Al-Ahram Hebdo : Pourquoi les apprentis artisans ont-ils quitté le secteur de l’artisanat ?
Hicham Al-Gazzar : Le domaine de l’artisanat est étroitement lié au tourisme. Ces deux secteurs ont été déstabilisés après la révolution de 2011. De nombreux bazars ont cessé leurs activités à Assouan, Louqsor, Hurghada et Charm Al-Cheikh. Par la suite, les ateliers artisanaux ont connu une diminution de la main-d’oeuvre en raison du manque d’artisans. Ces derniers sont partis à la recherche d’un gagne-pain plus fructueux. Le chauffeur de tok-tok n’a pas besoin de formation et peut gagner plus de 100 L.E. par jour. Il n’est pas obligé d’être ponctuel au travail ou de déployer des efforts comme c’est le cas dans l’artisanat. En plus, la nouvelle génération a constaté que les parents qui ont travaillé comme artisans n’ont jamais gagné suffisamment d’argent et sont restés pauvres.
— A votre avis, comment faire face à ce manque d’artisans ?
— La Chambre égyptienne des industries et le Conseil égyptien de l’exportation d’artisanat ont ouvert des marchés à l’étranger pour écouler les produits artisanaux. Des stages d’apprentissage sont organisés pour développer cette production artisanale et avoir des articles compatibles aux demandes des marchés internationaux. De même, nous travaillons sur la formation technique des artisans dans différents gouvernorats, afin de développer leurs compétences et donc d’augmenter leurs revenus. De telles initiatives peuvent motiver les jeunes à exercer des métiers dans l’artisanat, sachant qu’ils pourront être bien payés et que leur production va être exportée et vendue à l’étranger, ce qui va les inciter à travailler dans ce domaine.
— Qu’est-ce qui peut garantir le retour des apprentis dans le secteur de l’artisanat ?
— Développer l’enseignement technique et lui donner davantage de prestige sont une priorité. C’est-à-dire que l’enseignement technique ne doit pas être suivi que par les élèves qui ont de mauvais résultats scolaires. Car le métier d’artisan est d’une grande importance et demande de la dextérité. De même, il a de la valeur, en Egypte comme ailleurs. Le diplôme d’enseignement technique doit avoir autant d’importance qu’un diplôme universitaire.
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