Al-Ahram Hebdo : Ces derniers jours, le tribunal a émis un verdict en votre faveur dans le procès qui vous a opposée au cheikh Abdallah Badr … Ce dernier vous a accusée auparavant d’atteinte à la pudeur ?
Elham Chahine : Je suis soulagée. La justice m’a rendu mon honneur, ainsi qu’à toutes les autres victimes du cheikh islamiste qui se proclame le porte-parole de la religion, attaquant les artistes, les intellectuels et les révolutionnaires.
— D’aucuns diraient que ces accusations s’inscrivent dans le cadre de la liberté d’expression ?
— C’est incorrect. La liberté d’expression ne veut aucunement dire insulter autrui, les diffamer et porter atteinte à leur personne. La liberté doit faire partie inhérente d’un système d’éthique et de respect de l’autre et de son opinion. La critique doit être objective. Par exemple, Abdallah Badr m’a accusée à tort, en avouant qu’il n’a pas eu l’occasion de regarder aucun de mes films. Comment se permet-il de me critiquer alors qu’il ne me connaît pas vraiment et ignore mon travail ?
— Après le verdict, certains ont menacé de camper devant votre domicile, en signe de protestation, qu’en dites-vous ?
— J’ai une foi inébranlable en Dieu et en la justice égyptienne. Je ne crains personne parce que je n’ai porté atteinte à personne. J’ai choisi de laisser la justice trancher l’affaire. J’ai refusé de régler cela à travers les médias. Les avocats consultés m’avaient dit qu’il serait certainement pénalisé par la loi. Car il m’a insultée publiquement sur les écrans et il est incapable de le nier. Tout est enregistré.
— Croyez-vous que le fait d’avoir défendu le président déchu soit à l’origine de l’attaque que vous avez subie ?
— Certainement. Mais je tiens toujours à ma position. Je suis contre le fait d’insulter Moubarak. C’est un vieil homme et quelles que soient ses erreurs et celles de son régime, nous devons respecter son âge. Nous devons accepter l’autre et son avis, et le respecter. Critiquer comme bon vous semble mais avec décence, dans le cadre de la liberté d’expression.
— Allez-vous recourir à d’autres mesures ou intenter d’autres procès contre Abdallah Badr ?
— Effectivement, j’intenterai d’autres procès contre lui. Je le poursuivrai pour diffamation. Il a falsifié, en transposant mes photos sur des corps nus. Il prétend être un professeur à Al-Azhar, ce qui a d’ailleurs été nié par la prestigieuse institution sunnite. Je voudrais saisir l’occasion pour m’adresser au cheikh d’Al-Azhar, le mettant en garde contre tous ceux qui instrumentalisent cette institution au nom de la religion pour diffamer les gens respectables.
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