Al-Maä wal Khodra wal Wagh Al-Hassan (l’eau, la verdure et les belles femmes).
L’egypte est de nouveau à l’affiche au Festival cinématographique de Locarno, du 3 au 13 août, après 17 ans d’absence. Le réalisateur Yousri Nasrallah y participe, en compétition officielle, avec son film Al-Maä wal Khodra wal Wagh Al-Hassan (l’eau, la verdure et les belles femmes). Et le jeune Mohamad Hammad y sera présent avec son film Akhdar Yabès (terre sèche) lequel sera projeté dans la section réservée aux premiers métrages. Le réalisateur égyptien, Omar Al-Zoheiri, a été lui aussi choisi afin de suivre un programme de formation adressé aux jeunes cinéastes.
Les deux films sélectionnés par le festival reflètent en quelque sorte deux grandes tendances marquant la scène artistique égyptienne. Des réalisateurs confirmés, tel Yousri Nasrallah, se veulent plus pragmatiques en cherchant à tourner des films d’une certaine qualité artistique, mais à même de plaire à un large public. Et pour ce faire, ils n’hésitent pas à collaborer avec des producteurs réputés pour leurs films à cachet commercial, comme Ahmad Al-Sobki. Par ailleurs, on a affaire à de jeunes cinéastes qui essayent de créer des films à petits budgets ou à s’autofinancer, rejetant la férule des producteurs qui monopolisent le marché. C’est le cas de Mohamad Hammad qui a écrit, réalisé et produit son film sur la notion abstraite du temps (voir entretien). Celui-ci n’a pas voulu baisser les bras comme d’autres collègues qui se sont contentés de tourner des documentaires au profit des chaînes satellites arabes et a continué à porter l’étendard du cinéma indépendant.
Résultat : ils sont tous les deux présents au Festival de Locarno, l’une des plus anciennes rencontres cinématographiques de par le monde, après le Festival de Cannes, avec plus de 180 000 spectateurs.
Jusqu’aux années 1990, Locarno a constitué pour les cinéastes égyptiens une belle occasion pour se faire remarquer sur la scène internationale. Ce fut le cas de Chadi Abdel-Salam, avec son chef-d’oeuvre La Momie, en 1972. Ensuite, il y a eu toute une autre génération qui a percé, une dizaine d’années plus tard, comme Yousri Nasrallah, avec Mercédès et La Ville, puis Ossama Fawzi, avec Affarit Al-Asfalt (les démons de l’asphalte) et Gannet Al-Chayatine (le paradis de Satan). Et ce, sans oublier le succès de Radwan Al-Kachef, Araq Al-Balah (la sueur des dattiers).
Tous ces films ont été souvent invectivés par la presse égyptienne, les accusant de chercher à flirter avec les organisateurs des festivals internationaux ou à ne présenter que des idées exotiques qui plaisent à l’étranger. En même temps, nul ne peut nier qu’il s’agissait des meilleurs films de leur époque.
Cette année, l’Egypte refait surface avec deux films très différents au festival. Une lueur d’espoir.
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