Al-Ahram Hebdo : Le dossier des droits de l’homme en Egypte a été, ces derniers temps, l’objet de vives polémiques. Quelles en sont les raisons ?
Nasser Amin : Ce débat est dû au fait que les activistes et les ONG adoptent une position qui reflète leur point de vue, alors que ce sont les lois et les conventions qui doivent être les critères de base. C’est cette confusion qui donne cette fausse impression qu’il existe une certaine dualité en ce qui concerne les principes des droits de l’homme.
— Lors de la dispersion du sit-in des places Rabea et Al-Nahda par les forces de l’ordre, les activistes qui oeuvraient dans le domaine des droits de l’homme ont été accusés de trahison. Qu’est-ce que vous en pensez ?
— Depuis qu’on a entamé le travail dans le domaine des droits de l’homme en Egypte en 1985, on a toujours été soumis à ce genre d’accusations et d’insultes de la part des opposants ou du régime en place. Mais en ce qui concerne le sit-in de Rabea, avant de nous bombarder d’accusations, il faut connaître que la notion du droit à manifester est présente dans toutes les conventions internationales des droits de l’homme. Elles garantissent au citoyen le droit au rassemblement pacifique. Il faut dire que les deux termes, rassemblement et pacifique, sont étroitement liés. Cela veut dire que l’on perd le droit à toute protection si le rassemblement perd sa nature pacifique. Comment voulez-vous donc défendre un droit qui pourrait être exploité pour perturber la paix sociale et mener le pays vers une guerre civile ?
— Mais comment expliquez-vous le silence adopté par les organisations des droits de l’homme face aux dépassements commis depuis le 30 juin ?
— Selon l’article 19 de la Charte internationale pour les droits civils et politiques, la liberté d’expression est garantie dans le cadre du respect des valeurs de la société. Pourtant, selon ce même article, chaque pays a le droit d’imposer des mesures exceptionnelles en cas de force majeure ou de danger. Or, de telles mesures doivent à la fois respecter la loi et les valeurs démocratiques. Lors du sit-in de Rabea, on a pris en considération la sécurité des individus, considérée comme l’une des valeurs de la démocratie. C’est pour cela que l’Etat, en prenant des mesures pour préserver ce droit, ne transgresse pas l’article 19.
Et en ce qui concerne la fermeture des chaînes islamiques, selon cette convention ratifiée par l’Egypte, il est possible de fermer une chaîne ou de suspendre une émission qui répand le chaos et l’animosité entre les citoyens. Un acte pareil est conforme aux déclarations et aux conventions internationales des droits de l’homme.
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