
Elizabeth Taylor et Richard Burton dans Cléoptâtre (1963).
Loin des idées assez controversées sur la mythologie pharaonique,
Les Rois d’Egypte rencontre, en fait, d’autres hic qui n’ont pas manqué de faire réagir la critique internationale, et surtout égyptienne, dès l’annonce du casting en 2013. A savoir : aucun comédien, écrivain ou même technicien égyptien n’apparaît ni à l’écran ni sur le titrage du film qui porte cependant sur l’histoire égyptienne. Plusieurs pétitions avaient été lancées sur Internet depuis des semaines — tant par des Occidentaux que par des cinéphiles égyptiens — pour dénoncer un «
blanchiment de l’Histoire du monde » ou même ce qui a été appelé «
occidentalisation des dieux égyptiens et africains ».
Les Rois d’Egypte n’est pas le premier des films dans lesquels des personnages orientaux sont joués par des acteurs occidentaux. Cléopâtre, à titre d’exemple, avait été interprété par Elizabeth Taylor dans les années 1950, alors que Charlton Heston avait endossé le rôle de Moïse dans Les Dix Commandements. Plus récemment, c’est Russell Crowe, Jennifer Connelly et Emma Watson qui ont joué les rôles principaux dans le controversé Noé, dont la diffusion a été interdite dans plusieurs pays musulmans. Quant à Christian Bale, c’était lui qui a campé le rôle de Moïse dans Exodus : Gods and Kings, produit par Hollywood en 2014.
« Il s’agit ici d’un film dont les événements se voulaient en Egypte avec des personnages égyptiens ou pharaoniques, mais dont le casting est complètement occidental », souligne Moustapha Al-Heggawi, professeur d’histoire et d’archéologie à l’Université de Aïn-Chams, au Caire.
Et à lui d’expliquer : « De tous les mythes de l’histoire humaine, la mythologie égyptienne antique n’a cessé de gagner le grand intérêt de Hollywood, surtout en comparaison avec la grecque. Toutefois, cette histoire pharaonique est toujours prise par les productions américaines comme un simple domaine emblématique, un peu différent de celui de l’espace envahi dans presque la majorité des oeuvres de science-fiction ».
Pour Al-Heggawi, les historiens et archéologues égyptiens doivent être appelés à contribuer à la production et l’exécution de telles oeuvres, sinon c’est aux institutions scientifiques officielles égyptiennes de porter plainte contre de telles oeuvres artistiques prétentieuses, qui ne font que caricaturiser et banaliser l’une des plus importantes histoires de l’humanité, celle égyptienne et pharaonique. « C’est de la falsification et un abus de la légende pharaonique qui constituent un nouveau pas de la part du cinéma occidental sur le chemin de l’ignorance de la vraie histoire pharaonique. En espérant qu’un jour viendra où l’on témoignera d’un traitement assez valorisant et honnête de la part de Hollywood pour notre antiquité et la mythologie pharaonique ».
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