Longtemps mortel, le VIH est devenu une maladie chronique après l’arrivée des trithérapies au milieu des années 1990. Un événement majeur se tient fin janvier 1996, avec la conférence internationale sur les rétrovirus à Washington. Les résultats positifs de plusieurs essais menés par des laboratoires sont alors présentés. C’est l’arrivée d’une nouvelle classe de médicaments, les antiprotéases, des molécules qui bloquent la maturation de nouvelles protéines du virus. Ces molécules, combinées à d’autres antirétroviraux, vont totalement changer la donne. D’abord très onéreuses et réservées aux pays riches, ces multithérapies sont devenues plus abordables grâce à un compromis signé en 2001 à l’Organisation mondiale du commerce pour permettre aux pays en développement de fabriquer des médicaments génériques.
Il y a maintenant 5 grands types de médicaments antirétroviraux, qui vont agir à différentes étapes de la réplication du virus. Le 16 juillet 2012, un premier traitement préventif dit PrEP (prophylaxie préexposition), le cocktail antirétroviral Truvada, est autorisé aux Etats- Unis. Depuis, ce type de traitement a prouvé son efficacité et a permis à des personnes à risque de se protéger en prenant un comprimé à titre préventif. De plus en plus, des travaux sont menés pour rendre le traitement beaucoup moins lourd, avec des prises moins régulières.
Puissante mutation
Toute la difficulté réside dans le fait que le VIH a une puissante capacité de mutation et d’innombrables sous-variants, ce qui lui permet d’échapper au système immunitaire. Il peut en outre devenir invisible, se cachant dans des réservoirs, avant de réapparaître des années plus tard. Jusqu’ici, toutes les tentatives de vaccins se sont soldées par des échecs. Il y a cependant une nouvelle piste : l’induction de « supers anticorps » chez la personne par un vaccin visant à la protéger de l’infection. « C’est l’espoir principal », explique le chercheur Victor Appay, immunologiste et directeur de recherche à l’Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm). « Beaucoup de recherches sont faites pour générer des anticorps à large spectre, qui vont cibler le plus grand nombre de souches du VIH », dit-il.
Pour la virologue française Françoise Barré-Sinoussi, qui a reçu le prix Nobel de médecine en 1983 avec son collègue Luc Montagnier pour leur découverte du rétrovirus responsable du sida, l’éradication de la maladie pourra se faire à travers les traitements. « Si on arrive à traiter 100 % des personnes infectées, elles ne développeront plus le sida », ditelle. Car plus on est traité vite, plus l’espérance de vie est la même que celle d’une personne non infectée par le VIH, et moins on contamine les autres. « Mais le message n’est visiblement pas très bien passé », constate-t-elle. Un quart des personnes qui vivent avec le VIH n’ont toujours pas accès aux traitements pour différentes raisons, y compris le fait que le dépistage est insuffisant. « La stigmatisation et la discrimination restent présentes et peuvent constituer des freins au dépistage », regrette la chercheuse.
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