La danse du ventre, un moyen de se libérer.
A l’aide d’une technique singulière, caractérisée par des couches cumulatives de couleurs, mêlant oxyde d’huile et matières tantôt organiques, tantôt chimiques, Mohamad Taman travaille les surfaces de bois. Ses oeuvres, exposées à la galerie Artalks sous le titre de Räs Baladi maa Assal Eswed (danse du ventre et mélasse) montrent surtout les contradictions sociétales.
Ses figures humaines, le plus souvent des femmes lumineuses et ardentes, sont teintées de jaune, rouge et orange. Ces femmes sont tantôt enragées, tantôt douces. Elles sont prises dans le tourbillon de la vie, émettent des ondes électromagnétiques, charment les visiteurs.
Orageux, calmes ou pensifs, les visages de Taman sont très expressifs. Sans détails, ils suscitent tant d’interrogations. De quelles matières sont-ils faits ? Sont-ils de feu, d’eau ou de cire ? En mouvement perpétuel, ils ne sont pas sans rappeler les derviches tourneurs, toujours en quête d’une métamorphose, d’un état différent. C’est peut-être un point qu’ils ont en commun avec le peintre lui-même qui a longuement cherché et expérimenté jusqu’à trouver sa technique en 1999. C’est le « Tamanisme » comme il l’appelle. Cette technique lui permet de mieux contrôler le flux de la couleur limpide. « Elle me permet d’exploiter et d’adapter la couleur à mon aise dans mon oeuvre en interaction avec la lumière. Parfois aussi je fais craquer la surface en exposant la couleur à une forte pression. Le changement de température, entre chaud et froid, me permet de jouer davantage. En mélangeant les pigments, la chimie crée une couleur différente », explique Mohamad Taman, dont la palette est riche et nuancée.
Echange de rôles
Taman comble son désir d’exprimer sa pensée profonde et de reproduire les contrastes du monde qui l’entoure, avec sa laideur et sa beauté. Sur l’un de ses tableaux grand format, il dessine une danseuse du ventre, floue et abstraite, dans des tons grisâtres. Et sur le tableau à côté, il peint un homme qui fait lui aussi la danse du ventre. « Avec cet échange de rôles entre hommes et femmes, au nom de la liberté, on risque de perdre notre identité », s’insurge Taman.
D’autres toiles constituent un appel à l’émancipation de la femme, dans une société faite de tabous. On voit des femmes avec leurs robes de mariée, en état d’attente, entourées d’un monde en ébullition. Elle ne ressemble guère à cette autre, plus autonome, conduisant son vélo. Le jeu de lumières suit les états d’âme et les fluctuations entre bien et mal, vrai et faux .
Jusqu’au 10 février, de 10h à 21h (sauf le vendredi), à la galerie Artalks. 18, rue Al-Kamel Mohamad, Zamalek
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