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ESCALES : Voyager hors des sentiers battus

Dina Kabil, Lundi, 06 décembre 2021

Au-delà du tourisme de masse, trois start-up offrent des modèles de découverte de soi ou du monde à travers des voyages d’un autre style. Tournée.

Voyager hors des sentiers battus

Randonnées : Ecouter sa voix intérieure

Voyager hors des sentiers battus
Au sommet Abbas à Sainte-Catherine avec le randonneur Omar Samra.

Wild Guanabana. Le seul nom de cette start-up en dit long sur son histoire et sa philosophie. Le guanabana, ou corossol, est un fruit tropical au goût à la fois acidulé et sucré qui pousse en Amérique latine. Son fondateur est l’alpiniste, randonneur et aventurier égyptien de renom Omar Samra. Celui qui a atteint le sommet de l’Everest (2007), passant par de nombreux autres sommets rarement visités, jusqu’à atteindre l’Alasca (2013). Lorsque, dans une excursion lointaine dans les prairies des Caraïbes, Omar devait, avec le groupe, descendre jusqu’à l’océan, mais la nourriture était épuisée. Le fruit du guanabana s’est révélé comme salvateur. Plus tard, en 2007, lorsqu’il décide de créer sa start-up, le nom de ce fruit s’est avéré pour lui comme une devise. Car dans chaque nouvelle randonnée, le chemin peut être dur, mais on est à chaque fois récompensé par « le fruit » au milieu du rien, exactement comme il lui est arrivé avec le guanabana.

Avec sa start-up dédiée à l’aventure, Omar Samra est l’idole d’un nombre de jeunes en Egypte et dans le monde arabe. Or, en 2003, Omar était sur le chemin du succès dans le secteur bancaire à Londres et Hong Kong quand il décide de tout abandonner en 2009 pour suivre son rêve: porter son sac à dos et faire le tour du monde. Il a ainsi erré pendant 370 jours continus entre l’Asie et l’Amérique latine. « Armé par mon expérience de nomade dans des endroits presque inédits, hors des sentiers battus, j’ai monté mon entreprise. Organiser des voyages qui ne consistent pas à visiter des lieux, mais à voyager pour changer notre vie. C’est même le slogan de Guanabana ». Voyager pour changer sa vie, en se connectant avec la nature et en écoutant son moi intérieur. Guanabana est ouvert à tous les âges jusqu’à 70 ans, et ayant une ligne qui s’adresse aux enfants de 7 à 17 ans. Le goût de l’aventure ne connaît pas de limites; faire des marches dans les sentiers pédestres, des randonnées et escalader les montagnes …

Les fruits de l’itinéraire: « Nombreuses sont les fois où le voyageur vient chez Guanabana avec beaucoup de stress, parfois déprimé, ou à mi-chemin avant de prendre une décision ; ces voyages qui amplifient le rapport de l’homme avec la nature, avec soi, l’aident absolument ». Il s’agit d’une clarté d’esprit qui n’a pas de pair; de retour, on est plus apte à prendre d’importantes décisions, à réorganiser ses priorités dans sa vie, à reprendre la vie d’une manière plus positive : être à l’écoute de son corps et de son coeur.

Astrotrips : Sur les traces des étoiles filantes

Voyager hors des sentiers battus
La pluie des météores à l’oasis Bahariya.

Déchiffrer les secrets de l’univers, un rêve. Mais imaginez que les millions d’étoiles que l’on contemple avec admiration sont à notre disposition. A travers des télescopes, non seulement on regarde de près la lune, les étoiles, les planètes, mais tous les phénomènes que l’on croit compliqués et ambigus sont expliqués et à la portée de tout un chacun. C’est ce que propose le groupe astrologique Astrotrips, qui organise des camps au milieu du désert, en Egypte et ailleurs. Le groupe a été fondé en 2012 par l’astrologue Amr Abdel-Wahab, directeur de l’association d’astronomie Moustapha Mahmoud ; il a voulu partager le plaisir qu’il a toujours eu depuis son enfance en contemplant le ciel avec les enfants et adultes dont la curiosité face à l’univers devient de plus en plus grandissante.

« Mon enfance passée dans un village en Haute-Egypte, où il n’y avait pas d’électricité, m’a encouragé à passer des heures à contempler la lune et les étoiles et à rêver qu’un jour je déchiffrerai les codes de ce cosmos », avance Abdel-Wahab. Lorsqu’en 2016, armé par son télescope, Amr Abdel-Wahab est allé suivre l’éclipse de la lune, il a lancé un poadcast pour diffuser ce phénomène unique.

Sa surprise était énorme quand le public s’est accru de 15000 à 30000, jusqu’à atteindre 2 millions de visiteurs. Depuis, les phénomènes ne manquent pas pendant les jours de l’an. A l’aide d’Astrotrips, on fait des excursions en général pour observer Mars ou Saturne, ou en collaboration avec le ministère de la Jeunesse pour répondre à l’avide curiosité de la jeunesse envers l’espace.

Quant au voyage phare qui attire beaucoup d’amoureux de l’espace, c’est incontestablement le phénomène connu du nom de Perséides ou « pluie de météores » qui se déroule entre les 12 et 24 août. Astrotrips le suit depuis plusieurs années; cette fois-ci, le groupe est allé à l’oasis Bahariya et a observé cette « nuit d’étoiles filantes » dans l’espace. Selon Abdel-Wahab, il s’agit de micro-masses, des météorites qui orbitent autour du soleil. Une fois que les restes de ces météorites interrompent la rotation de la terre autour du soleil, ils pénètrent dans notre atmosphère et brûlent. Les objets brûlants des météorites apparaissent sous le télescope, s’allument et disparaissent avec, parfois, des couleurs fascinantes .

Des séjours pour se déconnecter

Voyager hors des sentiers battus
Retraite à Bali exclusivement aux femmes.

« Déconnectez-vous pour vous connecter ». C’est l’un des concepts adoptés par Chillax, utilisés pour stimuler les femmes à participer aux retraites « For Ladies Only ». Hadir Al-Rifaï, fondatrice de cette start-up depuis 2010, explique son idée. Les femmes, en général et dans nos sociétés, ont besoin de voyager car « les gens autour de vous veulent que vous jouiez les rôles d’une mère, d’une grand-mère, d’une soeur, d’une femme, d’une amie et d’une amante. Vous avez tendance à oublier que les femmes sont en fait des êtres humains. Lors d’une retraite, vous pouvez abandonner tous ces rôles; vous pouvez être vous-mêmes pour la première fois depuis des années ».

Formée comme life coach et consciente que la culture du voyage n’est pas en cours en Egypte, Hadir réussit quand même sa start-up Chillax, dont le nom est l’amalgame de chill-out et relax. « Le voyage n’est pas superflu » est son slogan. C’est pourquoi sa Chillax possède deux lignes: en plus des retraites uniquement pour les femmes (à l’étranger comme en Thaïlande ou aux Maldives, ou en Egypte dans des villes côtières), une seconde ligne s’ouvre aux voyages de la famille qui unit le côté amusement à celui éducatif. « Normalement, les parents investissent dans des biens pour leurs enfants et non pas dans le voyage », insiste-t-elle. Et le résultat est très vite ressenti: des enfants qui ont beaucoup vu et ont un savoir sans vraiment s’en rendre compte.

Quant à la retraite qui comprend normalement, entre autres, un programme de méditation, de promenade silencieuse, d’excursion maritime et de massage, c’est la manière de Chillax de supporter la femme dans notre société. Parce qu’elle est, selon Hadir, doublement ou triplement effacée dans la famille. Alors qu’une retraite consiste par définition à s’éloigner de la cacophonie extérieure des voix du quotidien et des responsabilités journalières. La femme arrive à écouter ainsi sa propre voix innée, se connecter avec la nature, pour ensuite écouter et se connecter avec son coeur.

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