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Hicham Zaman : La vie des réfugiés est un mal universel auquel j’ai consacré la plupart de mes films

Lundi, 07 décembre 2015

Hicham Zaman

Al-Ahram Hebdo : Pourquoi une Lettre au roi ? Et d’où est née l’idée de votre film ?
Hicham Zaman : Le film est une fiction qui se nourrit de vécu et d’éléments véritables. Depuis plus de 10 ans, je consacre mes écri­tures et mes films à faire l’état des lieux des réfugiés ou plutôt des demandeurs d’asile, leurs problèmes, leur endurance et même leurs modestes aspirations. J’ai écrit le scénario de ce film avec Mehmet Aktas, un Kurde de Turquie qui vit à Berlin. L’idée du film est née en fait lorsqu’un vieil homme m’a demandé un jour à Oslo de lui écrire une lettre adressée au roi de Norvège, pour que son fils puisse avoir une autorisation d’asile, étant donné que selon les lois norvégiennes, seul le roi a le pouvoir d’attribuer ce droit d’asile à quiconque. Je n’ai pas pu l’aider à l’époque, toutefois, j’ai essayé plus tard d’aider tous ses semblables à travers mes films. Quelques années après, j’ai eu l’honneur de rencontrer le roi de Norvège dans un salon culturel, pendant 15 minutes environ. C’est là que j’ai transmis à sa majesté la lettre écrite par le vrai Mirza, exprimant alors la souffrance et les rêves des chercheurs d’asile.

— C’est votre deuxième film sur les réfu­giés d’Oslo spécifiquement, pourquoi ?
— C’est l’expérience de ma vie qui resurgit toujours à travers mes oeuvres artistiques. Moi-même j’étais dans la même situation que ces réfugiés, il y a quelques années, lorsque j’ai quitté l’Iraq à l’âge de 17 ans avec ma mère, mon frère et ma soeur pour chercher refuge à Oslo. Comme les personnages de mes films, j’ai passé des nuits et des jours à rêver de cet asile, rien que pour pouvoir vivre en paix, même si loin de chez moi, détruit par des années de guerre. Nous sommes tous des êtres humains, nous partageons nos rêves et nos ambitions. C’est pourquoi je tente, dans mes films, d’évoquer l’humain de façon réaliste. J’essaye de montrer comment mes person­nages se voient eux-mêmes dans le monde où ils évoluent, de montrer leur fragilité. Ils sont conduits à agir en fonction des circonstances où ils ont été placés.

— La grande majorité des acteurs du film sont des non-professionnels, est-ce un moyen de rendre l’oeuvre encore plus crédible ?
— Plus de 80 % des acteurs sont des non-professionnels ou de vrais héros de leurs his­toires. Le film vise à dresser le portrait de cinq personnes dans le camp de réfugiés d’Oslo qui partent en excursion hors du camp. En l’espace d’une journée, ils découvrent le bonheur et la passion. Je dessine ainsi la trajectoire de vie de cinq individus, avec de vrais témoins, afin de rendre l’oeuvre assez sincère et non pas com­merciale ou plastique.

— Donc d’après vos films, c’est la poli­tique qui façonne toujours le destin des citoyens ?
— Exactement, toutefois j’évite de parler de la politique en elle-même, ce qui m’inté­resse c’est d’évoquer la vie des gens, sous l’effet de la brutalité ou de l’absurdité de la politique. Les réalités évoquées dans mes films correspondent aussi à celles de beau­coup de gens en Afrique, en Europe et partout dans le monde. L’immigration est un mal uni­versel qui vaut d’être visité et revisité dans beaucoup de films .

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