L’organisation Mondiale de la Santé (OMS) a annoncé la semaine dernière avoir identifié 348 cas probables d’hépatite d’origine inconnue qui touche principalement des enfants jusqu’à 16 ans.
Le nombre de cas continue d’augmenter. La même semaine, 232 cas ont été signalés dans 14 pays européens, alors que les autorités sanitaires américaines enquêtaient sur 109 cas d’hépatites inexpliquées chez des enfants, dont 5 décès. Trois enfants sont par ailleurs décédés en Indonésie.
La cause de la maladie est encore inconnue. Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) travaille en étroite collaboration avec les pays touchés, l’OMS et d’autres parties prenantes pour étudier l’étiologie du syndrome clinique. Le coupable potentiel est principalement un adénovirus.
« La maladie est rare et les preuves d’une transmission interhumaine restent floues. Les cas sont presque entièrement sporadiques. Par conséquent, le risque pour la population pédiatrique européenne ne peut être évalué avec précision », déclare l’ECDC.
Selon l’OMS, ces cas d’hépatite ont été recensés dans 20 pays. Seuls six pays recensent plus de cinq cas, mais le Royaume-Uni a signalé à lui seul 160 malades.
« Des progrès importants ont été réalisés en ce qui concerne les investigations complémentaires et l’affinement des hypothèses de travail », a déclaré Philippa Easterbrook, du programme mondial de l’OMS sur l’hépatite.
La Grande-Bretagne a coordonné un ensemble d’études portant sur les gènes des enfants touchés, leur réponse immunitaire, les virus et d’autres études épidémiologiques, a-t-elle indiqué. Les autorités sanitaires britanniques ont en revanche écarté tout lien avec le vaccin contre le Sars-CoV-2, qui n’a été administré à aucun des cas confirmés au Royaume-Uni.
« A l’heure actuelle, les principales hypothèses restent celles qui impliquent l’adénovirus, en prenant également en considération de façon importante le rôle du Covid, soit en tant que co-infection, soit en tant qu’infection antérieure », a déclaré Philippa Easterbrook.
18 % des malades positifs au Covid-19
Des tests effectués la semaine dernière ont confirmé qu’environ 70 % des cas étaient positifs à l’adénovirus, le sous-type 41, normalement associé à la gastro-entérite, étant le plus répandu, a ajouté Philippa Easterbrook. Les adénovirus se propagent généralement par contact personnel, par les gouttelettes respiratoires et les surfaces. Ils sont connus pour provoquer des symptômes respiratoires, des conjonctivites ou des troubles digestifs.
Les tests ont également montré qu’environ 18% des malades étaient positifs au Covid-19. « La semaine prochaine, nous nous concentrerons sur les tests sérologiques pour les expositions et les infections antérieures au Covid », a déclaré Philippa Easterbrook.
Après la découverte des 169 premiers cas, l’OMS a indiqué que les habituels virus (A à E) de l’hépatite n’avaient été détectés chez aucun des enfants atteints. La plupart des malades ont présenté des symptômes gastro-intestinaux, notamment des douleurs abdominales, des diarrhées et des vomissements, ou encore une jaunisse. Certains cas ont provoqué une insuffisance hépatique et ont nécessité une transplantation.
Les médecins ne sont pas unanimes quant à l’explication de ce phénomène. Plusieurs hypothèses sont avancées en attendant les recherches qui ne font que commencer.
« Une réaction excessive du système immunitaire, appelée tempête immunitaire, se produit chez certaines personnes atteintes de coronavirus, elle peut affecter des organes tels que le pancréas, les reins, le foie entre autres », explique Dr Amgad Al-Haddad, chef du service d’allergie et d’immunologie au laboratoire Vacsera. Ceci explique, selon lui, que certains développent une hépatite après avoir contracté le Covid.
De son côté, le Dr Mohamad Ezz Al-Arab, professeur de médecine interne à l’Institut national du foie et des maladies infectieuses, ne pense pas que la tempête immunitaire soit le facteur principal, d’autant plus que, comme le souligne l’OMS, la majorité des enfants atteints n’ont pas contracté le Covid. Dr Ezz Al-Arab privilégie l’hypothèse selon laquelle un changement dans la séquence génétique du virus aurait augmenté sa capacité à infecter le foie.
Enfin, Dr Abdel-Gawad Hashem, ancien chef du service de microbiologie à la faculté de pharmacie de l’Université du Caire, est moins catégorique. Il explique qu’il pourrait s’agir d’une prédisposition génétique chez les personnes atteintes qui rend le virus plus agressif pour le foie. Un lien qui reste à établir par la recherche, dit-il.
Lorsque certains symptômes apparaissent, les parents doivent faire faire à leur enfant les analyses nécessaires. « L’enfant doit être gardé sous observation, de préférence à l’hôpital, jusqu’à ce que les enzymes hépatiques soient ramenées à des taux acceptables. Ensuite, un suivi médical est nécessaire. Dans les cas avancés, l’enfant aura besoin d’une greffe de foie », explique le spécialiste.
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