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Lorsque le mariage devient une réalité

Manar Attiya, Lundi, 28 avril 2014

L'ONG Chabab Al-Kheir, située à Béni-Souef, permet aux jeunes filles de milieux défavorisés de fêter leur mariage équipées d’un trousseau complet.

Lorsque le mariage devient une réalité
Une cérémonie de mariage collectif a lieu une fois par an en Haute-Egypte.

« chaque jeune fille a le droit de célébrer son mariage en robe blanche, entourée de ses proches et amis », dit Mohamad Sayed, fondateur de l’initiative Chabab Al-Kheir (jeunesse de bienfaisance) dans la ville de Béni-Souef. C’est dans cette ville de la Haute-Egypte que le projet a été lancé. « Nous avons voulu que les filles issues de milieux pauvres aient droit à une belle fête. D’où l’idée du mariage collectif », poursuit-il. Une équipe a donc été chargée de mobiliser les hommes d’affaires et les grandes entreprises de la ville pour verser des dons qui pourront servir ce but. « Louer une salle de fêtes à Béni-Souef coûte excessivement cher. Les familles étaient pour la plupart obligées de célébrer les mariages de leurs filles dans la rue avec toutes les incommodités et tous les dangers que cela peut entraîner », explique-t-il.

Ces mariages ont lieu durant les mois de juillet ou août. Environ 1 500 invités sont conviés à la soirée dont le coût s’élève à 100 000 L.E. « Nous fournissons tout, de la chemise de nuit à la robe de mariée, afin que rien ne puisse entraver ce mariage », précise-t-il. Au fil des mois, et vu le succès réalisé, les donateurs ont suggéré qu’une partie de leurs donations soit consacrée à l’achat de trousseaux de mariage pour ces jeunes filles issues de milieux défavorisés. « L’été dernier et à cause du couvre-feu, nous n’avons pas pu organiser de mariages collectifs. Les hommes d’affaires ont donc proposé de nous envoyer des appareils électroménagers. Ce qui nous a donné l’idée de continuer dans cette perspective, à savoir préparer des trousseaux de mariées », poursuit Sayed.

Téléviseurs, réfrigérateurs, fers à repasser, aspirateurs, etc. Bref, l’électroménager de base, y compris les ustensiles de cuisine, les draps, les couvertures, les serviettes de toilettes, et les vêtements. Tels sont les articles intéressants que l’ONG Chabab Al-Kheir offre aux jeunes mariées qui habitent les 37 villages de ce gouvernorat.

Les donateurs sont des personnes aisées qui vivent dans cette ville : des commerçants, des propriétaires de magasins et d’usines situées dans la zone industrielle. Chacun offre de l’argent selon ses moyens. Au sein de cette association siège un comité chargé de recherches sociales sur les jeunes filles qui sont dans le besoin et vivent en dessous du seuil de pauvreté. « Mais d’habitude, on aide les orphelines de père et de mère qui sont placées dans l’orphelinat de Béni-Souef », confie Mohamad Abdel-Moez, responsable des recherches sociales auprès de l’ONG.

« Les donateurs n’ont plus les moyens »

Mais après la révolution de 2011, le nombre de donateurs a diminué. « On avait l’habitude de préparer 120 trousseaux par an. Ce nombre a baissé pour atteindre 60 à 70. Les donateurs n’ont plus les moyens pour offrir la même somme à cause de la situation économique qui sévit dans le pays depuis trois ans », affirme Mohamad Sayed, chef du conseil d’administration de Chabab Al-Kheir.

Et depuis la destitution de Morsi, les jeunes de cette ONG ont dû faire face aux pressions exercées par les Frères musulmans qui voulaient s’accaparer ce secteur de la charité. « C’était leur manière de gagner les électeurs dans cette région », relate un membre de l’initiative.

Dans de telles conditions, l’équipe lutte pour continuer ses actions de charité.

« La plupart des hommes d’affaires préfèrent verser leurs dons à des associations du Caire plutôt qu'à celles des provinces pour profiter de la publicité », s’indigne Sayed.

Il appelle les médias à exposer les problèmes des villageois, ce qui pourrait inciter les gens à s’intéresser davantage à eux.

Sabha a cinq enfants dont l’aînée s’apprête à se marier. Sa fille a préparé son trousseau grâce à l’aide de cette ONG. « La priorité va à celles qui sont orphelines de père, et dont les familles vivent en dessous du seuil de pauvreté », conclut Abdel-Moez .

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