L'arbre sans fruit d'Aïcha Macky.
Genève,
De notre correspondante —
Dans sa onzième édition, le Festival : Cinémas d’Afrique, organisé et hébergé par la Cinémathèque de Lausanne du 18 au 21 août, a révélé un continent africain actif, dont la production artistique est en perpétuelle émancipation, alors qu’il y a 10 ans à peine, elle était agonisante. Le thème principal de cette édition était les itinéraires des artistes, distincts et singuliers, mis à l’honneur à travers des documentaires, des animations ou des fictions. Dans le panier des activités autour du festival, à titre d’exemple, une soirée ciné-concert, organisée en partenariat avec le City Club Pully de Lausanne, a fait voyager son public en République démocratique du Congo. Des tables rondes, des expositions de photographies, des visites guidées et des concerts se sont ajoutés aux projections cinématographiques qui présentent la vie des villes africaines d’aujourd’hui. « C’est une façon de montrer une autre Afrique, d’amener les gens à plus de tolérance, à plus d’acceptation », souligne le Camerounais Max Lobe, membre du jury.
Cinémas, au pluriel
Pour Max Lobe, « Cinémas » prend un « s » pour exprimer la pluralité des cinémas du continent noir. Diversité oui, mais tout en conservant un sentiment d’unité. Il pense que ces cinémas partagent en fait des questions sociales et politiques que chaque créateur traite différemment. « La particularité de ce festival est tout simplement de montrer la diversité du cinéma africain aujourd’hui ». C’est donc « des itinéraires », qui diffèrent les uns des autres, qui ont été programmés pour ce festival. On y trouvait des films sur le retour après de longues absences, sur la recherche identitaire et sur l’évolution des droits humains. Au total, 51 films de 23 pays différents ont été programmés. Comment réussir à faire perdurer cet équilibre créatif ? Le cinéma africain d’aujourd’hui est un cinéma jeune, qui se forme à l’intérieur de chacun des pays, sans intervention aucune de l’extérieur, et qui aspire à conquérir le monde. « Il n’y a personne d’autre que nous pour fabriquer ces films, pour évoquer notre culture et la raconter », assure le scénariste et réalisateur Tomisin Adepeju, venu à Lausanne avec son court métrage The Good Sun. « Peut-être que ces films ne sont pas toujours aussi aboutis qu’ils auraient dû l’être, mais ils racontent des histoires fortes qui nous appartiennent et posent un regard décomplexé sur notre culture », conclut-il sur La Tribune de Genève.
Dimanche 21 août, le Festival : Cinémas d’Afrique a clos sa 11e édition, avec la projection du film Adios Carmen de Mohamed Amin Benamraoui (Maroc). Eliane Gervasoni, responsable de presse au sein du festival, explique : « Le Festival : Cinémas d’Afrique de Lausanne est une plateforme pour le cinéma africain qui n’attribue pas de prix. C’est un événement privilégié où on peut se réunir et discuter, en toute simplicité avec le public, les créateurs, les cinéphiles et les professionnels. Durant ces quatre jours, nous avons eu un programme riche en émotions, notamment avec l’exposition de la photographe ivoirienne Joana Choumali et le concert du groupe Songhoy Blues qui a attiré une énorme foule de festivaliers enthousiastes de plus de 4 000 personnes », conclut-elle.
Le festival a en fait résonné avant tout par son caractère pluriel et festif et s’est révélé comme une matrice culturelle où s’interpellent, se questionnent et se confrontent des oeuvres singulières. Le festival se prolonge tout au long de l’année au centre socioculturel Pôle Sud de Lausanne. Chaque premier jeudi du mois, un film coup de coeur de la 11e édition sera projeté gratuitement.
Le rendez-vous de la 12e édition aura lieu du 17 au 20 août 2017.
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