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Une bataille de vie au creux de la mort

Mohamed Atef, Dimanche, 08 janvier 2017

Al-Asséfa Al-Sawdä (la tempête noire) de l’Iraqien Hussein Hassan, primé au Festival de Dubaï, évoque la tragédie des Zaïdis, massacrés par Daech au Kurdistan. Un film à couper le souffle.

Une bataille de vie au creux de la mort
Un drame poignant sur les victimes de Daech en Iraq.

Les miliciens de Daech attaquent un village kurde, alors que Rico et Pirou préparaient leur nuit de noces. Ils tuent plusieurs victimes et emportent des femmes avec eux, afin de les vendre dans un marché d’es­claves. La future mariée est prise en otage ; elle sera violée, torturée, comme beaucoup de ses compatriotes zaïdis. Le reste des habitants de ce village du Kurdistan iraqien seront déplacés vers des camps de réfugiés.

Rico se lance dans la grande aven­ture afin de sauver sa dulcinée, d’où les événements du film Al-Asséfa Al-Sawdä (la tempête noire) de l’Ira­qien, Hussein Hassan, qui a récem­ment remporté le prix de la meilleure fiction, au dernier Festival de Dubaï.

Un nouveau chapitre de détresse s’ouvre dans la vie de ces gens. Le film catastrophe s’inspire en effet d’une histoire vraie, à savoir la tuerie perpétrée contre un village zaïdi en 2014.

Après l’attaque lancée par Daech, rien ne sera plus comme avant. L’image se transforme. Des rites de mariage coloré auxquels on avait assisté tout au début du film s’éva­nouissent. Le côté esthétique de la cérémonie et la tolérance des tradi­tions laissent place à beaucoup de violence et de sang. Le rythme du film s’accélère, tout devient plus nerveux, plus combatif.

Les scènes de bataille sont assez poignantes. Sans tomber dans l’exa­gération, le réalisateur se sert parfaite­ment des effets sonores et visuels. Il maîtrise sa trame dramatique, bien qu’il ne dispose que de peu de moyens financiers.

La barbarie à son extrême
La séquence où les otages zaïdies sont emmenées vers le marché des esclaves porte la barbarie à son extrême. Au fur et à mesure, l’on s’aperçoit que ceux qui portent la pensée de Daech vivent parmi nous. Ils n’ont pas été embrigadés du jour au lendemain, mais c’est un processus de longue haleine qui a coûté beau­coup d’argent.

Le réalisateur Hussein Hassan tire la sonnette d’alarme. Il montre la dou­leur des réfugiés, la porte à son apo­gée.

Loin des dialogues assez longs et des digressions sur la catastrophe humaine, les protagonistes échangent peu de paroles. Leurs phrases sont cependant très éloquentes, bien qu’as­sez simples.

On ne manque pas de faire allusion aux Palestiniens, ces autres réfugiés installés depuis quelque 60 ans dans le provisoire. De même, on invoque la situation des femmes au sein des conflits armés. Elles sont montrées comme les maillons faibles d’une société en détresse. Les valeurs mas­culines, des uns et des autres, les oppressent d’autant plus.

La deuxième moitié du film devient encore plus intense et plus compatis­sante à l’égard des femmes, en lutte pour leur liberté, au propre comme au figuré.

La ravissante actrice iranienne, Mariam Kavyani, excelle dans le rôle de la mère qui a perdu les traces de sa fille.

La Tempête noire constitue une belle symphonie sur l’amour et la guerre, usant d’un langage cinémato­graphique très sensible. De quoi lui avoir valu un grand succès, lors de sa première projection arabe au Festival de Dubaï. Il ne manquera pas de tou­cher un large public de cinéphiles de par le monde .

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