« Bribes de réel et traces de rêves, la poésie flirte avec le vécu et la pureté avec le vice », lance Hend Al-Falafli, pour définir son art. Les toiles qu’elle expose avec deux autres artistes-peintres : Amina Salem et Klay Qassem, à la galerie Al-Kahila à Mohandessine, s’inspirent des conditions de vie de leurs concitoyennes. Elles mettent en avant le combat des femmes au quotidien. « Peindre une femme, cela n’a rien à voir avec le féminisme, au sens traditionnel du terme. Je peins la femme car elle est un miroir. Elle est le symbole de la vie et de ses mutations. Mes oeuvres partent de la condition féminine pour évoquer la condition humaine au sens large », souligne Falafli. Elle prend pour modèle des femmes, suaves, fines et rebelles, les dessinent au crayon noir en leur accordant un air contemplatif, rêveur. Puis, un deuxième coup de crayon vient glisser un soupçon de rage et de colère derrière ses silhouettes pourtant entourées de papillons dorés, symboles de la protection divine. Le blanc immaculé représente la pureté des créatures, tandis que le noir, lui, symbole de l’énergie négative, est représenté par ces sortes de doublures aux contours hachurés. « Ces doublures ou sosies sont nos états d’âme, nos humeurs et nos sentiments. Le langage du corps est capable, à lui seul, d’exprimer le combat émotionnel qui nous anime. Chacune de mes oeuvres présente la rencontre entre le bien et le mal, le beau et le laid, l’amour et la haine », déclare Falafli.
Hend Al-Falafli.
Klay Qassem.
Amina Salem mêle peintures à l’huile et collages aux couleurs éclatantes. Chez elle, la femme demeure une conquérante à travers le temps et les époques. Elle met en scène des femmes aristocrates, reines, ballerines, mères ou diva des années 1930 à 1960. Toutes, à la différence de leurs cultures, vivent avec élégance, délicatesse et douceur, faisant fi des contraintes sociales. L’une des plus belles peintures de Salem est celle représentant Frida Kahlo, l’artiste « inclassable, séduisante et séductrice au-delà des blessures et des infirmités », comme la décrit Salem. Partageant cette même idée de la pluralité féminine, l’Alexandrin, Klay Qassem opte pour un style plus abstrait. Il dépeint des êtres fantasmagoriques, faisant appel aux mythes anciens. Sans traits définis, ceux-ci ne semblent pas appartenir à une période particulière. Ces peintures, à l’allure contemporaine et ouverte à l’interprétation libre, rappellent cependant les légendes qui ont de tout temps entouré les femmes.
A la galerie Al-Kahila, de 10h à 21h (sauf le vendredi). 15, rue Al-Batal Ahmad Abdel-Aziz, Mohandessine
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