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Ces jeunes qui s’ingénient à traquer le coronavirus

Dina Bakr, Mercredi, 12 août 2020

Les Egyptiens ont aussi leur mot à dire dans la lutte mondiale contre le Covid-19 par le biais de la technologie. « Hack the virus » est le nom d’un hackathon récemment organisé avec pour objectif de permettre aux jeunes de présenter leurs solutions technologiques, afin de réduire la propagation du virus. Focus sur trois des cinq projets gagnants

Une caméra pour détecter les malades au milieu de la foule

Une caméra pour détecter les malades au milieu de la foule

Usines, aéroports, stations de métro, gares. Les endroits de grande affluence pourront désormais tirer profit de la caméra thermique. « Cette caméra déclenche une alarme lors de la détection d’une personne présentant une température supérieure à 37 degrés, un rythme cardiaque élevé ou un essoufflement anormal. Elle est capable de scanner plusieurs personnes à la fois », explique Karim Al-Zeftawy, un ingénieur de 28 ans qui gère une entreprise parrainée par l’Institut des recherches électroniques relevant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Selon lui, il est difficile de contrôler les mouvements de foule dans certains endroits ou réduire le flux des gens, surtout durant les heures de grande affluence. D’où l’idée de détecter, dans une foule, les personnes pouvant être malades, ce qui peut aider à percevoir la circulation du virus.

Cette caméra de détection des malades sera liée à un écran surveillé par un ou plusieurs employés, lesquels seront chargés d’interpeller le malade potentiel et de conseiller de se rendre chez un méde­cin ou à l’hôpital. Le coût de production de cette caméra est élevé, mais son usage peut être très utile dans les différents lieux qui accueillent des milliers de personnes comme les aéroports et les gares. Les Nations-Unies ont déjà offert une somme de 2 000 dollars en guise de prix pour le groupe de travail qui l’a conçue. Aussi, l’Académie de la recherche scientifique contribue à la réalisation du projet avec un montant de 400 000 L.E., et l’Institut des recherches électroniques met à disposition ses laboratoires et les composants nécessaires à la fabrication de cette caméra (une contribution évaluée à 200 000 L.E.). « Il est vrai que cette caméra coûte cher car aucun pays au monde ne l’a encore fabriquée, pas même le Japon où elle est utilisée uniquement pour les recherches. C’est en Egypte que les Nations-Unies et notre gouvernement ont vu l’importance de concevoir une caméra qui scanne les personnes se trouvant dans les lieux publics de grande affluence après avoir détecté celles qui sont malades en déclenchant une alarme », indique Al-Zeftawy. Le prototype de la caméra sera présenté dans 4 mois, et sa fabrication commencera dans un an.

L’intelligence artificielle pour anticiper les crises sanitaires

L’intelligence artificielle pour anticiper les crises sanitaires

Toute crise sani­taire d’envergure, avec son flux de malades nécessi­tant une hospitali­sation, met à dure épreuve les sys­tèmes de santé par­tout dans le monde. Cela a été le cas avec le coronavi­rus. Au pic de la pandémie, de nom­breux systèmes de santé ont dû faire face au manque de lits, de respirateurs artificiels, voire de médicaments. « Notre projet est de mettre en place, dans les hôpitaux, un système de prédiction, qui, à travers des logiciels liant les données concer­nant les malades, la quantité de médicaments et le nombre de lits disponibles, est capable d’an­ticiper la survenue de toute pénurie, de mettre au point un plan d’action avant que cela n’ad­vienne. Ce système compte sur l’intelligence artificielle », explique Karim Al-Debeissy, 29 ans, chef d’une entreprise qui apprend aux enfants comment confectionner un robot et programmer des jeux électroniques. Al-Debeissy espère que ce système sera appliqué dans tous les milieux hospitaliers en Egypte, publics ou privés.

Actuellement, le Centre d’innovation technologique et d’entreprenariat a inclus Al-Debeissy et son groupe à un programme facilitant la création d’entreprises technologiques. Ce programme aide à l’éclosion du projet et facilite les contacts avec les hôpitaux privés afin d’appliquer le système de prédiction. « Beaucoup de médecins ont remarqué des inégalités dans la distribution des médicaments. Grâce à ce projet, on pourra prédire les besoins des malades en médicaments, respirateurs artificiels et d’autres équipements nécessaires aux soins des malades » souligne-t-il. Il ajoute avoir essayé l’efficacité de ce type de système de prédiction en le testant avec les don­nées d’autres pays dont les informations étaient disponibles sur Internet. Plus les données pré­sentées à ce modèle sont précises, plus les prédictions seront justes. « En cette période, on essaie de développer le modèle pour être capables d’anticiper la durée d’hospitalisation d’un malade », affirme Al-Debeissy. Un projet qui nécessite cependant un gros budget.

« Hack the virus » : Une centaine de projets innovateurs et 5 gagnants

Récemment organisé par les Nations-Unies, le Centre d’innovation technologique et de l’entreprenariat (Tiec) dépendant du ministère des Télécommunications, ainsi que l’entreprise Dell pour la technologie et le géant pharma­ceutique Novartis, le hackathon « Hack the virus » avait pour objectif de permettre aux jeunes entrepreneurs égyptiens de présenter leurs solutions technologiques pour réduire la propagation du Covid-19. Une centaine de projets électroniques y ont été présentés, cer­tains ayant déjà vu le jour et d’autres en voie d’élaboration, précise Ghada Hamdy, spécia­liste des partenariats au Laboratoire des Nations-Unies pour la technologie et l’innova­tion (UNTIL). Sur cette centaine, le jury a choisi cinq et leur ont décerné des prix d’un total de 130 000 L.E. Mais l’affaire ne s’arrête pas là : l’Onu et le ministère des Télécommunications apportent un grand sou­tien aux innovateurs afin de « transformer l’idée en un projet commercial », selon Moustapha Galal, responsable des médias au Centre d’innovation technologique et d’entre­prenariat, qui explique que des stages de 3 mois seront offerts, suite auxquels le Tiec recommandera un programme de parrainage qui présente des consultations et des soutiens financiers, et ce, afin de concrétiser les projets.


Le robot en blouse blanche

Le robot en blouse blanche

« Alf salama » est une expression familière utilisée pour souhaiter un bon rétablissement à un malade. Depuis 6 mois, 1 000 salama.com est devenu un site Web incontournable dans les domaines de bien-être et santé. Il offre un chatbot en arabe qui apporte au visiteur une informa­tion diagnostic sur son état de santé. Plusieurs procédés sont possibles comme mentionner la partie du corps dont le patient souffre, ce dernier peut aussi simplement cliquer sur le mot tachkhiss (diagnostic). Le premier et le second choix conduisent au même résultat et permettent au visiteur de dialoguer avec un robot, lequel va poser des questions détaillées sur les symptômes ressentis par le patient. « Ce service élec­tronique interactif est gratuit. Nous avons alimenté ce service par les données de 900 diagnostics de maladies et nous avons actualisé le site en introduisant des informations sur le coronavirus et les symptômes à ne pas prendre à légère pour éviter toute complication grave », explique Tarek Mandour, ingénieur spécialisé dans les programmes informatiques relatifs aux de soins de santé. Cet ingénieur, avec la collaboration d’Ahmad Hossam, un médecin, gèrent ce site Web. Ils ont réussi à classifier les divers problèmes de santé qui peuvent apparaître avec les symptômes qui correspondent à la mani­festation de chaque maladie, mais en les mettant sous forme de questions pour simplifier l’échange de données par voie électronique. Un robot écoute la plainte, puis décrit les symptômes de la maladie et le visiteur de répondre par un oui, non ou parfois. A la fin de l’entretien, un dia­gnostic est posé après une analyse scien­tifique des symptômes, ensuite, on four­nit au visiteur l’adresse d’un médecin se trouvant dans la même zone géogra­phique que lui. « Nous avons consulté des données médicales confiden­tielles accessibles sur le Web. Des recherches et des articles publiés en ligne nous ont aidés à avoir un contenu crédible. Par ailleurs, nous avons mis à la disposition des visiteurs les coordonnées de 17 000 médecins à travers le territoire », souligne Mandour.

« 1 000 salama » est le premier pas à faire avant de consulter un médecin. Tarek et Ahmad ont mûrement réfléchi à ce projet, et ce, après avoir constaté que 70 % des gens consultaient Internet pour rechercher des informations médicales. Ils ont décidé d’agir et de mener une action de sensibilisation en faveur de la santé tout en propageant une culture qui s’appuie sur les données scientifiques les plus accréditées. Le chatbot « 1 000 salama » fournit 2 000 diagnos­tics de diverses maladies. Tarek affirme que la prochaine étape de ce projet sera de créer une application sur portable qui consiste à avoir un réseau de connaissances direct avec 200 méde­cins (pédiatres, gynécologues et mala­dies chroniques) que les praticiens pour­ront installer dans leurs cliniques et que le malade pourra télécharger sur son portable suivant un code-barres. Dans la salle d’attente et avant de passer la consultation chez le médecin, le patient répond au chatbot sans oublier les détails importants afin d’obtenir un traitement optimal qui convient à son cas. Cette application pourra aider le spécialiste à constituer un dossier complet du malade auquel on pourra ajouter par exemple si la maladie est transmissible parmi les membres de la famille ou si le patient présente d’éventuelles allergies à cer­tains médicaments.

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