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Ode à Alexandrie

Névine Lameï, Lundi, 30 novembre 2015

A la galerie Art Lounge, Ali Achour tente de se réapproprier sa ville natale, Alexandrie, à travers des peintures abstraites, au parfum d’Histoire.

Ode à Alexandrie
Une porte ou une façade d'immeuble, cela en dit long sur le passé de la ville.

Loin de peindre la mer, la corniche, les barques ou les scènes de pêcheurs, Ali Achour nous fait voyager au plus profond de sa ville natale. A 70 ans, il a la nostalgie du bon vieux temps, de la cité des mémoires, telle qu’il l’a connue. Le passé riche marque brillamment toutes ses peintures, réalisées à l’aide de médias mixtes et de couleurs terre et ocre, parfois oxydées. Le patrimoine architec­tural « européen », qui caractérise le centre-ville d’Alexandrie et son histoire parfumée sont présents sur toutes les toiles exposées à la galerie Art Lounge : immeubles, portails, murs, places publiques, cafés, ruelles étroites … Le monde alexandrin de Achour est presque dépouillé d’élément humain et penche vers l’abstraction.

« Je suis à la recherche de l’âme d’Alexan­drie. Je tente de saisir le sens de la ville, à travers mon expérience personnelle. Parce que ce sont nous, les hommes, qui ont donné nais­sance à son mythe, en la décrivant au fur et à mesure. Elle se présente à moi, comme à tant d’autres, comme un amas de souvenirs ».

Les peintures de Achour constituent une ode à Alexandrie. Evidemment, ce n’est pas l’Alexandrie « touristique » ou carte postale, mais un ensemble de lieux en perpétuel chan­gement. D’où des expériences visuelles cumu­latives que nous partageons avec l’artiste itiné­rant.

Ce dernier est un habitué du centre-ville alexandrin. Il nous fait parcourir ses rues et ses grandes places : de la place Saad Zaghloul à la rue Fouad, en passant par la rue Chérif. On passe d’une maison à l’autre, d’un café à l’autre, comme il a dû passer lui-même, à un moment donné, d’une discipline à l’autre. Car Achour a commencé par faire de la photogra­phie, se nourrissant ensuite des oeuvres des grands maîtres de la peinture alexandrine tels Kamel Moustapha, Hamed Oweis et Seif Wanli. Ses oeuvres se rapprochent beaucoup de la photographie, que ce soit au niveau des prises de vue panoramiques ou de sa tendance à zoomer sur un détail en particulier.

Il tisse les détails dans le plus grand soin, afin de créer des liens, de centrer sur la conti­nuité ou la discontinuité de ce patrimoine architectural multiculturel. Les divers éléments de la ville flottent à la surface des tableaux de Achour, mettant en relief les composantes d’une Alexandrie qui ne ressemble plus à ce qu’elle a été. C’est de nouveau la nostalgie qui refait place chez Achour, oscillant entre « chimère et utopie », et allant au-delà de l’ap­parent et du traditionnel. La mer est absente par exemple. Mais il va bien au-delà de celle-ci. « La mer n’est qu’une métaphore dans mes peintures. D’ailleurs, ses effets : l’humidité et l’érosion, façonnent la ville et ses immeubles avec le temps. Je crois fort en l’impact de l’homme sur les lieux. Dans mes toiles, le passé est toujours omniprésent, qu’on le veuille ou pas. Cela n’empêche de présenter une Alexandrie en plein devenir, qui est en train de changer. Aucune mesure ferme n’est prise pour arrêter les destructions actuelles. L’effondrement régulier des bâtiments histo­riques et l’évolution urbaine de la ville vont mener à une vraie catastrophe ». La ville de Achour est une allégorie, un lieu que l’artiste représente de manière très personnelle.

Jusqu’au 14 décembre à la galerie Art Lounge, de 10h à 21h (sauf le vendredi). 37 B, rue Ahmad Hechmat, Zamalek. Tél. : 01223439537

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