Le tabagisme est le principal facteur de risque de développer un cancer du poumon.
Lors de la plus grande conférence annuelle de spécialistes du cancer, organisée à Chicago par la Société américaine d’oncologie clinique (ASCO), le laboratoire pharmaceutique britannique AstraZeneca, l’un des premiers à mettre sur le marché un vaccin contre le Covid-19, a présenté l’Osimertinib (commercialisé sous le nom de Tagrisso), un traitement qui vise un type particulier de cancer du poumon.
Pris quotidiennement après une opération chirurgicale pour enlever la tumeur, ce comprimé a démontré une capacité à réduire de moitié le risque de décès chez les patients atteints d’un cancer dit « non à petites cellules » et présentant un type particulier de mutation, selon les résultats « impressionnants » d’un essai clinique présentés le 4 juin.
Ces mutations (sur ce qui est appelé le récepteur du facteur de croissance épidermique, ou récepteur de l’EGF) concernent 10 à 25 % des patients atteints d’un cancer du poumon aux Etats-Unis et en Europe et 30 à 40 % en Asie.
L’essai clinique comprenait quelque 680 participants à un stade précoce de la maladie (stades 1b à 3a), dans plus d’une vingtaine de pays. Ils devaient avoir été d’abord opérés pour enlever la tumeur, puis la moitié des patients a pris le traitement quotidiennement et l’autre un placebo. Résultat : la prise du comprimé a entraîné une réduction de 51 % du risque de décès pour les patients traités, comparé au placebo. Au bout de cinq années, 88 % des patients ayant pris le traitement étaient toujours vivants, contre 78 % des patients ayant pris le placebo.
Ces données sont « impressionnantes », a déclaré Roy Herbst, de l’Université Yale, qui les a présentées à Chicago. Le médicament permet d’empêcher la maladie de se propager au cerveau, au foie et aux os, a-t-il ajouté. Environ un tiers des cas de cancers « non à petites cellules » peuvent être opérés lorsqu’ils sont détectés, a-t-il précisé. « Nous sommes entrés dans l’aire des thérapies personnalisées pour les patients de stade précoce et nous devrions fermer la porte à un traitement indifférencié pour tous, à savoir la chimiothérapie », a déclaré à son tour Nathan Pennell, de la Cleveland Clinic Foundation. « Cela devrait changer les pratiques, et entraîner un besoin de tests systématiques de la mutation (EGFR) », a jugé quant à elle Muriel Dahan, directrice de la recherche et du développement d’Unicancer, la fédération française des centres anti-cancer.
L’Osimertinib est déjà autorisé dans des dizaines de pays et a déjà été donné à quelque 700 000 personnes. Son autorisation aux Etats-Unis en 2020 s’appuyait sur de précédentes données ayant montré une amélioration de la survie des patients sans récidive. Mais tous les médecins n’ont pas encore adopté le traitement et attendaient les données concernant la survie globale, qui viennent d’être présentées.
AstraZeneca s’attend également à fournir des détails sur l’impact de la combinaison de Tagrisso avec la chimiothérapie chez les patients à un stade avancé de ce type de cancer du poumon.
2,2 millions de cas en 2020
Le cancer du poumon peut se propager aux ganglions lymphatiques ou à d’autres organes du corps, comme le cerveau. Il comprend généralement deux types principaux appelés à petites cellules et — le plus fréquent — non à petites cellules, qui se développent et sont traités différemment.
Le cancer du poumon demeure la cause la plus fréquente de décès par cancer dans le monde. D’après le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), sur les 2,2 millions de cas de cancer du poumon diagnostiqués en 2020, 1,8 million sont décédés, soit près du double du nombre de décès par cancer colorectal, qui vient au deuxième rang en termes de létalité. La plupart des cas et des décès surviennent en Asie, suivie de l’Europe.
Le principal facteur de risque de développer un cancer du poumon reste le tabagisme. D’autres causes courantes comprennent l’exposition à la pollution de l’air, les gaz d’échappement des moteurs diesel, les fumées de soudage et l’amiante.
Actuellement, les chercheurs du CIRC travaillent sur un certain nombre de projets pour améliorer la détection précoce du cancer du poumon, identifier les individus et les groupes les plus à risque, en étudier les sous-types rares et améliorer la survie des patients sous traitement.
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