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May: « Changer le regard de la société égyptienne et arabe sur les handicapés moteurs »

Hanaa Al-Mekkawi, Lundi, 09 décembre 2013

TEDxAUC

Tout a commencé par un coup de fil. On apprend à May Zein El-Dine que son fils Al-Hassan a fait un accident vasculaire cérébral. Il venait tout juste de terminer ses études universitaires, et au lieu de commencer sa vie comme tous les jeunes à chercher du travail et se marier, cet AVC a bouleversé toute la famille. Car Al-Hassan a aussi été atteint d’un trouble du langage. Après un court séjour dans les hôpitaux d’Egypte et une hospitalisation plus longue en Allemagne, Al-Hassan est rentré sur une chaise roulante dont il ne pourra jamais se lever. « La première chose qu’il m’a dite c’est : est-ce que je vais vendre des mouchoirs en papier dans les rues ? C’est en fait l’idée qu’on se fait des personnes clouées sur des chaises roulantes, en général des vieux ou des mendiants », dit Zein El-Dine. Elle poursuit : « Ce que l’on ignore, c’est que ces personnes sont patientes et optimistes. Elles aspirent à mener une vie normale et ont le droit de jouir de la vie, mais la société les met de côté et les ignore ».

A l’American University in Cairo (AUC), lors de l’événement organisé par TEDxAUC, May a raconté son expérience d’une voix émue. Oui elle est heureuse car, après deux ans de calvaire, elle a réalisé combien cette tragédie — qui aurait pu détruire son enfant — s’est transformée en une expérience positive pour beaucoup de gens et pas seulement pour son fils. Lors de leur séjour en Allemagne, May a comparé entre les soins suivis dans ce pays et ceux en Egypte pour des cas identiques, depuis le choix de la chaise roulante jusqu’au travail en passant par le sport et beaucoup d’autres activités. « Ce que j’ai remarqué, c’est qu’ici, on traite une personne handicapée comme si elle était incapable de faire quoi que ce soit. On ne cesse de lui répéter qu’elle n’y arrivera pas. Alors elle-même finit par en être convaincue. Par contre, en Allemagne, on ne cesse de lui dire qu’elle peut tout faire, mais il faut savoir comment », dit May, en résumant les raisons pour lesquelles elle a décidé de ne pas laisser son fils cloué sur une chaise, mais de l’aider à mener une vie normale, même s’il est condamné à jamais.

Aujourd’hui, Al-Hassan conduit une voiture, pratique la natation, joue au basket-ball et suit d’autres activités. « Cette expérience m’a permis de voir les choses autrement, et grâce à Dieu, il peut monter les escaliers, se changer ou passer aux toilettes tout seul », dit May. Mais il lui a fallu un soutien moral et matériel pour atteindre cet objectif. Ses voisins, amis et même des personnes qu’elle ne connaît pas l’ont beaucoup aidé. C’est pourquoi elle a décidé d’aider, elle aussi, les autres à travers sa fondation qui porte le prénom de son fils, et présente des services à ceux qui souffrent de troubles du langage.

Cette fondation a pour objectif de faire comprendre que se retrouver en fauteuil roulant n’est pas la fin du monde. Elle offre les informations et exercices nécessaires à mieux utiliser des chaises roulantes et mener une vie normale. Son cheval de bataille : trouver du travail aux personnes handicapées car, bien que la loi oblige les sociétés à consacrer 5 % de leur personnel aux handicapés physiques, cette loi n’est pas respectée. « Mon objectif est de changer le regard de la société égyptienne et arabe envers les handicapés moteurs. Je rêve du jour où les rues et les moyens de transport prendront en considération ces gens qui circulent en chaises roulantes », achève May, qui a tenu à chanter avec l’audience une chanson de Mohamad Mounir : Alli sotak bel ghona lessa al-aghani momkena (hausse ta voix et chante, les chansons sont encore possibles).

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