Al-Ahram Hebdo : Les activités d’été peuvent-elles forger la personnalité des enfants ?
Nihal Lotfy : Sans aucun doute. Quand le psychologue américain Howard Gardner a publié en 2011 son livre Frames of Mind, The Theory of Multiple Intelligence, il a indiqué les procédés pour développer les différentes formes d’intelligence. Son ouvrage parle de sa théorie sur les intelligences multiples. Ce livre est devenu un best-seller et sert de guide dans les milieux éducatifs. Dans ces ateliers d’été, l’enfant peut apprendre la musique et le dessin selon des méthodes non classiques. Quand on utilise des procédés d’apprentissage insolites cela peut, d’une part, renforcer le processus éducatif et rendre les bases de la connaissance plus solides et plus durables chez l’enfant. D’autre part, l’apprentissage à travers les émotions est devenu une tendance en vogue depuis les années 2000. Ce concept est utilisé aujourd’hui dans ces ateliers d’apprentissage afin de développer les talents des enfants dans divers domaines. De nouvelles théories assurent que les émotions positives peuvent être un moyen d’apprentissage offrant aux enfants une expérience durable.
— Pour le choix de l’atelier qui convient à l’enfant, comment la famille doit-elle procéder ?
— Il n’existe pas d’éléments-clés pour évaluer l’utilité d’un atelier, il faut plutôt s’appuyer sur certains critères. Tenir compte du choix de l’enfant est important. Par exemple, on ne doit pas inscrire un enfant à un atelier de dessin alors qu’il n’est ni intéressé ni doué pour ça. La famille doit connaître les aptitudes de l’enfant dans tel ou tel domaine pour développer ses talents. Par ailleurs, l’attitude de l’instructeur a une grande importance. Il doit être créatif et avoir le sens de l’humour pour attirer l’attention de l’enfant. Les compétences pédagogiques de l’instructeur sont aussi importantes que le programme que présente l’atelier.
— Ces ateliers ne sont pas souvent gratuits et sont destinés aux enfants de la classe moyenne et aisée. Comment les enfants des familles pauvres, qui représentent la majorité de la population égyptienne, peuvent-ils accéder à ce genre de service ?
— C’est à l’Etat de prendre la décision. Du temps de Nasser, le gouvernement avait décidé de consacrer une partie du terrain du club Guézira pour installer un centre de jeunesse où les enfants des familles pauvres pouvaient pratiquer le sport gratuitement. Aujourd’hui, face à l’expansion urbaine, il n’est plus possible, comme autrefois, de disposer d’endroits où les enfants des quartiers pauvres peuvent pratiquer le sport. Dans certains gouvernorats comme Ismaïliya, il existe encore des terrains de foot entre les immeubles. En fait, le sport n’est pas le seul domaine où l’Etat doit intervenir, il y a aussi la culture et l’art. La société civile doit y contribuer en devenant partenaire.
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