Violence et séduction, les astuces d’un tyran.
(Photo:Bassam Al-Zoghby)
Le tyran romain du Ier siècle, Caligula, ce personnage historique et légendaire, ne cesse de susciter les controverses. Est-il le tyran fou ? Ou le roi lucide qui a aussitôt compris que le monde n’est qu’un enfer ? Entre ses atrocités et ses désirs enfantins d’atteindre l’impossible, Caligula danse sur scène et nous raconte son histoire. Telle est l’idée du spectacle, Nous Sommes tous Caligula, récemment présenté sur les planches du théâtre Al-Gomhouriya, par la Troupe de danse contemporaine de l’Opéra du Caire.
Adapté par Akram Moustapha d’après l’oeuvre d’Albert Camus, chorégraphié et mis en scène par Mahmoud Moustapha, le spectacle tâche de révéler les tréfonds du despote énigmatique. Caligula oscille entre l’humain et le monstrueux, le pouvoir et la faiblesse, le bien et le mal. On découvre son côté humain aussi bien que celui inhumain. « La chorégraphie de Caligula était mon projet de fin d’études à l’Institut supérieur du ballet en 2013. Dans ce projet, j’ai mêlé ballet classique et danse contemporaine. Depuis, j’ai voulu à tout prix reprendre cette histoire et la présenter en danse contemporaine, en préservant le contexte historique », explique Mahmoud Moustapha.
Le spectacle amalgame alors jeu dramatique et danse contemporaine. Caligula est campé par le comédien Yéhia Ahmad. On entend, en voix off, le récit narratif. De quoi introduire les autres personnages et les différentes scènes.
Tout est sous contrôle
Caligula évoque ses désirs, ses cauchemars et ses idées à propos du pouvoir absolu. Chaque idée est incarnée par un danseur, qui est à la fois le double de Caligula. Ainsi, quatre danseurs représentent les différents aspects de Caligula, en côte à côte avec le comédien principal. D’où parfois une certaine confusion.
Pendant des séquences entières, Caligula contrôle tout. Le chorégraphe et metteur en scène, étant à son premier spectacle, tente de mettre en évidence tout son savoir-faire. Les scènes sont surchargées de détails et les personnages sont parfois sans grande valeur dramatique.
Dans sa chorégraphie, Moustapha mise sur les danses collectives, accompagnant une musique bien rythmée d’Ibrahim Al-Amiri. « La danse collective engage tous les danseurs dans l’histoire et nous permet de bien suivre l’intrigue et le déroulement dramatique », souligne-t-il. Et d’ajouter : « Je ne travaille qu’avec six danseurs professionnels, issus tous de la Troupe de l’Opéra. Puis, j’ai eu recours à des étudiants de l’Institut du ballet. Ces derniers ne sont pas encore très familiers avec les techniques de la danse contemporaine, laquelle s’appuie sur le rapport du danseur au sol ».
Le show se veut assez riche sur le plan visuel. Le décor de Mohamad Al-Gharabawi en est pour beaucoup. Les barreaux mobiles forment sur le vif des prisons, les colonnes qui cadrent les scènes nous rappellent les anciens palais italiens, etc.
A l’aide d’une vidéo projetant au fond de la scène des statues roumaines, d’un éclairage éblouissant et de planches à plusieurs niveaux, Moustapha présente une bonne scénographie.
Vers la fin, les danseurs ou plutôt les citoyens ordinaires soumis aux atrocités du tyran se joignent aux courtisans. Ces derniers dénoncent les décisions de Caligula et cherchent à l’assassiner. Caligula est poignardé par ses ex-alliés. La fin du despote .
Le spectacle sera repris durant le mois de mai au théâtre Sayed Darwich, à Alexandrie. La date précise reste à déterminer.
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