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Mon « fanous », mon identité

Doaa Elhami , Samedi, 15 avril 2023

Parallèlement à ses activités liées à la sauvegarde du patrimoine, l’initiative Al-Athar Lana (les monuments sont à nous) organise des ateliers de fabrication de lanternes destinées aux enfants du quartier Al-Khalifa. Une activité ludique qui sert à éveiller la conscience patrimoniale.

Mon « fanous », mon identité
(Photo : Doaa Elhami)

Dans un jardin situé sur une petite colline dans la rue Al-Achraf, l’une des plus connues dans le quartier Al-Khalifa au Caire fatimide, des enfants sont assis autour d’une grande table. Attentifs, ils écoutent les conseils de la jeune bénévole Alaa Amr : « Nous allons fabriquer ensemble la lanterne du Ramadan ». De jeunes bénévoles distribuent aux enfants de petites plaques de carton de formes variées puis déposent au milieu des tables un grand nombre de crayons de couleurs. « Chaque groupe va colorer le carton qui est placé devant lui », explique Mariam Mahmoud, l’une des bénévoles. Et d’ajouter : « Nous allons ensuite coller ces petits morceaux de carton pour fabriquer nos belles lanternes ».

Il s’agit là d’un atelier pour enfants de l’initiative « Al-Athar Lana », de l’ONG Al-Fekr Al-Omrani (Built Environment Collective) fondée par l’architecte May Al-Ibrachi. Une dizaine d’années se sont écoulées depuis le lancement de « Al-Athar Lana », l’une des initiatives de cette ONG. « Nous avons commencé en 2012 au quartier Al-Khalifa qui abrite beaucoup de monuments archéologiques et historiques », souligne l’architecte Maram Adel, directrice du projet « Travaux patrimoniaux ». Elle ajoute qu’à cette époque, l’architecte May a fondé la société consultative de polytechnique Mogawra et l’ONG Al-Fekr Al-Omrani qui a donné naissance à plusieurs activités.

« Parmi nos objectifs primordiaux : restaurer ces bâtiments, fournir un centre de service public et établir un lien étroit entre les monuments et la communauté locale des alentours, voire ancrer ce lien chez les enfants du quartier », renchérit la directrice. Elle explique avoir programmé des cours hebdomadaires renfermant plusieurs activités artistiques, artisanales et théâtrales avec des bases de données du patrimoine pour les enfants de 4e et de 5e primaire d’une école du quartier. « Les enfants jouent avec nous tout en apprenant quelque chose sur leur patrimoine. Nous essayons ainsi d’établir un lien entre les enfants et le patrimoine du quartier », lance la directrice.


(Photo : Doaa Elhami)

Joindre l’utile à l’agréable

Au fil des années, les membres de l’initiative ont développé l’idée en organisant le campus estival d’Al- Khalifa destiné aux enfants de 7 à 13 ans. Ces derniers apprennent gratuitement l’arabe, l’anglais, le calcul, le sport, les arts … « Cette année, nous avons commencé par la fabrication de différents types de lanternes traditionnelles, très répandues au Caire et connues sous le nom de la Negma (étoile), Abou Al-Wélad (père des enfants) et Saroukh (fusée), qui sont actuellement en vente », reprend la directrice. En parallèle, l’ONG a inventé un jeu d’enfant, celui de fabriquer une grande lanterne, pour aider les enfants à prendre conscience de la valeur du quartier et de ses monuments. « D’où l’appellation les monuments sont à nous », poursuit la directrice, en ajoutant qu’il est plus intéressant pour les enfants d’avoir une lanterne fabriquée de leurs propres mains.

Cet atelier a regroupé à la fois les enfants d’Al-Khalifa et ceux des autres quartiers. « Aujourd’hui, et après 10 ans de travail avec les enfants, nous avons de jeunes filles et des hommes qui organisent des visites dans les monuments historiques et les lieux patrimoniaux. Ils nous aident également lors de l’organisation des événements et des travaux réalisés dans les ateliers au cours de l’année », souligne la directrice.

Les membres de l’initiative se servent de leurs travaux de restauration des monuments pour reprendre des motifs décoratifs, afin de fabriquer des objets artisanaux. L’initiative organise également des activités patrimoniales (payantes) dans les écoles privées, ainsi que des promenades dans le quartier pour découvrir ses monuments. « Les enfants sont heureux de vivre une telle expérience », reprend la directrice. L’argent récolté sert à financer les activités sociales et patrimoniales du quartier Al-Khalifa.


La cire fondue est délicatement utilisée par les enfants de 9 à 13 ans. (Photo : Doaa Elhami)

Des enfants de tous âges

En colorant les lanternes, les cris de joie des enfants fusent dans l’atelier. « Donne-moi la couleur verte. Je veux colorer cette partie. Fais-moi une place pour que je puisse participer à la fabrication de la lanterne », disent les uns et les autres. L’atelier des lanternes est très utile pour l’apprentissage des enfants. « Ils apprennent de nouvelles compétences, et surtout comment travailler en groupe pour coller et monter les lanternes », commente Ahmad Zakariya, habitant du quartier Al-Khalifa et père de l’un des enfants participants. En effet, les responsables et les bénévoles de l’atelier des lanternes ont réparti les enfants en deux groupes : le premier est destiné aux enfants de 4 à 9 ans. « Ce groupe est chargé seulement de colorier les morceaux de carton qui vont servir à fabriquer les lanternes. Quant au collage et au montage, c’est notre tâche », reprend Alaa Amr. Ainsi, on protège les enfants de tout danger. Quant au 2e groupe, il est constitué d’enfants âgés de 9 à 13 ans. Ces derniers participent au collage avec de la cire fondue et sous la supervision des responsables.

« Moi aussi, je veux participer au collage. Je suis grand. Je suis au 2e semestre en 2e primaire », lance le petit Ali pour convaincre Mariam d’utiliser l’appareil pour fondre la cire avant de coller les morceaux de la lanterne. A la fin de la séance de l’atelier, les enfants veulent prendre les lanternes montées avec eux.

« Voilà, mon nom est gravé sur la lanterne que j’ai fabriquée. C’est la mienne », dit fièrement le petit Asser, âgé de 6 ans, en tenant entre ses petites mains l’une des grandes lanternes. « Nous allons orner les rues du quartier avec ces lanternes fabriquées par les enfants dans l’atelier », conclut la directrice du projet, Maram Adel, soulignant que des lanternes similaires sont en vente parmi les produits d’Al-Athar Lana.

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