François Weil fait bouger les blocs de granit dans son installation.
(Photos: : Bassam Al-Zoghby)
Malgré la situation critique actuelle, au niveau politique et sécuritaire dans toute l’Egypte, le symposium international de sculpture d’Assouan garde son rendez-vous annuel. Ainsi la 18e édition, entamée le 13 janvier dernier, se poursuit jusqu’à fin février, soutenue et financée par le Fonds de développement culturel. Travailler au milieu des troubles, dans le manque de sécurité et dans l’instabilité, constitue un défi pour les artistes dirigeants du symposium. Mais c’est leur seule arme pour défendre la présence de cette manifestation.
Toujours par persistance, cette édition témoigne enfin de l’ouverture officielle du musée de la sculpture en plein air qui accueille chaque année, depuis sa création en 1997, les oeuvres taillées lors du symposium. Situé au sud-est d’Assouan, sur la route de Chalal (cataractes), ce musée s’étend sur 33 feddans (14 ha) et regroupe actuellement 137 sculptures d’artistes égyptiens et étrangers.
A l’occasion de cette édition spéciale et de cet événement longtemps attendu, le commissaire général du symposium, Adam Hénein, a invité des sculpteurs ayant déjà participé aux éditions passées pour créer des sculptures monumentales comme point de repère à l’entrée du musée. Il les invite à apporter au musée des retouches finales avant son ouverture officielle le 28 février prochain, lors de la cérémonie de clôture du symposium.
Pour certains sculpteurs, tailler des pierres verticales et longues en granit est un moyen de donner au musée son étiquette. En de différentes positions, ces grandes oeuvres sculpturales seront marquantes et annonceront de manière forte la présence du musée au milieu de la nature d’Assouan.
Une statue en hommage aux martyrs de la révolution, signée Chérif Abdel-Badie.
(Photos: : Bassam Al-Zoghby)
L’Egyptien Chérif Abdel-Badie compte tailler une oeuvre en hommage aux martyrs de la révolution. Son point de repère est à la fois une marque de solidarité à la révolution et un mémorial qui résume l’histoire de la nouvelle Egypte. Avec 4 blocs de granit de différentes couleurs, la sculpture sera de 7 m de long et symbolisera une femme abstraite portant sur la tête le martyr comme une couronne. Abdel-Badie joue avec les différentes surfaces de sa sculpture. Certaines sont bien polies et d’autres sont plutôt rugueuses. Quelques lignes onduleuses font allusion au Nil.
Viviane Al-Batanouni tâche de semer à l’entrée du musée de la spiritualité à travers la sculpture d’une étoile de granit rouge qui repose sur une colonne d’environ 4,5 m de hauteur. « L’étoile est un signe proche de toute personne. Chacun y trouve sa propre interprétation. C’est à la fois l’espoir, les attentes et l’avenir. Le fait de chercher une étoile, de regarder en haut vers le ciel, est une tentative de s’élever, d’aller plus loin et de rêver », explique Al-Batanouni. L’artiste invite alors le visiteur du musée à regarder les sculptures de granit, à se lancer dans la nature de la montagne et à rêver. Une promesse de sérénité, donc.
Porteuses de vie
D’habitude, les sculptures de la Japonaise Haruko Yamashita sont souvent porteuses de signes de vie. Pour cette édition, elle crée un point de repère particulier : une composition de 5 pièces verticales qui seront placées sur une petite colline à l’entrée du musée. Il s’agit plutôt d’une installation d’arbres abstraits réunis. Les 5 pièces de granit rouge gardent la même forme et les mêmes dimensions. Chacune compte 3,5 m de hauteur, 50 cm de largeur et 60 cm de longueur. Elle comporte des rondeurs et des surfaces courbées qui donnent au bloc de granit un certain mouvement. Quelques détails ajoutés au sommet donnent à chaque pièce son caractère spécifique. Dans sa petite forêt sculpturale bien équilibrée, Yamashita introduit le public au monde de la sculpture contemporaine.
« Le musée en plein air est un musée particulier. Il faut garder sa sauvagerie », lance le sculpteur français François Weil. « Mais en même temps, l’intervention humaine constitue sa raison d’être. Il y aura toujours du travail pour ajuster les choses », ajoute-t-il. Loin de tailler de longues sculptures verticales, cet artiste opte plutôt pour un travail d’aménagement à l’entrée du musée. Il s’agit d’un travail d’installation et peu de sculpture rendant l’espace de l’entrée accueillant. « L’idée est de faire un travail qui reste ouvert à tout sculpteur et à tous les points de vue », explique-t-il. L’installation est composée de plusieurs blocs de granit de différentes couleurs. Elle s’étend sur 30 m environ et se situe tout au long de la route menant à la montagne du musée. Weil tâche de bien associer différents blocs ensemble et de leur donner un certain mouvement. Pour ce faire, il a recours au fer pour articuler les pièces qui ensuite bougeront avec le vent. Au pied de la montagne, il continue à travailler et se sert des pièces de granit qu’il trouve sur le chantier. « L’idée est évolutive jusqu’au dernier jour du symposium », souligne le sculpteur.
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