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Cinéma d’Afrique : Quotidien d’un continent en plein éveil

Loula Lahham, Lundi, 29 août 2016

Le Festival du film Cinémas d'Afrique de Lausanne s'est tenu du 18 au 21 août. Il a permis au public de découvrir des films de qualité ne bénéficiant pas forcément d’une distribution commerciale. Passage en revue d'un événement incontournable.

Cinéma d’Afrique : Quotidien d’un continent en plein éveil
L'arbre sans fruit d'Aïcha Macky.

Genève,
De notre correspondante —

Dans sa onzième édition, le Festival : Cinémas d’Afrique, organisé et hébergé par la Cinémathèque de Lausanne du 18 au 21 août, a révélé un continent africain actif, dont la production artistique est en perpétuelle émancipation, alors qu’il y a 10 ans à peine, elle était ago­nisante. Le thème principal de cette édition était les itinéraires des artistes, distincts et singuliers, mis à l’honneur à travers des documentaires, des ani­mations ou des fictions. Dans le panier des activités autour du festival, à titre d’exemple, une soirée ciné-concert, organisée en partenariat avec le City Club Pully de Lausanne, a fait voyager son public en République démocratique du Congo. Des tables rondes, des expositions de photogra­phies, des visites guidées et des concerts se sont ajoutés aux projec­tions cinématographiques qui présen­tent la vie des villes africaines d’au­jourd’hui. « C’est une façon de mon­trer une autre Afrique, d’amener les gens à plus de tolérance, à plus d’ac­ceptation », souligne le Camerounais Max Lobe, membre du jury.

Cinémas, au pluriel

Pour Max Lobe, « Cinémas » prend un « s » pour exprimer la plu­ralité des cinémas du continent noir. Diversité oui, mais tout en conser­vant un sentiment d’unité. Il pense que ces cinémas partagent en fait des questions sociales et politiques que chaque créateur traite différemment. « La particularité de ce festival est tout simplement de montrer la diver­sité du cinéma africain aujourd’hui ». C’est donc « des itinéraires », qui diffèrent les uns des autres, qui ont été programmés pour ce festival. On y trouvait des films sur le retour après de longues absences, sur la recherche identitaire et sur l’évolu­tion des droits humains. Au total, 51 films de 23 pays différents ont été programmés. Comment réussir à faire perdurer cet équilibre créatif ? Le cinéma africain d’aujourd’hui est un cinéma jeune, qui se forme à l’in­térieur de chacun des pays, sans intervention aucune de l’extérieur, et qui aspire à conquérir le monde. « Il n’y a personne d’autre que nous pour fabriquer ces films, pour évo­quer notre culture et la raconter », assure le scénariste et réalisateur Tomisin Adepeju, venu à Lausanne avec son court métrage The Good Sun. « Peut-être que ces films ne sont pas toujours aussi aboutis qu’ils auraient dû l’être, mais ils racontent des histoires fortes qui nous appar­tiennent et posent un regard décom­plexé sur notre culture », conclut-il sur La Tribune de Genève.

Dimanche 21 août, le Festival : Cinémas d’Afrique a clos sa 11e édition, avec la projection du film Adios Carmen de Mohamed Amin Benamraoui (Maroc). Eliane Gervasoni, responsable de presse au sein du festival, explique : « Le Festival : Cinémas d’Afrique de Lausanne est une plateforme pour le cinéma africain qui n’attribue pas de prix. C’est un événement privilégié où on peut se réunir et discuter, en toute simplicité avec le public, les créateurs, les cinéphiles et les professionnels. Durant ces quatre jours, nous avons eu un pro­gramme riche en émotions, notam­ment avec l’exposition de la photo­graphe ivoirienne Joana Choumali et le concert du groupe Songhoy Blues qui a attiré une énorme foule de festivaliers enthousiastes de plus de 4 000 personnes », conclut-elle.

Le festival a en fait résonné avant tout par son caractère pluriel et festif et s’est révélé comme une matrice culturelle où s’interpellent, se ques­tionnent et se confrontent des oeuvres singulières. Le festival se prolonge tout au long de l’année au centre socioculturel Pôle Sud de Lausanne. Chaque premier jeudi du mois, un film coup de coeur de la 11e édition sera projeté gratuitement.

Le rendez-vous de la 12e édition aura lieu du 17 au 20 août 2017.

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