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Sous le signe de la diversité culturelle

Mohamed Atef, Lundi, 07 septembre 2015

Du 16 au 21 sep­tembre, le cinéma Zawya présente une sélection de films, projetés entre 2010 et 2014, dans le cadre de la Semaine des Critiques, au Festival de Cannes. Tour d’horizon.

Sous le signe de la diversité culturelle
La Lampe au beurre de Yak de Hu Wei.

Lors de la dernière édition du Festival internatio­nal du film du Caire, son président Samir Farid avait programmé pour la première fois quelques films de la sélection de la Semaine des Critiques, déjà donnés à Cannes. Cette section a eu un succès remarquable auprès du public égyptien. Du coup, la direction du cinéma Zawya a décidé de reprendre l’initiative à son compte. La salle, située au centre-ville cairote, projettera, du 16 au 21 septembre, plusieurs oeuvres issues de la Semaine des Critiques, faisant une sélection qui s’étend sur quatre ans, entre 2010 et 2014.

Normalement, les films diffusés dans le cadre de la Semaine des Critiques se distinguent par leur qualité artistique, mettant en avant des talents prometteurs. Ceux-ci optent souvent pour l’esprit novatif et l’expé­rimentation. La sélection est effectuée par les meilleurs critiques du monde, faisant le tri parmi les premières ou deuxièmes oeuvres de leurs créateurs. La section La Semaine des Critiques a été lancée en 1972, et c’est grâce à ses choix que plusieurs stars ont accédé à la célébrité, tels Bernardo Bertolucci, Ken Loach, Alejandro Gonzalez et Arnaud Desplechin.

Espoir d’émigrés
Un certain nombre de films programmés par Zawya, dans le cadre de cette manifestation, insistent sur la thématique de l’émigration comme signe d’es­poir. De pauvres gens quittent l’Afrique à destination de l’Europe, aspirant à une vie meilleure, et surtout plus humaine. D’autres s’installent temporairement aux Etats-Unis ou en Amérique latine, avec l’espoir de faire fortune et de retrouver un jour leur terre natale. Parmi ces films centrés autour de l’émigra­tion figure une coproduction américaine, espagnole et mexicaine, A Qui y Alla, écrit et réalisé par Antonio Mendez Esparza. Cette fiction, lauréate du prix de la Semaine des Critiques en 2012, a fait le tour de plus de 10 festivals de par le monde. Elle aborde l’histoire de Pedro, qui recouvre son village natal, dans la montagne mexicaine, après plusieurs années passées aux USA. Sa femme garde toujours son sourire affable, alors que ses filles se détournent de lui, n’ayant plus l’habitude de l’avoir dans leur vie. Pedro redécouvre les siens, non seulement au sein de sa famille, mais aussi dans le reste du village, avec leurs existences assez précaires. L’émigration sud-nord et ses retombées sont montrées sous un angle très humain, allant au-delà de la politique, souvent mise en exergue dans ce genre de film. Le cinéaste met à nu le tiraillement de l’émigré, l’espoir d’atteindre un avenir meilleur, son passé laissé der­rière lui et le moment présent qui se présente comme un saut dans l’inconnu.

Hope de Boris Lojkine se projette lui aussi dans l’univers des émigrés, à travers l’amourette du jeune Camerounais Léonard et de sa bien-aimée venant du Nigeria voisin. Ils se rencontrent en plein désert, avec comme but ultime d’échapper à leur sort et de fonder leur vie en Europe, ensemble. On rêve tou­jours de stabilité, et cela ne manque pas de provo­quer la sympathie du public, touchant de près à la détresse de ces deux amoureux, oscillant constam­ment entre l’espoir de réussir et le désir de rester simplement en vie, ou de vaincre les périls qu’ils affrontent. Un voyage dans les sentiers du désert et le monde des trafiquants, qui nous promène en plein Sahara, avec toute sa splendeur sauvage, dans le style documentaire.

Ces parcours de combattants sont également pré­sents dans La Lampe au beurre de Yak de Hu Wei, un court métrage franco-chinois qui a été nommé aux Oscars en 2013 et qui a reçu le prix du Festival de Clermont-Ferrand. Un jeune photographe et son assistant, deux itinérants, proposent aux habitants du Tibet de les prendre en photo avec des arrière-plans différents. On passe alors de la chose à son contraire, du documentaire à la fiction, du réel à l’imaginaire, du traditionnel au plus contemporain.

Et pour boucler la boucle, Zawya projette le film ukrainien The Tribe, premier long métrage de Myroslav Slaboshpytskiy, accompagné d’une traduc­tion simultanée pour sourds-muets. L’oeuvre, qui a reçu le grand prix de la Semaine des Critiques en 2014, évoque justement le périple d’un sourd-muet, Sergey, qui souffre de la vie dans un pensionnat régi par des bandits et des trafiquants de drogue. Il parvient difficilement à s’imposer, aidé par l’élue de son coeur, elle aussi membre de cette bande de malfaiteurs.

Les choix de Zawya, loin du cinéma commercial, se placent sous le signe de la diversité culturelle.

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