Al-Ahram Hebdo : Le volet secours a-t-il tendance à prendre davantage d’ampleur dans l’action des humanitaires ?
Mohamed Al-Deiry : Evidemment. Il s’agit là d’un secteur qui doit être porté sur la liste des priorités des actions humanitaires. Les chiffres le prouvent : environ 6 millions de civils sont exposés quotidiennement à des dangers dus aux guerres ou à l’insécurité en général. Les déplacés iraqiens, à l’intérieur d’Iraq, ont atteint 1,2 million de personnes et le nombre de déplacés syriens, à l’intérieur de Syrie, 4 millions. De plus, on compte 1,6 million de réfugiés syriens dans les pays voisins, dont le Kurdistan et l’Egypte.
faut distinguer entre le rôle des secouristes et celui des activistes dans le domaine des droits de l'homme.
Au Yémen, près de 13 millions de citoyens n’ont pas accès à l’eau potable, 85 % manquent de nourriture et l’on compte 385 000 déplacés. Sur la Corne africaine, on dénombre 237 000 réfugiés. La liste est longue …
— Quelles sont les difficultés qui entravent l’aide aux réfugiés du Haut Commissariat de l’Onu ?
— Il arrive parfois que les médias rendent plus difficile notre travail. Pour les journalistes, c’est le scoop qui compte. Ils veulent nous impliquer dans les problèmes politiques alors que nous, nous essayons de garder de bonnes relations avec le régime au pouvoir, et ce, dans l’intérêt des réfugiés. Il est vrai que l’on doit dire la vérité, mais il faut aussi être diplomate et prendre en considération qu’il existe des personnes dont la vie peut dépendre de notre implication en politique.
— Ne pensez-vous pas que les médias puissent jouer un rôle positif dans vos missions humanitaires ?
— Je pense que les médias doivent respecter la confidentialité des informations pour que nous puissions venir en aide à toutes ces personnes en détresse. Il est vrai que nous devons entretenir de bonnes relations sur le long terme avec les médias, mais ceci doit être basé sur le respect mutuel du rôle de chacun. Il faut que ce secteur réalise que notre mission est de porter secours aux sinistrés. Ils ne doivent pas nous pousser à défendre les droits de l’homme, car nous ne sommes au final que de simples secouristes.
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