harmonie, tisse une histoire, jusqu’à trouver un rédempteur », ajoute-t-elle.
Autrefois, les chevaliers protégeaient les plus faibles, y compris les déesses.
L’abstraction dépouille la réalité de ses complications, de quoi permettre à l’artiste de voir plus clair. Elle parvient à faire table rase de tous les éléments superflus, pour mieux analyser ce qui se passe. Les couches superposées d’huile et de résine ajoutent de la densité aux oeuvres qui nous transmettent en fin de compte une énergie assez positive, malgré tout .
Jusqu’au 23 février, de 10h à 21h (sauf le vendredi), à la galerie Nile Art. 14, rue Al-Montaza, Zamalek
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