La saisie d’un laboratoire à Khartoum pourrait représenter un risque pour la santé publique.
L’organisation Mondiale de la Santé (OMS) s’est dite « préoccupée par l’occupation du laboratoire central de santé publique par l’une des parties en conflit au Soudan », a déclaré le directeur général de l’agence onusienne, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Les techniciens n’ont plus accès au laboratoire, ce qui signifie que le laboratoire n’est plus en mesure de remplir sa fonction normale de diagnostic et de référence. Nous craignons également que les personnes qui occupent le laboratoire ne soient accidentellement exposées aux agents pathogènes qui y sont stockés », a-t-il dit. De son côté, le Dr Michael Ryan, chargé du Programme de l’OMS de gestion des situations d’urgence sanitaire, a précisé que « l’équipe sur le terrain, ainsi que nos équipes chargées des risques biologiques et de la biosécurité, procèdent à une évaluation approfondie des risques » afin de déterminer si la saisie de ces agents pathogènes représente un risque pour la santé publique.
Le Comité central des laboratoires médicaux du Soudan avait confirmé que le laboratoire national de santé et la Banque du sang avaient été évacués et que les stocks stratégiques de sang avaient été transférés dans d’autres provinces. « Leur prise pour cible pourrait conduire à une catastrophe sanitaire et environnementale aux conséquences inimaginables », a indiqué le comité dans un communiqué. Le Dr Olivier Le Poulain, un des responsables de la réponse de l’OMS à la crise soudanaise, a expliqué que ce laboratoire contenait des échantillons d’agents pathogènes de la rougeole, du choléra et de la poliomyélite et qu’il y avait également des échantillons du SARSCoV- 2 (le virus responsable du Covid-19) et de la tuberculose, en particulier de la tuberculose multirésistante.
Epidémies
La prise de ce laboratoire n’est pas le seul risque sanitaire auquel le Soudan fait face actuellement. A Khartoum, a relevé le Dr Tedros, 61 % des établissements de santé sont fermés et seuls 16 % fonctionnent normalement. « De nombreux patients atteints de maladies chroniques, telles que les maladies rénales, le diabète et le cancer, n’ont pas accès aux établissements de santé ou aux médicaments dont ils ont besoin », a-t-il dit. Il a souligné que l’OMS s’attend à ce qu’il y ait — en plus des personnes tuées durant les affrontements —« beaucoup d’autres morts causées par des épidémies, le manque d’accès à la nourriture et à l’eau, les perturbations des services de santé, y compris de vaccination ». L’OMS estime qu’un quart des vies perdues jusqu’à présent auraient pu être sauvées avec l’accès aux outils de contrôle des hémorragies. Mais les ambulanciers paramédicaux, les infirmières et les médecins ne peuvent pas accéder aux civils blessés, et les civils ne peuvent pas accéder aux services.
L’OMS dispose de stocks de médicaments essentiels, de poches de sang et de matériel chirurgical, mais l’organisation indique avoir besoin de meilleures conditions de sécurité pour pouvoir les achemine.
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