Le cancer est un fléau vieux comme la vie, mais les progrès de la recherche ont permis de mieux comprendre cette maladie, cause de près de 10 millions de morts par an dans le monde. On sait désormais que pour un même organe, il n’y a pas « un », mais « des » cancers. Et que pour un même type de cancer, il peut exister différentes tumeurs. Il existe par exemple trois grands types de cancers du sein, qui ne sont pas réceptifs aux mêmes traitements.
Auparavant, la chimiothérapie était souvent le seul traitement proposé. Or, en visant à éliminer les cellules cancéreuses, peu importe leur localisation dans le corps humain, elle pouvait entraîner des effets secondaires.
Dans les années 2000, une compréhension biologique de la maladie a permis l’émergence de thérapies ciblées, visant une mutation génétique spécifique. Depuis une dizaine d’années, c’est l’immunothérapie qui est apparue comme le plus important progrès de la cancérologie. Le principe : le patient devient son propre médicament. A l’inverse des chimiothérapies, on ne cible plus les cellules cancéreuses elles-mêmes, mais les cellules immunitaires qui les entourent, afin de les activer. Reboostées, ce sont ces dernières qui détruisent les cellules tumorales.
Cette découverte a valu en 2018 le Nobel de physiologie et de médecine à James Allison, de l’Université de Texas, et Tasuku Honjo, de l’Université de Kyoto.
Pour certains cancers, cette découverte a été majeure. Par exemple, avant 2010, le taux de survie des patients atteints d’un mélanome (le cancer de la peau le plus grave) métastatique était très faible. Grâce à l’immunothérapie, l’espérance de vie a gagné jusqu’à dix ans, contre quelques mois auparavant. Mais toutes les tumeurs ne répondent pas à ce traitement, qui peut aussi provoquer des effets secondaires.
Autre pilier sur lequel s’appuyer : le développement de l’Intelligence Artificielle (IA), qui permet déjà une meilleure définition du pronostic du cancer. Le cancer du sein a été pionnier pour l’utilisation de l’IA (lors de l’interprétation des images radiographiques), qui doit maintenant profiter à d’autres cancers.
Une simple prise de sang
Un autre espoir réside dans la capacité à détecter très précocement une tumeur dans l’organisme : la « biopsie liquide ». Il s’agit d’une simple prise de sang pour repérer très précocement dans le sang d’un malade des fragments d’ADN de la tumeur ou des cellules cancéreuses.
Cette technique présente des avantages considérables, elle est notamment beaucoup moins invasive qu’une biopsie classique, qui prélève des tissus de l’organisme. Pour certains cancers comme ceux du poumon, où les tumeurs sont souvent difficiles d’accès, il s’agit d’une réelle avancée.
La biopsie liquide recèle surtout des informations très précises sur le cancer d’un patient en détectant des mutations pour certains types de cancers, et adapte ainsi les traitements en conséquence. A l’avenir, l’analyse du sang d’un malade pourra, dans de nombreux cas, permettre d’administrer des traitements moins lourds ou moins longs, mais aussi détecter d’éventuelles récidives.
Plusieurs équipes et biotechs y travaillent dans le monde. L’idée : pouvoir déceler une tumeur chez un individu en prélevant son sang, avant même que n’apparaissent des symptômes ou qu’elle ne soit visible sur une radio.
Récemment, les résultats d’une étude de la biotech américaine Grail ont été particulièrement remarqués. Dans leur essai, une prise de sang a permis de détecter des cancers sur des individus de 50 ans et plus à priori sains. Plus de 6 600 personnes se sont soumises au test. Il y a eu une suspicion de cancer pour 92 d’entre eux. Au final, 35 ont effectivement eu un cancer confirmé dans l’année et 57 personnes ont donc cru à tort qu’elles en avaient un. Mais le test a permis de détecter 9 cancers qui n’auraient sans doute pas pu l’être par un dépistage classique précoce.
Le bilan est toutefois très mitigé, et il faudra probablement des années avant d’améliorer la fiabilité de ces tests, qui sont déjà commercialisés aux Etats-Unis. Et, même fiables, ces tests poseront encore certaines questions, prévient François-Clément Bidard, oncologue à l’institut Curie (France). « L’une d’elles est le coût, ce type de séquençage étant extrêmement onéreux. Un autre sujet est l’éventuel sur-diagnostic induit par ces tests, car un certain nombre de cancers détectés ont, en fait, une évolution extrêmement lente et n’appellent pas nécessairement de traitement », explique-t-il. Il faudra aussi prouver que ces tests représentent un progrès notable par rapport à ceux qui sont en vigueur aujourd’hui.
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