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Grippe aviaire : L’OMS exprime sa préoccupation

Chérif Albert, Dimanche, 05 mars 2023

L’Organisation mondiale de la santé évoque une « situation préoccupante » quant à l’épidémie de grippe aviaire, même si rien ne prouve encore une transmission entre humains.

Grippe aviaire : L’OMS exprime sa préoccupation

Alors que la maladie fait ravage depuis des mois en Europe et en Amérique latine où des millions de volailles sont abattues, l’apparition au Cambodge d’un deuxième cas de contamination humaine au virus H5N1 a tiré une sonnette d’alarme. La semaine dernière, les autorités sanitaires du Cambodge ont signalé le décès d’une fille de 11 ans dont le père avait, à son tour, été testé positif au virus H5N1. Cette situation ouvre l’hypothèse que le virus puisse se transmettre d’un humain à l’autre, ce qui explique pourquoi l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) regarde de très près la situation locale en essayant de déterminer l’origine des cas humains. Mais, « pour le moment, il est trop tôt pour savoir s’il s’agit d’une transmission entre humains ou si c’est lié à une exposition commune au même environnement », a expliqué l’épidémiologiste Sylvie Briand, chargée de la prévention des pandémies au sein de l’OMS.

Il ne s’agit, en effet, pas des premiers cas de grippe aviaire H5N1 chez l’humain. L’OMS en a recensé un peu moins de 900 depuis 20 ans et ils sont généralement provoqués par une transmission directe depuis un oiseau. Une nouvelle souche du virus H5N1, le clade 2.3.4.4b, est apparue en 2020 et a causé un nombre record de décès chez les oiseaux sauvages et les volailles domestiques. Le virus a également infecté des mammifères allant des renards et des grizzlis aux phoques et aux lions de mer, probablement en se nourrissant d’oiseaux malades.

Depuis la fin 2021, l’Europe est aux prises avec sa pire épizootie de grippe aviaire. 29 pays européens ont détecté la grippe aviaire sur leur sol depuis le 1er août 2022, relève la plateforme française d’épidémiosurveillance en santé animale (ESA). D’octobre 2021 à septembre 2022, plus de 50 millions de volailles ont été euthanasiées dans les élevages européens infectés, selon les autorités sanitaires européennes. Durant le mois écoulé, plus d’un million de volailles ont été euthanasiées en France (pays qui compte le plus de foyers en élevage en Europe), ce qui porte le bilan à 4,6 millions depuis l’été. En Amérique du Sud, des cas de grippe aviaire ont été récemment détectés au Pérou, en Equateur, en Bolivie, au Chili, au Paraguay, en Argentine et en Uruguay. Au Brésil, premier exportateur mondial de volaille, il n’y a toujours pas de cas confirmés.


Dans les zones protégées du Pérou, la grippe aviaire tue des lions de mer et des milliers de pélicans.

Antiviraux et vaccins

Cependant, contrairement aux éclosions antérieures de H5N1, ce sous-type ne cause pas de maladie grave chez les humains. Jusqu’à présent, seulement une demi-douzaine de cas, bénins pour la plupart, ont été signalés à l’OMS chez des personnes qui ont été en contact étroit avec des oiseaux infectés. Les experts ont suggéré que le virus devrait muter pour que la transmission humaine se produise.

L’OMS n’a donc pas changé, pour le moment, le degré de risque représenté, selon elle, pour l’homme par l’épidémie de grippe aviaire. Elle le juge toujours bas. Pour autant, « l’OMS prend au sérieux le risque lié à ce virus et appelle tous les pays à une vigilance accrue », a déclaré Mme Briand. L’OMS a déclaré par ailleurs qu’elle intensifiait malgré tout ses efforts de préparation et a noté qu’il y avait des antiviraux disponibles, ainsi que 20 vaccins pandémiques homologués au cas où la situation changerait, bien qu’ils devraient être mis à jour pour correspondre plus étroitement à la souche H5N1 en circulation. Cela pourrait prendre quatre à cinq mois, a déclaré Richard Webby, directeur du Centre de collaboration de l’OMS pour les études sur l’écologie de la grippe chez les animaux et les oiseaux à l’hôpital St. Jude, ajoutant que certains vaccins stockés seraient disponibles entre-temps. Les laboratoires affiliés à l’OMS détiennent déjà deux souches de virus de la grippe qui sont étroitement liées au virus H5N1 en circulation, que les fabricants peuvent utiliser pour développer de nouveaux vaccins si nécessaire. Une réunion mondiale d’experts de la grippe cette semaine a suggéré de développer une autre souche qui correspond plus étroitement au clade 2.3.4.4b du H5N1.

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