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Le « handmade » « Made in Egypt » a toujours la cote

Dina Bakr, Mardi, 28 septembre 2021

Depuis 2015, Creative Egypt rassemble des artisans pour promouvoir les produits artisanaux. L’exposition a fermé ses portes à Cairo Festival City, mais rouvrira ailleurs. Explications et portraits de trois artisans.

Le « handmade » « Made in Egypt » a toujours la cote

Pour l’amour des coquillages

Le « handmade » « Made in Egypt » a toujours la cote
Pour avoir une marge bénéficiaire satisfaisante, il faut éviter le gaspillage.

« Nous travaillons avec des matières primitives, mais qui coûtent très cher. Nous partons du principe quun décor avec des coquilles en nacre ne doit pas changer daspect avec les années », confie Moussa Al-Sayed, 58 ans, artisan d’art nacrier à Gamaliya qui s’est lancé dans le métier dès l’âge de 12 ans. Le kilogramme est estimé à 500 L.E.

A Creative Egypt, il a appris comment économiser les matériaux aussi bien que les techniques auxquelles on peut avoir recours pour réduire la consommation de la nacre de qualité et le bois. « Limportant dans notre travail est dattirer les regards des clients en mettant àlavant la plus belle partie qui est la face et laisser en arrière-plan les parties incrustés de coquilles moins chères ».

Les prix sont variés et dépendent de la qualité et de la quantité de coquilles incrustées dans le bois. Par exemple, une boîte de jeu de Backgammon, estimée à 600 L.E., peut atteindre les 30 000 L.E. Autre leçon apprise à Creative Egypt, il a remarqué l’ampleur des pertes et le gaspillage en ce qui concerne le bois. « Pour réduire le temps et les étapes de travail, jai embauchéun menuisier professionnel dans mon atelier et jai achetéune scie sauteuse pour scier les planches en suivant des dessins. Ce qui donne lespace nécessaire àlartisan pour incruster la nacre dans le bois », affirme Al-Sayed, tout en ajoutant que si l’épaisseur du morceau de bois est de 6 millimètres, il faut empiler 4 morceaux les uns sur les autres et les couper en une seule fois pour obtenir l’un des côtés des 4 boîtes. En calculant le coût du bois utilisé pour ces 4 boîtes, il revient à 80 L.E., alors qu’une boîte, en gaspillant du bois, lui coûte 50 L.E.

« Jai confectionnéune commande de 600 boîtes de Backgammon incrustées de coquilles de nacre et tapissées de velours pour un magasin àDubaï. Pour faire disparaître lodeur de la colle, une idée mest venue, celle de saupoudrer lintérieur de vanille », décrit Moussa Al-Sayed. Des astuces pour avoir un produit irréprochable

La maroquinerie, une passion égyptienne

Le « handmade » « Made in Egypt » a toujours la cote
Les motifs égyptiens sur les produits de Tony Elmasry reflètent l’identité égyptienne.

Après quelques années de stage d’initiation dans un atelier de cuir au Caire, Anton Adel a découvert sa passion pour le cuir et la fabrication des sacs à mains, portefeuilles et ceintures. « Lactivitéde la maroquinerie ma plu et jai voulu rentrer dans des détails plus spécifiques. La création dun beau sac àmain avec quelques morceaux de cuir était pour moi le résultat dun travail réussi », raconte Tony Elmasry.

Son nom est devenu une marque de fabrication d’articles en cuir. Jour après jour, après quatre premières années de travail, la fabrication des sacs en cuir est devenue sa passion. Il a acquis de l’expérience et a observé les défauts de confection tout en apprenant à Creative Egypt comment les corriger. « Javais atteint un certain niveau de professionnalisme, et en parallèle, je regardais des vidéos de fabrication artisanale darticles en cuir sur YouTube pour approfondir mes connaissances et pouvoir créer mes propres sacs àmain », indique-t-il.

« Les triangles, les couleurs nubiennes, les petits bateaux, les arbres et les pyramides sont présents sur mes sacs. Associer des accessoires en cuivre au cuir a pris de lampleur dans mes modèles de sacs àmain pour marquer lidentitéégyptienne de lartisan. Epanouir mon esprit dartiste a étéparmi les leçons que jai apprises durant les cours de Creative Egypt », affirme Tony Elmasry. Cela fait 11 ans qu’il a ouvert son propre atelier à Ezbet Al-Nakhl. Deux artisans maroquiniers travaillent avec lui et trois familles l’aident à accomplir quelques étapes importantes de fabrication. Il considère le sac à main qu’il a créé avec des motifs triangulaires nubiens comme un porte-bonheur, car son prix atteint les 420 L.E. et se vend bien chaque année depuis qu’il a été fabriqué pour la première fois, il y a 8 ans .

Manier l’argile à la perfection

Le « handmade » « Made in Egypt » a toujours la cote
Mohamad Mahmoud est l’un des modèles d’Evelyne Porret, qui a marqué de son empreinte le village Tounès au Fayoum.

Mohamad Mahmoud, 42 ans, céramiste, a fait partie de la première génération de potiers qui ont appris les techniques utilisées dans la fabrication des objets en argile grâce à Evelyne Porret. Cette femme, originaire de Suisse, décédée en juin 2021, a marqué de son empreinte le village Tounès au Fayoum. Elle a fondé la première école d’enseignement et de fabrication de céramique et poterie de la région et a transformé un petit village agricole du Fayoum en un haut-lieu de la poterie.

« A l’époque, javais 8 ans, et Evelyne, surnommée la Dame, a bien exploiténotre amour àvouloir malaxer et jouer avec de largile en nous apprenant les techniques de fabrication des pichets, des saloirs, des assiettes et même des boîtes en argile », raconte Mahmoud. Il ajoute que malgré les petits défauts, les pièces en argile fabriquées par les enfants de ce petit village s’écoulent comme des petits pains.

A l’âge de 13 ans, Mahmoud a participé à une exposition à l’Opéra du Caire et les objets qu’il a fabriqués en terre cuite ont séduit la clientèle. « Cette réussite nous a motivés àpersévérer, prendre au sérieux la poterie et lui consacrer plus de temps et defforts en continuant dapprendre et dinnover », souligne Mahmoud.

Mettre les mains dans le cambouis dès son jeune âge lui a donné l’opportunité d’ouvrir son propre atelier à Tounès à l’âge de 21 ans. « Les artisans de Tounès diffèrent des autres potiers. Evelyne nous a appris àréaliser 2 étapes en une seule et dautres techniques comme le décor au lustre métallique qui donne àla pièce fabriquée des reflets chatoyants », révèle Mahmoud.

« Nous avons suivi des cours au Centre de modernisation industrielle pour mieux nous inspirer des choses qui nous entourent et exploiter le moindre élément pour fabriquer des poteries originales. Nous avons aussi appris comment fabriquer un bel emballage pour mieux commercialiser nos pièces en argile », énumère Mahmoud. Il affirme que Creative Egypt les a aidés à se faire connaître et à développer une stratégie de marketing .

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