L’explosion des cas de Covid-19 en Chine inquiète à l’étranger.
Depuis l’abandon brutal le mois dernier des dépistages à grande échelle de la population par des tests PCR, la Chine fait face à sa pire flambée de coronavirus. Mais le pays ne rapporte que très peu de décès liés au Covid-19, après un changement de méthodologie controversé. Désormais, seules les personnes décédées directement d’une insuffisance respiratoire liée au Covid sont comptabilisées dans les statistiques, une définition « trop étroite », selon l’OMS. Ainsi, seules 15 morts de ce type ont été rapportées dans le pays de 1,4 milliard d’habitants depuis la levée des restrictions le 7 décembre. De quoi susciter des doutes sur la capacité des chiffres officiels à refléter la réalité.
Quelques autorités locales ont commencé à publier des chiffres: c’est le cas de la province du Zhejiang (est), limitrophe de Shanghai, qui a évalué la semaine dernière qu’un million de nouveaux cas apparaissaient chaque jour. A Shanghai, l’épidémie « pourrait avoir touché 70 % de la population, soit 20 à 30 fois plus » que lors de la flambée précédente au printemps 2022, a déclaré Chen Erzhen, vice-président de l’hôpital Ruijin, à un blog affilié au Quotidien du peuple.
Difficile d’assembler toutes ces données partielles pour parvenir à une image complète de la situation nationale. Des chiffres qui ont fuité d’une réunion des autorités sanitaires le mois dernier évoquaient 250 millions de contagions sur les 20 premiers jours de décembre.
Les projections indépendantes sont pessimistes. Les chercheurs de l’Université de Hong Kong prédisent que près d’un million de Chinois pourraient mourir du virus cet hiver. La société britannique d’analyses médicales Airfinity, qui estime le nombre de décès quotidiens en Chine à 11 000 et les contagions à 1,8 million par jour, s’attend à 1,7 million de morts d’ici fin avril.
Nouveaux variants ?
De nombreux pays s’inquiètent de possibles nouveaux variants et imposent des tests aux voyageurs venant de Chine. D’autres, comme l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg, ont déconseillé à leurs citoyens les voyages non indispensables en Chine. Aucune nouvelle souche de Covid-19 n’a cependant été détectée jusqu’ici. Les récents échantillons apportés par Pékin « ressemblent tous fortement aux variants connus et circulant dans le monde entre juillet et décembre », selon la base de données mondiale Gisaid.
Le virologue Jin Don-yan, de l’Université de Hong Kong, a récemment estimé dans un podcast que la possibilité qu’un variant plus mortel émerge en Chine reste « très faible ».
« Nous continuons à demander à la Chine des données plus rapides, régulières et fiables sur les hospitalisations et les décès, ainsi qu’un séquençage du virus plus complet et en temps réel », a souligné le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. L’OMS a également réitéré son soutien aux tests Covid sur les voyageurs en provenance de Chine.
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