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Un nouveau souffle pour le théâtre expérimental

May Sélim, Lundi, 19 septembre 2016

Après cinq ans d'absence, le Festival international du théâtre contemporain et expérimental du Caire est de retour cette année, du 20 au 30 septembre, pour sa 23e édition. Présentation.

Un nouveau souffle pour le théâtre expérimental
Le spectacle polonais Molière. (Photo : Bassam Al-Zoghby)

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Les rideaux sont levés sur la 23e édition du Festival international du théâtre expérimen­tal du Caire aujourd’hui nommé Festival international du théâtre contemporain et expérimental. Une nouvelle étiquette qui vise à élargir son concept et à marquer un changement. « Le contem­porain et l’expérimental paraissent incompatibles. Le premier est relatif au temps, le deuxième aux tech­niques, mais l’idée du festival est de mettre en avant toutes les expériences théâtrales d’aujourd’hui », sou­ligne Sameh Mahrane, président du festival.

Cette nouvelle édition qui se déroule du 20 au 30 septembre marque également la suppression de la compétition. Le festival devient désormais une mani­festation artistique présentant différentes mises en scène loin de toute concurrence. Et ce, en faveur des artistes et du public. « Le spectacle comptera une panoplie variée de spectacles venus des quatre coins du monde. Et les artistes, eux, pourront accorder plus de temps à l’échange de contacts et d’expériences. La plupart des grands festivals internationaux de théâtre aujourd’hui, comme le Festival d’Avignon ou les Journées théâtrales de Carthage, se déroulent sans compétition », explique le président du festival.

Pendant dix jours, 17 spectacles étrangers et arabes seront présentés. Un nombre de représentations limité en comparaison avec l’édition de 2010 qui avait regroupé une quarantaine de spectacles. « Le comité de sélection a visionné 79 spectacles de troupes étran­gères et a sélectionné ces 17, pour leur originalité et leur qualité », estime Essam Al-Sayed, président du comité de sélection. A noter que certaines troupes, craignant de voyager en Egypte, ont annulé leur parti­cipation au festival. Ce qui explique en partie le nombre restreint de troupes étrangères.

Marionnettes, déguisements et acrobaties

Le programme est ponctué par de belles surprises, amené notamment par des troupes qui participent au festival pour la première fois. Le spectacle de marion­nettes polonais Molière, donné par la troupe Neville Tranter, théâtre d’animation de Poznan, en est un exemple. Il évoque la fin de vie de Molière au moment où il écrit sa dernière pièce, Tartuffe. Les marionnettes de grande taille et sans fils représentant Molière, sa femme ou encore le roi soleil Louis XIV, sont merveilleusement manipulées par les comédiens présents sur la scène. Quelques scènes abordent la relation entre Molière et le roi faisant intelligemment allusion aux régimes poli­tiques actuels. La finesse des costumes et les accessoires utilisés accentuent l’aspect spectaculaire de la pièce. Et la relation entre Molière et la gente féminine ne manque pas de saisir son public par son sarcasme et son humour explicite.

Un nouveau souffle pour le théâtre expérimental
Le spectacle tunisien Les Patientes. (Photo : Bassam Al-Zoghby)

La troupe mexicaine Arte Factum/Art e Guerrero présente Venom Hamlet (Venin Hamlet) dans une mise en scène d’Alberto Santiego. Dans cette version de Hamlet, les comédiens installés sur de longues béquilles ont pris la forme d’animaux. Ils descendent de la scène, se mêlent au public et dévoilent leur monde de doutes et d’appréhensions hanté par le personnage shakespearien.

Pillars of Blood (les piliers du sang) est un spectacle suédois appartenant au Théâtre de l’exil. Son créateur Anmar Taha et les membres de la troupe intitulée Iraqi Bodies sont à l’origine des Iraqiens résidant en Suède. Le spectacle exprime l’atrocité humaine dans le monde d’aujourd’hui. Les comédiens changent de peau et por­tent les masques d’animaux dans plusieurs scènes. Entre l’humain et l’animal, la comparaison est ratée.

La troupe tunisienne du Centre national des arts dramatiques de Tunis présente Les Patientes, mise en scène par Hamady Al-Wahabi. La pièce se développe autour de trois prostituées qui cherchent à tout prix à s’éloigner du monde dans lequel elles vivent tout en rêvant de paix et d’amour. Un jour, elles provoquent une dispute et s’enfuient dans les rues. Mais la société ne leur vient pas en aide, au contraire, elle les repousse, les condamnant à jamais à rester dans le monde qui est le leur. Le décor de la pièce est rudi­mentaire. Quelques petits accessoires suffisent aux comédiennes à changer de peau et à passer d’une scène à l’autre rapidement. Avec brio d’ailleurs, les trois comédiennes réussissent à transmettre au public une métaphore des difficultés auxquelles sont confron­tées les femmes dans la société arabe.

Juarez, donné par la troupe du Théâtre Mitu, évoque le scandale des meurtres de femmes dans la ville de Ciudad Juárez au Mexique à la fin du XXe siècle. Un spectacle mis en scène par Reben Polendo qui appartient au genre théâtre documentaire, visant à mettre en relief les problèmes de la société.

Les troupes de théâtre d’Eugène Ionesco de Moldovie et Yerven State Youth Theater en provenance d’Arménie sont des habitués du festival. Elles reviennent cette année avec deux nouvelles productions Last Night in Madrid et Mercédès. Dans la première pièce, l’absur­dité est poussée à l’extrême et dans la seconde, le mythe est au coeur du jeu des comédiens. Deux pièces à ne pas rater ! l

Le programme détaillé se trouve sur la page calendrier.

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