Mohamad Réfaat est l’une des icônes de l’adhan durant le Ramadan.
Chez nahed, au moment de l’Iftar, c’est la voix du cheikh Mohamad Réfaat, (1882- 1950), célèbre muezzin et récitateur du Coran que l’on préfère entendre. La voix du cheikh Réfaat inspire en effet calme et sérénité. « Sa voix douce et envoûtante suscite le désir de se rapprocher de Dieu. Le cheikh Réfaat est devenu un élément essentiel du mois du Ramadan », souligne Nahed, 60 ans, qui est née 10 ans après le décès du cheikh. « La voix du cheikh Réfaat incite les gens à se défaire de la médisance à s’éloigner des commérages, à craindre les péchés et à respecter les rites religieux », ajoute Nahed. Elle reste branchée à la station radio d’Al-Charq Al-Awsat qui diffuse l’adhan (l’appel à la prière) du Maghreb du cheikh Mohamad Réfaat durant le mois du Ramadan. « En 1934, Mohamad Réfaat était le premier muezzin et récitateur du Coran à la Radio égyptienne ».
L’adhan a été institué à l’époque du prophète Mohamad et de ses compagnons qui cherchaient un moyen de rassembler les musulmans pour faire les cinq prières quotidiennes. Trois compagnons se sont proposés pour faire l’adhan, mais le prophète a choisi un quatrième compagnon, Bilal Ibn Rabah, dont la voix était splendide. Il fallait en effet une personne ayant une voix douce et enveloppante pour inciter les gens à faire la prière.
Les fans d’Al-Naqchabandi
Au sein de la famille Saïd, c’est la voix du cheikh Sayed Al-Naqchabandi (1920-1976) que l’on préfère entendre au moment de la rupture du jeûne. Ce muezzin était célèbre pour ses chants religieux. « On a l’impression que sa voix vient du ciel. Au fil du temps, il est devenu le symbole du mois sacré », affirme Ibrahim Saïd. Et d’ajouter : « La voix d’Al-Naqchabandi est un mélange de chaleur et d’harmonie. Elle est très émouvante », ajoute Ibrahim Saïd.
Mais la belle voix du muezzin n’est pas la seule raison qui pousse les fidèles à s’y attacher. Ils s’y attachent parfois parce qu’elle leur rappelle des souvenirs. On peut ainsi choisir une voix par nostalgie car elle rappelle des rencontres familiales d’antan. « La belle voix du cheikh Abdel-Basset Abdel-Samad (1927-1988) me rappelle mes souvenirs de jeune fille, lorsque mes parents étaient encore vivants. Cette voix atténue un peu leur absence et m’aide à surmonter le fait que je vis à Bahreïn loin de ma famille », explique Marwa. Et d’ajouter : « Ses paroles m’apportent la quiétude et me plongent dans une ambiance particulière. La dimension spirituelle du mois du Ramadan est plus perceptible ».
D’après Hoda Zakariya, sociologue, aimer entendre une voix ou en préférer une autre est une sorte de célébration religieuse. « Ces belles voix qui appellent aux cinq prières sont en fait un produit culturel qui s’appuie sur la foi et le mois sacré du Ramadan », indique-t-elle. Elle dit avoir eu un collègue de confession chrétienne qui travaillait au Liban, et à la veille du Ramadan, après avoir entendu à la radio cheikh Sayed Al-Naqchabandi, il a demandé à prendre un congé pour passer ce mois en Egypte. « Il disait ne pas pouvoir rester loin de son pays durant le Ramadan », dit-elle.
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