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Omra express, le pour et le contre

Chahinaz Gheith , Mercredi, 27 mars 2024

Grâce au service de visa de transit « Stop Over Visa », les fidèles peuvent désormais profiter d’un séjour de quatre jours maximum pour accomplir le petit pèlerinage, tant convoité notamment pendant le Ramadan. Une omra de moindre coût appréciée par les uns, jugée beaucoup trop courte par les autres.

Omra express, le pour et le contre
(Photo : Reuters)

Faire une omra est de plus en plus coûteux. Les tarifs qui connaissent une envolée singulière risquent de décourager les Egyptiens, mais aussi plomber les finances des agences de voyage. « Les tarifs de la omra ont augmenté d’au moins 40 % cette année. Pour un séjour économique, les fidèles peuvent débourser entre 70 000 L.E. et 100 000 L.E., principalement en raison de l’augmentation du taux de change du riyal saoudien, des prix des hôtels se trouvant à proximité du haram de La Mecque, ainsi que des prix des billets d’avions, lesquels varient entre 15 000 et 20 000 L.E. Quant à ceux qui cherchent un peu plus de confort, les offres de luxe peuvent facilement dépasser les 200 000 L.E. Et encore, il ne s’agit pas de tarifs fixes », précise Gamal Mahdy, propriétaire d’une agence de voyage, soulignant que ces coûts varient largement selon les demandes et les exigences des clients, mais aussi selon des critères tels que la proximité des hôtels avec la mosquée Al-Haram et la durée du séjour. Il confie que le nombre de réservations a considérablement baissé cette année, vu que c’est devenu trop cher pour beaucoup de fidèles.

« La omra est devenue comme le hadj, réservée à ceux qui peuvent se le permettre », lance Ibrahim, 42 ans, qui rêve depuis des années d’aller à La Mecque. Aujourd’hui, son rêve s’éloigne petit à petit, la omra dépasse les 50 000 L.E. et le pèlerinage jusqu’à dix fois plus. « Avant, ceux qui n’avaient pas les moyens de faire le grand pèlerinage pouvaient au moins faire un petit pèlerinage », se lamentait-il, avant de découvrir le concept de la omra transit.


Le gouvernement saoudien a lancé un plan ambitieux visant à accueillir jusqu’à 30 millions de visiteurs par an pour la omra et 5,4 millions pour le hadj d’ici 2030. (Photo : AFP)

En effet, une lueur d’espoir lui est apparue avec le service de la omra transit ou Stop Over Visa. Autrement dit, bonne nouvelle pour les gens qui prévoient un court voyage en Arabie saoudite ou qui traversent le pays en transit. Le gouvernement du pays a décidé́ d’introduire un nouveau type de visa, le « visa d’escale ». Il s’agit d’un permis de courte durée assorti d’une procédure de demande simple qui permet àdavantage de voyageurs d’accomplir la omra et de visiter la mosquée du prophète àMédine, ainsi que pour explorer le pays et participer àdiverses activités touristiques. Lancé le 30 janvier 2023, ce nouveau service intitulé « Your Ticket Your Visa » permet aux voyageurs d’intégrer le visa de transit dans le billet d’avion. Ce visa est délivrégratuitement en une seule fois, valable 90 jours àcompter de la date de sa délivrance et avec un séjour autorisédans le Royaume d’une durée maximale de 96 heures (4 jours). Il est impossible pour les titulaires du « Visa d’escale » de prolonger leur séjour.

Des procédures simplifiées

Pour demander le Stop Over Visa, les voyageurs doivent visiter la plateforme électronique de réservation des compagnies aériennes : Saudi Arabian Airlines ou Flynas et en faire la demande lors de l’achat de leurs vols. « Pas de tracas administratifs ou de démarches compliquées. Avec un passeport valide, une photo personnelle, un e-mail fonctionnel et une carte de crédit, j’ai reçu le visa sur mon e-mail en quelques minutes. Un visa gratuit qui m’a permis d’accomplir la omra en quatre jours pour 18 000 L.E. », lance Ibrahim qui, dès le début, a décidé de partir seul sans avoir recours à une agence de voyage, afin de ne pas passer au forfait supérieur et verser des frais supplémentaires. De plus, selon lui, la majorité de ces agences refusent encore l’organisation de ce genre de omra.

Ibrahim a commencé donc à chercher un pays qui ne demande pas de visa aux Egyptiens comme destination finale pour obtenir le visa de transit saoudien. Il avait deux options : le Liban ou la Jordanie. « J’ai choisi la Jordanie. Je suis resté 4 jours à Djeddah, considérés comme un transit et je suis resté juste une demi-journée à Amman avant de rentrer au Caire », raconte-t-il tout en se souvenant de son voyage spirituel inoubliable à La Mecque. « Ces 4 jours passés à La Mecque étaient les plus beaux jours de ma vie. J’ai vécu des moments intenses de prière, de spiritualité et de dévotion », lâche Ibrahim, qui ne trouve pas de mots pour exprimer ses sentiments à la vue de la Kaaba, cette construction cubique au milieu du haram, considérée comme le saint des saints de ce lieu sacré. Malheureusement, en raison de la courte durée de son visa de transit, il n’a pas pu se rendre à Médine pour prier dans le Masjid Al-Nabawi (mosquée du prophète) et la Rawdah Al-Chérifa (lieu qui se trouve entre la tombe du prophète et sa tribune).

La omra de plus en plus high-tech

Idem pour Nihal, 29 ans, qui travaille dans une société multinationale et voyage souvent pour des raisons professionnelles. Ne pouvant pas se permettre de prendre de longs congés, celle-ci a eu l’occasion de faire escale à Djeddah lors d’un de ses voyages et a pu accomplir le petit pèlerinage seule. Et ce, suite à la récente décision des autorités saoudiennes d’autoriser les femmes, sans distinction d’âge, à entreprendre la omra et le hadj sans mahram, c’est-à-dire un « tuteur », qui est en général un membre masculin de la famille proche. Les femmes doivent en revanche être en groupe. « Un pas vers la fin de la tutelle », dit-elle.


Le visa d’escale est conçu pour les voyageurs transitant par l’Arabie saoudite qui souhaitent s’arrêter quelques jours plutôt que pour ceux qui prévoient de longs séjours.

Avec une planification efficace du voyage et une utilisation judicieuse du temps, elle a effectué la omra et a visité la mosquée du prophète. Nihal a réservé un rendez-vous pour la Ziyarah sur Nusuk App pour se rendre à Médine. Et elle a emprunté la ligne de train à grande vitesse Haramein pour se déplacer entre les deux villes saintes et pour se rendre de Djeddah à Médine lorsqu’elle est arrivée en Arabie. « La ligne de train à grande vitesse Haramein est géniale, très confortable et très agréable. Elle m’a permis de me rendre de Médine à La Mecque en 2 heures et 30 minutes contre 300 riyals », rapporte-t-elle, satisfaite de cette expérience et de la multitude d’applications proposant aides et services pour faciliter le voyage des pèlerins.

Fin des restrictions, lancement du Stop Over Visa, autorisation des pèlerinages sans mahram pour les musulmanes … Dans le cadre de la Vision 2030, un plan de développement lancé par le Royaume, les autorités saoudiennes veulent renforcer la position du pays en tant que point de transit, vu sa position géographique stratégique. Depuis, c’est une nouvelle qui fait le bonheur des fidèles du monde entier, dont des Egyptiens. Il est à noter qu’environ 500 000 Egyptiens voyagent annuellement vers l’Arabie saoudite pour accomplir la omra, selon la Chambre égyptienne des agences de voyage. Aller à La Mecque, pour eux, c’est parfaire leur foi, c’est atteindre un rêve, côtoyer la sainteté, être de bons croyants et se rapprocher de Dieu.

Pas mal, mais …

Or, si certains voient dans le visa d’escale une bonne opportunité pour les courts séjours à moindre coût, d’autres ne l’apprécient pas beaucoup, surtout les personnes âgées. « Une omra en quatre jours, c’est très dur. On revient épuisé. Mais c’est beau et très impressionnant de voir la Kaaba », dit Omar, à la soixantaine, qui vient d’effectuer une omra au mois de Chaabane. En plus, la facilité des procédures fait que le nombre des pèlerins est très grand. « Il y avait des gens qui priaient dans les rues car le nombre était bien au-delà des limites de la mosquée qui était comble », ajoute-t-il. Quant à Madiha, 55 ans, elle préfère, comme beaucoup d’Egyptiens, les longs séjours et tient à effectuer ce voyage spirituel avec son mari chaque année au mois du Ramadan, car « une omra durant le Ramadan équivaut à un hadj en ma compagnie, dit le hadith du prophète Mohamad (paix et salut sur lui) ». « La Mecque est un lieu très impressionnant. Dès que tu y poses les pieds, tu n’as plus envie de repartir », explique-t-elle, tout en ajoutant : « Une omra sans visiter la mosquée du prophète à Médine est à mon sens incomplète ».


Environ 500 000 Egyptiens se rendent en Arabie saoudite par an pour accomplir la omra. (Photo : AFP)

Nihal, elle, se contente tout simplement de profiter de l’aubaine que lui offre ce service. Et rêve même de voir le Stop Over Visa utilisé aussi pour effectuer le hadj. Trop beau pour être vrai ! Le grand pèlerinage, c’est tout autre chose. Il nécessite un séjour souvent prolongé, ce qui n’est pas possible avec un visa de transit. De plus, les pèlerins doivent obtenir un visa spécial pour le hadj bien à l’avance, ce qui implique généralement de passer par un voyagiste enregistré qui organise le transport, l’hébergement et toute autre logistique pour le pèlerinage. Sans oublier aussi que le nombre de visas délivrés pour le hadj est limité et la demande est élevée.

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