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Alexandrie fait la fête

May Sélim, Mardi, 26 juillet 2016

Le Centre des arts de la Bibliothèque d’Alexandrie lance à partir du 29 juillet la 14e édition de son festival d’été. Des variétés, des concerts de musique arabe, de la danse et du théâtre seront proposés jusqu’au 8 septembre.

Alexandrie fait la fête
Kathakali.

Loin de la chaleur écrasante des longues journées d’été, de la foule de la corniche et des rues bloquées par la circulation, la saison estivale à Alexandrie s’annonce joyeuse, rythmée et artistique, grâce au festival qui se tient à la Bibliothèque d’Alexandrie (BA).

Organisé par le Centre des arts, le festival s’étend sur 40 jours, offrant plus de 50 spectacles et concerts. « Le festival a été suspendu pendant trois ans, après la révolution de 2011. Puis, a repris un peu à la hâte en 2014, deux mois après mon arrivée à la tête du centre artistique de la Bibliothèque. En 2015, le programme avait eu beaucoup de succès. Et cette année, la nouvelle édition se proclame comme étant la plus longue manifestation artistique jamais connue en Egypte », estime le maestro Hicham Gabr, directeur du Centre des arts. En fait, le festival a accueilli l’an dernier 38 000 visiteurs en cinq semaines. Cette année, l’organisation a prévu d’accueillir plus de 50 000 spectateurs.

Alexandrie fait la fête
Marcel Khalifé.

Le coup d’envoi du festival sera donné par le chanteur compositeur et luthiste de renom, Marcel Khalifé qui se produira lors de la soirée d’ouverture le 29 juillet. Il sera accompagné par l’Orchestre de la Bibliothèque d’Alexandrie, sous la conduite de Hicham Gabr. Ce dernier d'expliquer : « Ma relation avec Khalifé a commencé en 2012, lors d’un concert en Macédoine. L’orchestre philharmonique de la Macédoine m’avait contacté pour diriger son concert. Khalifé et moi, nous sommes rencontrés et sommes devenus amis. En 2014, j’ai organisé un concert animé par Khalifé au parc d’Al-Azhar, du Caire. Le lendemain, il devait se produire à la Bibliothèque d’Alexandrie, mais malheureusement, le concert avait été annulé à cause des attentats terroristes ».

Khalifé, réputé pour ses chansons engagées, marie toujours amour et nationalisme arabe, et exprime une angoisse touchante face à l’injustice qui sévit dans le monde. Il chante pour la paix et l’humanité dépassant les frontières géographiques. Sa musique se renouvelle aujourd’hui par les notes plus électroniques et fraîches amenées de ses deux fils Bachar et Ramy. Un concert qui promet de faire revivre les beaux jours des années 1970, avec toujours une recherche de modernité et d’innovation musicale.

Alexandrie fait la fête
Marcel Khalifé.

D’autres stars libanaises se produiront également pour la première fois, à Alexandrie, comme la chanteuse Rima Khcheich, dotée d’une voix douce et sensuelle. Cette dernière, qui enseigne au Conservatoire de Beyrouth, mêle à merveille le patrimoine arabe classique à la musique jazzy. Elle excelle, à titre d’exemple, dans l’interprétation des mowachahat (forme de chant andalou), auxquels elle ajoute des arrangements inédits et novateurs, souvent interprétés par des musiciens de jazz classique. Une manière subtile d’amener les jeunes générations à s’oublier dans la douce nostalgie du passé, loin de la réalité et des conflits.

Tania Saleh, un autre nom de la nouvelle scène musicale libanaise, a plusieurs cordes à son arc. Elle est auteure, compositrice et chanteuse depuis les années 1990. Contrairement aux chanteurs qui revisitent de vieilles chansons dans l’optique de se faire connaître, Saleh voue un grand amour au répertoire musical traditionnel arabe et libanais. Elle aspire à faire perdurer ce patrimoine musical libanais, et à faire découvrir le folklore de son pays auprès des jeunes d’aujourd’hui et des générations à venir. La chanteuse syrienne résidente en Suède, Faïa Younane, est une star montante qui a déjà attiré plus de 1,7 million de fans sur Youtube grâce au fameux clip enregistré avec sa soeur Rihan et intitulé Pour notre Patrie. Elle va bientôt ensorceler le public avec sa voix mélodieuse, porteuse de l’identité de son pays.

L’Algérienne Souad Massi clôturera le festival, le 8 septembre prochain. Comme à son habitude, elle mélange des styles aussi variés que le folk-rock, le chaabi et la musique arabo-andalouse à des textes personnels, souvent empreints de poésie et de nostalgie, attirant un large public vers cette musique personnelle et émouvante. « Nous tenons à présenter au public une musique de qualité et à nous tenir éloignés de la musique commerciale. Le Centre des arts de la BA est une institution artistique non lucrative. Nous cherchons donc à soutenir différentes troupes et artistes qui offrent un art et une musique recherchés mais à la portée de tous », souligne le maestro.

Augmentation des prix

Alexandrie fait la fête
Rima Khcheich.

Le programme du festival comporte aussi quelques grands noms de la chanson égyptienne, des habitués du festival, comme Hani Chaker, Ali Al-Haggar et Omar Khaïrat. « D’habitude, leurs concerts font salle comble. Les revenus nous permettent de couvrir d’autres frais, d’organiser d’autres concerts ou d’introduire de nouveaux artistes », souligne Gabr, qui déplore la crise économique actuelle et le budget limité réservé à ce genre d’activités artistiques. Il ajoute : « Je sais que les prix des billets des concerts sont assez chers, mais il faut bien comprendre la raison : nous payons des taxes de divertissement élevées qui nous ont obligés à augmenter les prix des billets de 25 %. En plus, l’an dernier, le dollar était à 7 L.E., aujourd’hui il est à 11 L.E. et à 12 sur le marché noir. Cette crise du dollar fait que les accords avec les artistes étrangers sont assez chers. Mais malgré cela, les concerts et les activités de la BA restent à des prix encore raisonnables, surtout si on les compare avec les activités d’autres institutions culturelles en Egypte ».

Saveurs d’Extrême-Orient

Le directeur du festival évoque de belles surprises artistiques, en provenance d'Extrême-Orient et d'Europe. Au menu, deux soirées indiennes, animées par la troupe de danse ethnique Kathakali et par la troupe de musique folklorique Santoor. Originaire du Kerala (au sud d'Inde), le kathakali est un théâtre dansé, basé sur des formes traditionnelles. Il reprend les épopées et les mythes indiens d’autrefois. Les comédiens, tous des hommes, aux maquillages et aux costumes raffinés excellents dans les arts martiaux antiques. Quant à la troupe Santoor, qui emprunte son nom à un instrument à cordes d’origine iranienne, autrefois joué à la cour royale d’Inde, promet une soirée de découverte mélodieuse et exotique.

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Omar Khaïrat.

Deux soirées européennes sont également prévues avec le spectacle suédois pour enfants The Star of the Orient (l’étoile de l’Orient), reprenant un ancien mythe reliant Orient et Occident. S’ajoutent à cela des projections de courts métrages, de spectacles de danse et de théâtre et des concerts de musique classique. Gabr affirme pour sa part : « Nous essayons de répondre aux attentes de tous. Les jeunes qui sont prêts à découvrir la musique classique trouveront un grand plaisir à écouter l’Orchestre de la BA avec le violoniste Khaled Al-Choeikh, jouant des morceaux légers, gais, aux couleurs de l’été ». Une occasion de rapprocher la musique classique du grand public.

Enfin, la journée familiale du 2 septembre commencera à 17h, avec le show des saltimbanques pour le plus grand plaisir des petits. Des ateliers d’initiation à la création artistique pour enfants et adultes auront également lieu. Ils seront suivis par le spectacle de marionnettes Goha Needs Time (Goha a besoin de prendre son temps). Puis, la journée se terminera par une séance de yoga et un atelier de danse hip-hop. Et enfin, des colloques sur l’éducation inédits et ouverts à la parole auront lieu tous les après-midi. « Nous espérons, dans un avenir proche, tenir ce genre de journée tous les mois, et pas seulement dans le cadre du festival », précise Hicham Gabr. Un programme à ne pas rater.

Du 29 juillet au 8 septembre, tous les soirs à 20h30. La journée familiale le 2 septembre à partir de 17h à la Bibliothèque d’Alexandrie. Corniche de Chatbi.

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