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Lorsque jazz et opéra ne font qu’un

Névine Lameï, Dimanche, 06 décembre 2015

Une élégante fusion jazzy pimentée à la sauce égyptienne : c’est le fruit de la coopération entre le jazzman Yéhia Khalil et la chanteuse d'opéra, Amina Khaïrat. Le début d'une aventure musicale passionnante.

Lorsque jazz et opéra ne font qu’un
Yéhia Khalil

De tout temps, Yéhia Khalil, le jazzman égyptien qui a plus de 50 ans de car­rière, a cherché à nous faire découvrir des voix merveilleuses, se prêtant à toutes les fusions musicales. Pour la nouvelle saison 2015-2016, il a choisi de se produire en duo, avec la mezzosoprano de 31 ans, Amina Khaïrat. Ensemble, ils ont récemment animé une première soirée dans la petite salle de l’Opéra du Caire, ayant suscité l’admiration d’un public assez varié.

« C’est la première fois que j’intègre dans ma troupe une voix d’opéra. Dans les années 1980, j’ai déjà collaboré avec ceux qui sont devenus des stars de la chanson pop, tels Mohamad Mounir, Hamid Al-Chaéri, Moustapha Qamar et Hanane Madi. Puis, j’ai eu recours à d’autres chanteurs étran­gers, mais cette fois-ci, avec Amina Khaïrat, c’est différent, déclare Yéhia Khalil. J’apprécie sa discipline, son assiduité, son savoir-faire et sa voix lyrique, assez drama­tique, à la fois aiguë et agile, grave et cha­leureuse, large et puissante ».

Lorsque jazz et opéra ne font qu’un
Amina Khairat

Khaïrat est une jeune professionnelle qui a fait ses débuts à l’Opéra du Caire. Disciple des chanteurs Violette Maqqar et Sobhi Bédeir, elle est diplômée en chant d’opéra, de la Trinity Guildhall College, en Grande-Bretagne. Avec son sourire, sa tenue posée et son enthousiasme, la chanteuse accompagne merveilleusement bien Khalil dans ses improvisations. Sur scène, les coups de tête de ce dernier ne la dérangent aucunement, bien au contraire. « Je n’aime pas du tout préparer le programme de mes concerts dans la plus grande précision. Un pro­gramme est toujours susceptible de changer à tout moment », explique Khalil. Et cela semble plaire énormément à la chanteuse qui a appris le goût de la surprise sur scène, à côté de Khalil et des huit musiciens de sa troupe : piano, accordéon, trompette, violon, guitare et percussions.

Prestation énergique


Les tempos et les frappes sont énergiques et rapides, et la voix d’Amina Khaïrat se prête bien au jeu. « J’aurais préféré montrer au large public de Yéhia Khalil mes prouesses, en inter­prétant des chansons arabes de Fayrouz, Oum Kalsoum ... Mais la troupe n’était pas prépa­rée, à défaut de temps », dit Amina Khaïrat, qui a interprété, lors de leur premier concert, des chansons en anglais, dont Summer Time et I Will Survive. Elle a brillamment oscillé entre les rythmes occidentaux du blues, du rock, du world-beat et la saveur orientale dans une fusion créative jazzy.

Avec son oncle, le célèbre pianiste et com­positeur Omar Khaïrat, elle s’était déjà adon­née aux mélanges Orient-Occident plusieurs fois sur scène. Et sur Youtube, l’on peut retrouver quelques célèbres chansons de variétés qu’elle a elle-même écrites et compo­sées : Kan Yama Kan (il était une fois), Ayna Ana Men Al-Echq ? (où suis-je par rapport à la passion ?) et Horriya (liberté). Celle-ci, entre jazz et bossa nova, ne manque pas de porter les brises de la révolution et les vives émo­tions de son auteur.

Des émotions qu’elle partage avec le jazzman Yéhia Khalil, qui n’hésite pas à jouer, durant tous ses concerts, quelques morceaux qu’il a dédiés à la révolution du 25 janvier 2011, tels Bahlam (je rêve), Al-Amal (l’espoir), et Iqae Al-Roh (aux cadences de l’âme). Ceux-ci seront forcément au menu de leurs prochains concerts, prévus le 10 décembre au Caire et le 8 janvier à Alexandrie .

Le 10 décembre, dans la petite salle de l’Opéra. Et le 8 janvier, à l’Opéra d’Alexandrie. A 20h.

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