Al-Ahram Hebdo : Vous avez choisi de vivre à Dahab par amour de la plongée. Parlez-nous de votre passion …
Khaled Al-Gammal : Je vis à Dahab depuis plus de 4 ans, et ce, pour être tout près de la mer parce que je fais de la plongée libre (plongée en apnée qui désigne une forme de plongée sous-marine, basée sur l’interruption volontaire de la ventilation) et je donne aussi des stages. C’est l’endroit idéal pour apprendre la plongée sous-marine et qui attire des amateurs du monde entier, vu que les eaux profondes sont à proximité de la côte, ce qui facilite l’entraînement.
J’ai fait mon premier stage de plongée en scaphandre autonome il y a 15 ans. C’est un mode de plongée sous-marine qui se distingue par l’utilisation d’un scaphandre autonome permettant au plongeur d’évoluer sous l’eau de manière autonome grâce à une réserve d’oxygène stocké sous forme gazeuse dans une ou plusieurs bouteilles de plongée. J’ai effectué environ 300 plongées en scaphandre autonome. Quant à la plongée libre, je fais actuellement une plongée par jour.
— La mer Rouge est l’une des destinations préférées des plongeurs. Pourquoi ?
— J’ai fait de la plongée dans plusieurs endroits à travers le monde, ainsi que dans tous les sites d’Egypte, de Marsa Alam à Al-Aïn Al-Sokhna en passant par Hamata (sur la route de Halayeb et Chalatine). Des récifs coralliens se trouvent tout le long de la côte, ou sous forme d’îles submergées au milieu de la mer, qui ont conservé leur nature vierge, à Hurghada, Gouna, Soma Bay. Ou encore la réserve de Ras Mohamad, etc. Ce qui distingue ces sites pour les passionnés de plongée, ce sont les récifs coralliens qui se caractérisent par leur diversité, leur beauté et la richesse de la faune, surtout que la visibilité est claire sur une profondeur qui peut dépasser les 30 mètres. D’ailleurs, la température au fond de l’eau est souvent modérée, environ 21 degrés, ce qui est convenable pour faire de la plongée. C’est pour cela que la mer Rouge, avec sa faune extraordinairement diverse et ses fonds riches en couleurs, est classée parmi les sites de plongée de prédilection. C’est pour cela aussi que les récifs constituent une très grande richesse pour le tourisme nautique. J’ai vu les visages des plongeurs qui, dès qu’ils mettent la tête dans l’eau, restent éblouis par la faune. Un écosystème marin qui n’existe nulle part ailleurs. Des poissons de différentes espèces et tailles nagent entre les récifs coralliens formant une palette de couleurs incroyables. Certains plongeurs ont surnommé les sites de plongée de la mer Rouge le « Disney Land ».
— Comment les activités humaines impactent-elles les récifs coralliens ?
— Les récifs coralliens en Egypte résistent encore au réchauffement climatique, mais la hausse du tourisme, notamment interne, risque d’affecter cette faune sous-marine. Malheureusement, certains citoyens ignorent l’importance des récifs coralliens. Un jour, j’ai demandé à un jeune de ne plus marcher sur les récifs coralliens, afin de les protéger, sa réponse était choquante. Il m’a dit : « Pourquoi pas, ce ne sont que des roches ! ». Il nous faut donc des campagnes de sensibilisation dès l’école, afin que la nouvelle génération soit consciente de la valeur et la richesse de cette faune. Ces récifs ont mis des siècles et des siècles pour se former !
— Quels conseils donnez-vous aux fans de ce sport, afin de préserver la faune ?
— On parle systématiquement aux stagiaires des restrictions et des mesures nécessaires pour protéger cette richesse. Par exemple, on leur demande de ne rien prendre de la mer durant la plongée, ni briser les branches de corail, ni s’approcher des niches sous-marines, ni jeter n’importe quoi dans l’eau, etc. Et même lors des examens que les plongeurs doivent passer, il y a des questions concernant la préservation des récifs coralliens. Tout effet néfaste subi par les récifs a aussi un impact sur les personnes dont la vie gravite autour de la mer, notamment les plongeurs.
— Des initiatives ont-elles été prises par les plongeurs ?
— Nous, les habitants de Dahab, nous effectuons deux à trois fois par semaine un « beach clean up », un nettoyage de la plage, surtout que les entrées des récifs coralliens se trouvent sur la plage. Il existe aussi un « under water clean up », un nettoyage des fonds marins grâce à la plongée apnée et la plongée en scaphandre. Ceci a lieu de manière périodique, et ce, pour préserver cette richesse naturelle, source de notre vie. Il ne faut pas non plus oublier qu’il existe des pages sur Facebook et Instagram qui oeuvrent à la protection de l’environnement, à Dahab en particulier et à la mer Rouge en général.
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