Les séances affichent complet. A Intellect Coaching School, une académie qui a lancé son programme de coaching parental il y a 3 ans, une équipe de pédagogues et de psychologues tente de guider les parents à trouver des solutions pour faire face à leurs problèmes avec leurs enfants. Il s’agit d’un service d’aide destiné aux parents désireux d’améliorer leurs stratégies éducatives. « Un grand nombre de parents se présente pour apprendre à écouter leurs enfants et mieux comprendre leurs comportements et besoins. Ces séances de coaching parental leur permettent de cerner les intérêts et les aptitudes de leurs enfants à différents stades de développement, du berceau à l’adolescence », explique Yasmine Atef, responsable de la communication à Intellect, qui organise ces stages de formation des parents. Pour elle, « communiquer avec son enfant c’est la clé d’une bonne relation, il suffit uniquement de trouver le juste équilibre entre fermeté et bienveillance ».
L’adolescence, une période de grande tension
Changer de langage est la technique utilisée pour améliorer la relation entre parents et enfants. « Lorsqu’un parent recourt aux services d’un coach pour apprendre à se comporter avec son enfant têtu, agressif ou peureux, c’est qu’il y a un problème de communication. On accompagne les adultes dans le processus de changement en les appelant à réfléchir aux solutions en allant puiser dans des situations vécues », s’exprime Mohannad Mehanna, coach parental qui a déjà élaboré un projet pour les familles monoparentales.
La parentalité représente un réel défi et le programme de coaching parental aide les parents à mieux comprendre et communiquer avec les enfants difficiles ou en crise d’adolescence. Le coach est là pour accompagner les parents dans leurs réflexions, leur apprendre à gérer des situations difficiles, et surtout contenir leur colère pour éviter des états émotionnels susceptibles de structurer la personnalité de l’enfant. Les rendre conscients de leurs défauts pour ne pas nuire au développement émotionnel et mental de leur progéniture est l’objectif de ces stages du coaching parental. « Inconsciemment, certains parents adoptent des comportements toxiques pouvant avoir un impact direct sur l’éducation de leurs enfants », explique Mohannad qui cite l’exemple des personnes au caractère colérique. Ces dernières doivent apprendre à se contrôler pour arriver à tisser une bonne relation avec leurs enfants, surtout ceux qui sont en crise d’adolescence. Le cas de Hayat, femme au foyer, est suffisamment clair. « La seule façon de m’exprimer ou me faire entendre était de crier. Un jour, mon fils, âgé de 14 ans, et qui tente à tout prix de me provoquer, en réaction à mon attitude violente, s’est présenté à la maison une cigarette à la main. Il l’arborait fièrement pour me narguer », raconte Hayat, qui se savait plus comment réagir. Le coach l’a aidée à adopter de nouveaux comportements et surtout comment gérer sa colère, notamment en faisant des exercices de respiration. « Le coach m’a fait comprendre que fumer est une réaction comportementale face à une situation de maltraitance verbale. J’ai suivi les conseils du coach et j’ai même présenté des excuses à mon fils, tout en lui demandant gentiment d’arrêter de fumer », ajoute Hayat. Constatant que l’attitude de sa mère à son égard avait changé, cet adolescent a arrêté de fumer.
C’est en effet surtout pendant l’adolescence que les conflits augmentent et que la tension se fait pesante. D’où l’effort redoublé que doivent faire les adultes. « En général, l’adolescent refuse de se plier aux consignes. Pour comprendre la finalité de ce qu’on lui demande, il a besoin de clarté. Et le manque d’explication peut entraîner une réaction de rébellion chez lui », analyse Abdallah Al Saïd, qui a obtenu un doctorat en pédagogie.
Mettre la main sur la clé de la solution
Les parents sont invités à être plus flexibles face aux changements comportementaux de leurs enfants, notamment pendant l’adolescence.
Safaa est une maman qui assume seule la responsabilité de son fils. Et même si le papa assume ses responsabilités financières, il ne contribue pas à son éducation. « J’ai participé au programme de coaching suite à la publication d’une annonce sur les réseaux sociaux. Je voulais trouver une solution face à la négligence du père qui pense que c’est à la femme d’assumer l’éducation de son enfant », souligne-t-elle. Elle a élaboré avec son coach un plan d’action pour pallier l’absence du père et apprendre à jouer les deux rôles en même temps. Elle a inscrit son fils aux scouts et l’a poussé à fortifier ses liens avec son oncle, pour qu’il ait une figure paternelle dans sa vie. « Le coach m’a dit que si je voulais que mon enfant devienne un homme responsable, il doit apprendre dès son jeune âge comment se comporter en homme. Il m’a dit d’éviter de tenir des propos réducteurs à l’égard du père », ajoute-t-elle. Safaa est satisfaite car de telles initiatives ont contribué à rétablir l’équilibre de son fils.
Autre cas difficile, comment protéger un gamin turbulent des membres de la famille proche qui critiquent sans cesse son comportement. Walaa, son mari et ses 3 enfants vivent dans la maison familiale. Son cadet est un enfant agité. « Si mon fils avait la capacité de marcher sur les murs, il le ferait », décrit-elle. Quand les parents rendent visite au grand-père qui habite à l’étage supérieur, le petit garçon ne tient pas en place, alors son père et son oncle tiennent des propos offensants à son égard. « Le fait d’être traité de mauvais garçon lui a provoqué des furoncles sous-cutanés. C’était psychosomatique », explique Walaa, la maman qui a décidé de recourir aux séances de coaching parental. « Plus l’enfant grandit et plus son cerveau se développe et les parents doivent se rendre compte des changements qui s’opèrent à la fois sur le plan physique et psychique », s’exprime-t-elle. La jeune maman dit avoir abordé le sujet avec son mari en lui exposant la situation avec tact et en lui disant que si le gamin agit ainsi c’est parce qu’il a en face de lui un père qui n’est pas tendre avec lui. Walaa a eu de longues discussions avec son mari pour qu’il prenne conscience du problème et puisse contenir le caractère de son fils. En parallèle, elle a compris que son petit avait besoin d’un soutien psychologique pour éviter plus tard d’avoir des problèmes dont les conséquences pourraient être plus graves.
Dans ce contexte, le coach conseille aux parents de consacrer suffisamment de temps pour chaque enfant. « Un enfant doit passer au moins une demi-heure par semaine avec ses parents sans subir de brimades pour se sentir en sécurité. Ce qui lui permettra plus tard de s’approcher des autres et d’avoir confiance en lui », explique Imane Al-Chennawy, coach parental. Elle ajoute que les parents tombent dans le piège de la petite enfance en faisant la comparaison entre l’attitude d’autres gamins qui se comportent correctement selon leurs points de vue et celle de leur enfant. « J’ai souffert des comparaisons émises pour signifier une infériorité car elles ont un impact sur l’enfant. Heureusement, je me suis entraînée au coaching en voyant mes problèmes et je suis parvenue à les résoudre par la connaissance », explique Imane Al-Chennawy. En fait, le coaching parental peut travailler en parallèle avec les consultations psychologiques. « Le coaching résout des troubles de conduite et de manque de confiance en soi, tandis que le psychologue cherche les raisons profondes de telles conduites », souligne Abdallah Al Saïd, PHD en pédagogie. Parfois, un enfant normal et en pleine santé ne peut pas garantir aux parents que tout va bien se passer. Un bébé de quelques mois a besoin aussi de se sentir bien dans sa peau.
Le couple Galal et Haniya a découvert que les réactions de leur bébé de 9 mois étaient anormales. « Il pleurait tout le temps et s’accrochait fort au cou de sa maman, dès qu’il voyait des personnes étrangères », relate Galal, le père. Les parents ont donc décidé de se rendre dans un centre de consultation psychologique et ils ont été surpris par le résultat. Les réactions de leur fils ont été interprétées ainsi : son intelligence est celle d’un enfant de 2 ans et pas de 9 mois. « Le psychologue lui a fait un test de QI, et mon enfant a réussi à l’imiter dans le jeu d’assemblage et de construction », indique le papa. Le remède a été que la maman devait jouer avec son enfant tout en lui parlant et rire lorsqu’il fait des grimaces ou des sons comiques.
Bref, à chaque enfant ses besoins, et à chaque parent de comprendre comment répondre à ces besoins pour parvenir à une relation équilibrée et une bonne communication entre les deux parties, qui s’aiment sans aucun doute, mais qui ne savent pas toujours se le dire.
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