Le corps est plus apte à absorber les nutriments provenant des aliments que des suppléments. (Photo : Reuters)
La plupart des gens n’ont pas besoin de prendre des vitwamines ou des suppléments nutritionnels, car ils peuvent obtenir tous les nutriments dont ils ont besoin en mangeant sainement, souligne un article récent publié dans la revue JAMA Internal Medicine. Pour les personnes en bonne santé, les vitamines sont au mieux un gaspillage d’argent, au pire un risque de complications dues à un surdosage, soulignent ses auteurs. « Le problème est que le temps très limité que nous avons pour voir les patients ne nous permet pas de leur donner des conseils sur la bonne façon de réduire les risques cardiovasculaires, comme par l’exercice ou l’arrêt du tabac », a déclaré Dr Jeffrey Linder, chef de la médecine interne à la Northwestern University Feinberg School of Medicine et co-auteur de l’article de JAMA paru en juin dernier.
La consommation de fruits et de légumes est associée à une diminution des maladies cardiovasculaires et du risque de cancer, ont-ils déclaré. Il est donc raisonnable de penser que des vitamines et des minéraux essentiels pourraient être extraits des fruits et des légumes, conditionnés dans une pilule pour épargner aux gens la peine et les dépenses liées au maintien d’un régime équilibré. Mais, expliquent-ils, les personnes qui ont généralement une alimentation équilibrée reçoivent déjà les vitamines et les nutriments dont elles ont besoin, et le corps est généralement plus apte à absorber les nutriments provenant des aliments que des suppléments.
Linder a toutefois noté que les personnes souffrant d’une carence en vitamines peuvent toujours bénéficier de la prise de compléments alimentaires, tels que le calcium et la vitamine D, dont il a été démontré qu’ils préviennent les fractures et peut-être les chutes chez les personnes âgées.
Ces directives ne s’appliquent pas non plus aux femmes enceintes, souligne une co-auteure de l’article, Dre Natalie Cameron, instructrice de médecine interne générale à Feinberg. « Certaines vitamines, telles que l’acide folique, sont essentielles pour les femmes enceintes pour soutenir le développement sain du foetus. La façon la plus courante de répondre à ces besoins est de prendre une vitamine prénatale », dit-elle.
Cet article vient de confirmer la conclusion d’une étude parue 3 ans plus tôt dans la même revue, selon laquelle « les fabricants de ces produits annoncent souvent des avantages pour la santé tels qu’une meilleure capacité intellectuelle, une meilleure santé cardiaque et un système immunitaire plus fort et, pendant des années, les médecins ont recommandé certains suppléments tels que les huiles de poisson et les multivitamines. Cependant, la recherche médicale n’a pas tendance à étayer ces affirmations ». Cette étude s’attarde sur les effets nocifs que peuvent avoir ces produits consommés en dehors de toute surveillance médicale. « La plupart des vitamines et minéraux de base sont présumés sûrs aux doses recommandées, mais de mauvaises réactions sont possibles. De nombreux cas d’urgence sont liés à des suppléments nutritionnels, résultant souvent d’ingrédients toxiques tels que des métaux lourds, des stéroïdes et des stimulants », met-elle en garde.
Des risques pour la santé
Professeur de médecine interne à l’Université du Caire, Dr Mohamad Menessi, donne des exemples des risques de surdosage en vitamines. Par exemple, dit-il, un surdosage de la vitamine A peut causer une ostéoporose, une déformation du foetus dans le cas de femmes enceintes, une hausse de la pression cérébrale, une sécheresse de la cornée et parfois un cancer des poumons.
Alors qu’une surdose en vitamine E peut entraîner des troubles de coagulation, une hémorragie cérébrale ou des troubles cardiaques. Quant à la surdose de la vitamine D, elle peut entraîner un surplus de calcium dans l’organisme, ce qui provoque à son tour des troubles cardiaques, des calculs rénaux ou une constipation. Pour la vitamine B, enfin, une surdose peut provoquer des allergies cutanées et une insuffisance hépatique.
« Tous ces exemples montrent que la prise de vitamines doit être contrôlée par le médecin qui en détermine la dose et la durée », conseille-t-il. Il explique que le médecin prescrit des vitamines suite à un examen clinique et/ou des analyses pour déterminer la carence en vitamines.
Tout en insistant sur le fait qu’une personne qui ne souffre pas de maladies et qui adopte une alimentation saine et équilibrée n’a pas besoin de prendre des vitamines, Dr Mohamad Mansour, professeur de nutrition à l’Université du Caire, donne des exemples de cas pour qui la prise de vitamines et de suppléments est conseillée.
Il s’agit de certains malades chroniques, des femmes enceintes ou allaitantes, de certains adolescents durant la période de la puberté, ceux qui exercent un métier nécessitant des efforts physiques importants, ou pratiquent des sports violents, ainsi que ceux qui ont subi une sleeve gastrique (chirurgie bariatrique) pour réduire le volume de l’estomac.
Lien court: