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Nihad Aboul-Qomsane : « La vie politique ne respecte pas la vie privée de la femme »

Dina Darwich, Lundi, 17 mars 2014

Nihad Aboul-Qomsane, directrice du Centre pour les droits de la femme, assure qu’il existe une forte interférence de l’espace privé et public dans le cas des femmes engagées en politique. Entretien.

Nihad Aboul-Qomsane,

Al-Ahram Hebdo : Quelles sont les raisons qui incitent les femmes à se lancer dans l’activisme ?

Nihad Aboul-Qomsane : Quand une femme décide de devenir activiste, elle est le plus souvent incitée par une expérience personnelle qui a laissé un impact sur sa vie. Nos archives le prouvent. On a enregistré de nombreux cas qui ont été victimes d’un abus ou d’une discrimination et qui ont décidé d’exploiter positivement leur colère. Au lieu d’opter pour la vengeance, elles ont décidé de s’engager dans l’action publique.

Depuis quelques mois, on a reçu un cas d’une femme battue et humiliée, elle-même a eu peur de déposer plainte contre son mari par crainte de représailles. Aujourd’hui, cette femme est devenue une activiste très dynamique sur terrain. Elle ne cesse de suivre les procès de conflits conjugaux dans les tribunaux et joue un rôle important pour sensibiliser les femmes qui partagent ces mêmes soucis.

Pensez-vous que la scène politique soit favorable à la participation politique de la femme ?

— La vie politique en Egypte ne semble pas être faite pour respecter la vie privée de la femme, alors qu’un homme est souvent prêt à se donner totalement à cette mission. Pour lui, il s’agit d’une ambition politique tandis que, pour une femme, il s’agit de remplir une mission de plus dans un agenda déjà surchargé. La société impose à la femme les responsabilités de la vie conjugale, responsabilités qui pèsent sur l’engagement politique.

— Comment le regard de la société influence-t-il le parcours des femmes activistes ?

— A leurs débuts, les activistes femmes préféraient se présenter en tant que jeunes révolutionnaires et non en tant que féministes. Israa Abdel-Fattah refusait de se présenter comme une femme activiste au début. En 2008, lorsqu’Israa a été arrêtée, les ONG féministes lui ont tendu la main, elle ne voulait pas s’adresser à l’opinion publique comme une féministe mais plutôt comme une activiste. Après la révolution, elle insistait sur la même idée. Mais les choses ont commencé à changer après la formation de l’alliance des jeunes de la révolution qui ne comprenait qu’une seule femme, Sally Thomas.

Au fil des années, ces activistes ont réalisé que les femmes activistes souffraient de discrimination, ce qui a entraîné un changement dans leurs discours. Israa a, elle aussi, fondé une ONG pour défendre les droits de la femme. Il paraît qu’elle s’est rendu compte que la question du sexe compte et que le côté privé de la vie de l’activiste pourrait être un point de repère .

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