Al-Ahram Hebdo : Pouvezvous nous parler des avantages du jeûne intermittent ?
Pr Dr Tarek Abdel Barr : Le jeûne intermittent a pour but principal la perte de poids, mais il a d’autres avantages, il permet de maîtriser son taux de cholestérol, de maintenir une pression artérielle normale et de réguler sa glycémie, notamment pour les personnes pré-diabétiques.
Le jeûne intermittent fait aussi perdre la graisse corporelle, notamment la graisse viscérale qui se loge dans la cavité abdominale et entre nos organes : intestins, foie, estomac, et qui, à la différence de la graisse sous-cutanée, secrète des substances chimiques appelées cytokines, qui causent des micro-inflammations, de quoi augmenter la pression artérielle, les taux de cholestérol et les risques de maladies cardiaques et de diabète. De manière générale, quand on jeûne, on est en forme, le jeûne intermittent améliore aussi les fonctions corporelles et cérébrales.
— Y a-t-il des gens pour qui le jeûne est à déconseiller ?
— Le jeûne intermittent est à déconseiller aux personnes âgées au-dessus de 70 ans et aux enfants et adolescents de moins de 18 ans, ainsi qu’aux diabétiques et ceux qui ont des maladies cardiaques, rénales ou hépatiques. Les femmes enceintes et allaitantes, les personnes qui souffrent d’une hypotension et celles qui sont sous traitement anticoagulant sont autant de catégories pour qui le jeûne n’est en principe pas conseillé. Il faut aussi prendre l’âge en considération. En règle générale, plus on vieillit, plus le nombre d’heures de jeûne recommandé diminue. Cela dit, en consultation, le médecin-diététicien peut évaluer la situation de chaque individu, peser les risques et bénéfices et lui conseiller ensuite de jeûner ou pas, ou alors lui prescrire un régime de jeûne sur mesure.
— Comment savoir à quelle catégorie on appartient ?
— Avant de commencer, il faut faire un check-up pour voir notamment le taux de glycémie et de cholestérol. Et si on est un bon candidat, un suivi tous les mois ou tous les deux mois tout au plus est recommandé pour faire le point avec le diététicien.
— On a tendance à croire qu’à la différence des autres diètes, le jeûne intermittent est une licence de manger tout et n’importe quoi une fois rompu. Est-ce vrai ?
— Absolument pas. L’idéal pour ceux qui pratiquent le jeûne intermittent, c’est de prendre un repas léger à midi, le déjeuner dans l’après-midi et un repas léger le soir. Le jeûne intermittent doit s’accompagner d’un mode de vie sain, ceci implique une nourriture saine et équilibrée, une bonne habitude de sommeil et la pratique d’un sport comme la natation, le vélo, le jogging. Beaucoup de gens oublient le sommeil et le sport, malgré leurs effets anti-âge. Le sommeil est aussi important parce qu’il régule les hormones de satiété, ce qui aide à perdre du poids, alors que le sport est le meilleur rempart contre le regain de poids.
— Du coup, comment observer ce mode de vie sain durant le mois du Ramadan ?
— Par définition, le jeûne intermittent consiste à s’abstenir de manger pendant un certain temps, soit entre 12 et 18 heures, le jeûne du Ramadan est donc un jeûne intermittent, puisqu’il s’étale sur environ 14 heures. Pour le jeûne du Ramadan, l’iftar est l’équivalent du petit-déjeuner, il faut rompre le jeûne par un repas léger, ensuite attendre deux ou trois heures avant de prendre le repas principal, et se contenter d’un plat léger au sohour. Le problème avec le jeûne, que ce soit le jeûne du Ramadan ou le jeûne intermittent, c’est l’abus des desserts et des sucreries.
— Le mois du Ramadan peut-il offrir l’occasion à ceux qui veulent s’adonner au jeûne intermittent avant de perdre l’élan ?
— Bien sûr ce sera plus facile après le Ramadan, puisque les gens jeûnaient déjà 14 ou 15 heures. Mais, là aussi, j’insiste, il n’y a pas de consignes générales à donner. Il faut rappeler que le jeûne intermittent est un régime personnalisé et adapté au cas par cas.
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