L’objectif de mon projet Esseefni (sauve-moi) est de sensibiliser les étudiants à l’importance des gestes de premiers secours. Je veux offrir une formation interactive en commençant par les étudiants de première année des filières scientifiques. En manipulant des substances dangereuses, ces derniers s’exposent à des dangers, alors, leur indiquer les mesures à prendre s’avère d’une grande importance. Or, il n’existe pas de guide pratique pour ces étudiants. J’ai été affligée d’apprendre qu’un étudiant de la faculté de pharmacie avait perdu l’usage de son oeil suite à une éclaboussure de produits chimiques, alors qu’il faisait des tests. Il s’est mis à courir comme un fou dans les locaux, mais personne n’a pu l’aider ou alléger ses souffrances. Je veux donc transmettre le savoir-faire que j’ai acquis dans le cadre de mon activité en tant que bénévole au Croissant-Rouge, et ce, en initiant les jeunes aux gestes de base des premiers secours.
2e place : Nihal Farghali, 17 ans, élève au cycle secondaire
Not Enough (c’est insuffisant), tel est le nom de mon projet d’entrepreneuriat social. A l’école, je faisais souvent de bonnes notes, mais à chaque fois, je me disais que je pouvais faire mieux. Or, je n’arrivais pas à fournir plus d’efforts. Ce sentiment m’a poussée à faire des recherches pour savoir si c’était normal de ressentir de l’insatisfaction après avoir fourni un travail ardu. Je suis tombée sur des exemples de célébrités qui avaient elles aussi ressenti un tel sentiment, à l’exemple de Jonghyun, chanteur coréen, qui a rédigé une lettre avant de se donner la mort, disant qu’il ne supportait plus d’être obsédé par ce sentiment d’insatisfaction. J’ai alors réalisé un sondage via un questionnaire en ligne parmi un échantillon d’élèves de mon école pour savoir si d’autres ressentaient la même chose. Sur un total de 55 filles ayant rempli le questionnaire, 90,7% disaient ressentir de l’insatisfaction. Cela m’a décidé à créer des groupes de discussions et de soutien mutuel pour échanger nos expériences et chercher comment vaincre ce sentiment, qui peut être destructif et empêcher les jeunes d’avancer et de progresser.
3e place : Hana Moetaz, 20 ans, étudiante en troisième année de mass communication
25 % des femmes détenues en Egypte sont des gharémat (femmes endettées), d’après les statistiques du ministère de l’Intérieur. Mon projet est de donner à ces femmes une source de revenu rentable. Des proches travaillant à la douane de Port-Saïd m’ont aidée à acheter des ballots de vêtements usagés. Valoriser des vêtements usagés est possible, il suffit d’avoir de bonnes idées, et c’est le cas de ces femmes. Un processus de lavage et de repassage est nécessaire pour redonner de l’éclat aux tissus avant de les transformer en nouveaux modèles. J’avais fait un essai en collaboration avec une gharéma, en lui donnant un vieux tailleur qu’elle a transformé en robe de soirée. J’ai porté celle-ci durant le Festival international du cinéma du Caire, auquel j’ai assisté en tant que bénévole en relations publiques. Lors de la cérémonie de clôture, les jeunes comédiennes se sont intéressées au dossier des gharémat. Les actrices Arwa Gouda et Nelly Karim ont promis d’en parler sur les réseaux sociaux en insistant sur la nécessité d’aider ces femmes afin de leur permettre de vivre avec leurs enfants. Sauver une femme, c’est sauver toute une famille.
4e place : Farida Krouche, 19 ans, deuxième année en business informatique
« In my Shoes » est une expression qui signifie « être à la bonne place ». C’est-à-dire tester ses compétences pour pouvoir choisir un métier adapté à ses aspirations avant de se diriger vers un travail donné. Dès le cycle secondaire, les élèves doivent faire des choix qui influeront sur leur cheminement scolaire en optant pour une faculté. Mon projet consiste à placer l’élève du secondaire dans un milieu de travail réel durant un jour ou deux, avec le même horaire que les salariés. Cela lui permet d’accomplir certaines tâches et d’évaluer ses compétences. Je pense que faire un métier qu’on aime présente plusieurs avantages, surtout celui de se sentir bien dans sa peau tout en progressant. En 2015, je suis allée aux Etats-Unis grâce à une bourse de Job Shadowing (programme d’observation au poste du travail) octroyée par l’ambassade américaine. Ce voyage a été la source d’inspiration de mon projet. A l’époque, mon rêve était de devenir présentatrice de radio, mais en m’y exerçant, j’ai senti que cela ne me convenait pas. J’ai donc choisi un nouveau domaine, celui du business informatique, pour devenir gestionnaire de données. Il s’agit d’une nouvelle branche qui n’est pas encore très répandue en Egypte, mais j’aime relever les défis et prouver que je suis capable d’accomplir les missions les plus difficiles. Le groupe cible de mon projet, ce sont les jeunes de 15 à 18 ans. Je compte sélectionner les élèves et coordonner les stages avec les entreprises avant les vacances d’été.
5e place : Alyaa Riyad, 20 ans, étudiante en troisième année de mass communication
J’ai fait du bénévolat à Caritas pendant cinq ans, et dans le cadre de ces activités, j’ai compris que dans le monde des affaires, il est essentiel de savoir comment gérer son budget et éviter les découverts. Je compte lancer mon projet de fabrication de khôl à base de composants naturels que l’on peut trouver chez les herboristes avec 2 femmes natives de la ville de Noubariya (gouvernorat de Béheira). Je veux encourager les femmes à se lancer dans de tels projets, car aujourd’hui, les jeunes filles ont tendance à utiliser des produits cosmétiques naturels, sachant que les marques de maquillage vendues dans les boutiques sont trop chères pour elles. Je vais suivre le processus de fabrication et contrôler la qualité du produit avant de le mettre en vente, et ce, en faisant appel à un expert.
6e place : Yasmine Ahmad, 20 ans, en troisième année de mass communication
J’ai été témoin de la maladie du père d’une amie, qui est décédé suite à un cancer. Après son décès, il restait un grand nombre de médicaments non périmés. J’ai décidé de créer une application nommée Dawaëi (mon médicament) pour permettre à ceux qui ont des médicaments non périmés à la maison de les envoyer aux associations caritatives et aux hôpitaux publics, afin d’aider les personnes dans le besoin et d’éviter le gaspillage. D’après l’organisation Al-Dawaë lil Gamie (le médicament pour tous), la valeur des médicaments gaspillés est d’un milliard de L.E. par an, ce qui m’a décidé à soutenir la distribution de médicaments non utilisés aux malades qui n’en ont pas les moyens. Les gens passent beaucoup de temps sur leur portable. Il leur suffit d’ouvrir cette application, d’inscrire le nom des médicaments, leur numéro de téléphone et un lieu pour qu’un bénévole se déplace pour les récupérer. J’espère que les pharmacies possédant des antennes à travers tout le pays collaboreront pour aider le plus grand nombre de malades.
Entrepreneuses en herbe
Parmi la soixantaine de jeunes filles venant de 14 gouvernorats qui ont participé au concours, il y a eu 6 gagnantes. Selon Ioanna Moriatis, porte-parole de l’organisation Ashoka, le concours s’est déroulé en 3 étapes et sur une durée de 5 mois. La première étape était consacrée à la présentation des idées de projets en vue d’identifier les potentiels obstacles et de préciser le public ciblé. Au fil des mois, le nombre de participantes s’est restreint, seules 30 ayant été retenues pour rester dans la course. Les 6 projets primés au final l’ont emporté parce qu’ils touchent de près à la vie quotidienne et sont faciles à mettre en oeuvre.
« Nous avons lancé cette expérience avec de jeunes filles âgées entre 16 et 21 ans afin de savoir si les jeunes sont capables d’assimiler les notions d’entrepreneuriat », précise Iman Bibars, directrice régionale de l’organisation Ashoka en Egypte et vice-présidente au niveau international. Elle a promis d’organiser la même compétition dans 11 autres pays arabes membres d’Ashoka. D’après les arbitres chargés d’évaluer les projets, les filles sélectionnées ont prouvé qu’elles étaient capables d’avoir de l’impact grâce à leurs idées créatives.
Elisabeth White, directrice du British Council, et Uday Thakkar, directeur et fondateur de Red Ochre, ont eux aussi été impressionnés par les filles et sont persuadés que celles-ci ont le potentiel de devenir des leaders au sein de leur société. Le programme Developing Inclusive and Creative Economies (DICE, développement d’économies inclusives et créatives) du British Council a offert une somme de 30000 L.E. à chacune des 3 premières gagnantes et 15 000 L.E. aux 3 suivantes. Les lauréates bénéficieront par ailleurs du soutien d’Ashoka pour mettre en oeuvre leur projet sur le terrain
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