Pas de salles de sport, pas de club ni de piscine. Les lieux dédiés àl’activitésportive gardent encore leurs portes closes pour éviter le risque de transmission du coronavirus. Mais ce n’est pas une raison pour tout arrêter. Les amateurs de sport ne sont pas restés les bras croisés. A l’exemple de Hani, 43 ans, décorateur, pour lequel le sport est essentiel pour se maintenir en forme. Depuis 15 ans, cet homme pratique du fitness, essayant toujours àaméliorer ses performances en faisant plusieurs exercices ciblés pour travailler et renforcer la sangle abdominale, le muscle grand dorsal ou les biceps. Et pour continuer àle faire, il s’est tournévers les activités en ligne, très en vogue actuellement dans tous les domaines.
Mohamad et Seif ont fondé leur propre mini-salle de gym.
Sur Instagram, il est membre de deux groupes, Fitness.growp et all_ workout_tips, qui, affirme Hani, «donnent des combines sur les moyens de continuer à s’exercer chez soi en l’absence d’appareils et d’accessoires d’entraînement disponibles dans les salles de sport ». Ces deux groupes comptent environ 400 000 followers, publient des photos de meubles ou d’objets que l’on trouve àla maison pour servir d’attirail sportif et faire les mêmes exercices physiques qu’en salle de fitness. Prenons l’exemple du plan de travail de cuisine, le sportif peut s’y appuyer pour faire des exercices d’assouplissement en hissant ses épaules comme il a l’habitude de faire avec une barre fixe en se soutenant avec les mains. Les chaises sont utilisées pour faire des exercices d’étirement des bras et des jambes. Des bouteilles d’eau minérale peuvent servir d’haltères pour muscler les biceps, etc. En plus de cela, Hani, habituéàfaire du cardiotraining sur un tapis de course, fait désormais du vélo, que ce soit pour aller faire ses courses ou juste pour se balader.
En effet, en cette période de Covid- 19, la vente des vélos a augmenté. Selon Mohamad Sami, fondateur de l’initiative Go Bike, depuis la dernière quinzaine du mois de mars, Go Bike reçoit sur sa page Facebook, qui compte 90 000 suiveurs, une dizaine de demandes de conseil par jour, les facebookeurs voulant se renseigner pour bien choisir un vélo.
«Depuis que notre initiative a vu le jour en 2011, nous recevons des demandes de conseil, surtout d’habitants de quartiers résidentiels où il est facile de faire du vélo, comme Tagammoe, Réhab, Chorouq, Madinaty ou 6 Octobre. Mais avant l’apparition du coronavirus, on en comptait une par jour, aujourd’hui, il y en a dix fois plus », explique Sami. D’autres ont mis le paquet, comme Mohamad Walid, 20 ans, étudiant dans une universitéinternationale, qui a aménagéune petite salle de sport sur la terrasse de son immeuble. Sur une surface de 90 m2, il a installéun tapis de course, une planche d’équilibre et un kit haltère musculation et d’autres appareils et accessoires sportifs. «Je m’exerce tous les jours entre 20h et 22h. Si un de mes copains décide de se joindre à moi, je nettoie les appareils avec des produits désinfectants, et je respecte la distanciation physique entre nous », dit-il, car «faire du sport à deux, c’est plus motivant et plus sympa ».
Et même lorsqu’il se rend chez Seif, son ami intime, ils profitent ensemble des équipements installés dans sa chambre. Ils se lancent aussi des défis àrelever, comme ils avaient l’habitude de faire lorsqu’ils s’entraînaient en salle de gym. Seif a toujours fait des économies pour s’offrir des appareils sportifs afin d’améliorer ses performances. Il a suspendu une grande barre d’entraînement au mur, possède une planche d’équilibre et un kit haltère musculation.
Vélo et jogging ont le vent en poupe
Jihane est prête à continuer à donner des cours en ligne, même après la réouverture des clubs
et des salles de gym.
Mais tout le monde n’a pas les moyens et l’espace nécessaire pour s’équiper chez soi. Alors, certains optent pour des solutions bien plus simples. Lamia, 39 ans, une femme au foyer qui habite àRéhab, se contente de la marche àpied. «Avec quelques voisines, on a commencé par faire le tour du club Réhab, juste après le coucher du soleil, mais on s’est rendu compte qu’on n’était pas les seules, il y avait trop de monde, alors, on a changé de parcours pour éviter tout regroupement inutile en cette période de crise sanitaire », relate Lamia, qui préfère les tous petits groupes, car, dit-elle, le fait de partager une activitéphysique avec d’autres personnes permet de s’intégrer àun groupe et booster sa motivation pour faire du sport. Elle fait avec ses amies du jogging tous les jours mais aussi du vélo. Les bicyclettes ayant remplacéles voitures pour circuler dans le compound. De nouvelles pratiques, qui, tout compte fait, leur conviennent àmerveille : non seulement elles ont économisél’argent consacréàl’abonnement àla salle de gym, pas moins de 600 L.E. par mois, mais elles s’exercent aussi en plein air, pas entre quatre murs, et profitent du paysage verdoyant qui les entoure, respirent de l’air frais, ce qui aide àse détendre, àréduire le stress et rompre la monotonie du quotidien.
Lamia y a tellement pris plaisir qu’elle encourage toutes ses connaissances àfaire de même, en leur parlant des bienfaits de toute activitésportive pour renforcer le système immunitaire et créer un sentiment de bien-être.
Séances de sport en ligne
n’a jamais arrêté de faire du sport et ce, depuis sa jeunesse.
Les coachs aussi tentent de s’adapter àla situation actuelle. Farida Gamal, une jeune coach de 25 ans, en avait assez de rester chez elle, sans faire de sport d’autant plus qu’elle commençait àprendre du poids. «Mes suiveurs m’ont encouragée à donner des cours de sport en ligne à travers l’application Zoom. Après deux semaines d’inactivité, je m’y suis mise, et je donne désormais 8 classes virtuelles par semaine », explique Farida. Un agenda chargépour cette jeune femme qui travaille dans la finance le matin et comme entraîneuse sportive le soir. Mais l’expérience s’est avérée fructueuse. «J’ai relié mon ordinateur à la télé avec un câble HDMI, ce qui me permet de voir les participantes à travers l’écran. Le sport en ligne me permet de parler à tout le monde en même temps et donner des instructions sans bouger de ma place. Si une ou plusieurs participantes font un faux mouvement, je le détecte tout de suite et je corrige la posture sans bouger de ma place, tandis qu’en salle de gym, on perd du temps en faisant cela. Le cours dure une heure et on ne peut corriger toutes les mauvaises postures et il faut tenir compte du cours qui suit et dont il faut respecter l’horaire, alors qu’à la maison, le cours de sport peut durer une heure et demie ou 2 heures », explique Farida.
Les séances en ligne offrent ainsi quelques avantages, notamment le fait de gagner du temps. «Bien que je n’habite pas très loin du club, je dois y aller en voiture, les routes sont souvent bloquées et, en plus, je galère avant de trouver une place pour garer, c’est stressant parce que je ne peux pas me permettre d’être en retard », raconte Jihane Hosni, coach. Actuellement, il lui suffit de donner quelques instructions aux participantes sur le groupe WhatsApp, par exemple, pour qu’elles préparent des poids de musculation de 3 kg, un bâton, une chaise, un tapis de sol confort pilâtes ou un tapis normal qui protège le corps du sol. «Certaines de mes clientes y ont tellement pris plaisir qu’elles me demandent de continuer à donner des cours en ligne même après la réouverture des clubs et des salles de sport », raconte Jihane, séduite par l’idée. Les cours virtuels ont séduit beaucoup de femmes en Egypte et dans des pays arabes.
«J’ai choisi de pratiquer du sport avec des Egyptiennes car j’ai le mal du pays et le fait d’entendre le dialecte égyptien apaise ma nostalgie », dit Salma Mohamad, une jeune femme résidant àDubaïqui a incitéses 2 copines àfaire de même. Le monde virtuel a ainsi créédes échappatoires permettant de réduire le stress, en attendant que la vie reprenne son cours normal. Et les idées ne manquent pas. « J’ai participé au Stay safe marathon 2020, organisé par 3 grandes firmes. Le paiement de l’abonnement s’effectue en ligne, ensuite une application apparaît sur le portable expliquant au participant le trajet à parcourir : 42 km en 14 jours. Dès que le participant marque une halte en cours de chemin, le temps de pause ou de repos est enregistré sur cette application », explique Youssef, un ingénieur de 65 ans qui n’a jamais arrêtéde faire du sport, et ce, depuis sa jeunesse. Il a réussi àrelever ce défi et a obtenu un certificat d’honneur et une médaille.
«J’ai battu mon beau-fils au marathon », dit-il, non sans fierté, en attendant de nouvelles compétitions, virtuelles ou réelles, pour faire ses preuves .
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